Conscience et Absolu – disciplines spirituelles et illusion

illusion Nisargadatta Maharaj

Visiteur : Est-ce que l’on ne devrait pas se débarrasser de toute connaissance?

Nisargadatta Maharaj : Il faut d’abord être allé au bout de la conscience, la connaître dans sa totalité; alors on voit qu’elle n’est pas la réalité, et elle devrait se dissiper. Vous avez assisté à ces entretiens; maintenant, asseyez-vous et méditez:  » Ce que je viens d’entendre, est-ce vrai oui ou non? ». Alors vous arriverez à la réalisation que ça aussi il faut s’en débarrasser.

le principe qui est à même de décider si le monde est ou n’est pas, ce principe doit forcément être avant le monde. Ce principe qui décide de tout, si le monde est ou n’est pas, – qui le conçoit?

Quand je dis : »Parabrahman ( le suprême Absolu), vous dites que vous saisissez. Mais les mots ne sont rien qu’un outil pour communiquer. Est-ce que je me fais comprendre?

V : Le Jnãni sait que tout cela n’est qu’illusion, et qu’il n’y a pas de voie; mais si, dans l’illusion, on est convaincu qu’il y a une voie, qu’il ya une terre promise quelque part, alors est-ce qu’il est valable d’utiliser des techniques qui mènent à encore plus d’ illusion ?

N.M : Illusion, c’est un mot ou qu’est-ce que c’est?

V: C’est un mot qui représente un concept.

N.M : Et ça c’est aussi un mot , non?

V: Oui.

N.M: Alors  jusqu’à quand va-t-on chercher d’autres mots- illusion ???

 

Nisargadatta Maharaj

Le 18 novembre 1980

Extrait de « Conscience et Absolu » aux éditions des deux Océans

Conscience et Absolu – Individu et universel

Nisargadatta Maharaj conscience et Absolu

Visiteur : Pourquoi se fait-il qu’on se pense tout naturellement comme individus séparés ?

Nisargadatta Maharaj : Vos pensées sur l’individualité ne vous appartiennent pas en propre; elles sont collectives. Vous opinez que c’est vous l’individu qui a ces pensées; en fait, elles viennent de la conscience.

Quand notre spiritualité se développe, notre identification à l’individualité corps-esprit diminue, et notre conscience atteint la conscience universelle.La force vitale continue, mais ses pensées et ses actions ne sont plus limitées à un individu. Elles deviennent une expression du tout. C’est comme le vent : il ne souffle pour personne en particulier.

V: En tant qu’individu, puis-je retourner à la source?

N.M : Pas en tant qu’individu; la connaissance « Je suis » doit retourner à la source.

La conscience s’est identifiée et déterminée dans une forme particulière. En suite, elle réalise qu’elle n’est pas cette forme, et elle progresse. Dans certain cas, elle peut atteindre l’espace, et très souvent elle s’arrête là. Très rarement, elle remonte à sa vraie source, au delà de tout conditionnement.

Il est difficile de ne pas se laisser aller à cette tendance à ramener le Soi ( universel) au corps-esprit individuel. Quand je vous parle, je ne parle pas à un individu; je parle à la conscience. C’est elle qui doit remonter à sa source.

Au début, il y a le non-être. Puis, l’être en sort, aussi doucement que vient le crépuscule, avec juste une sensation de  » Je suis », et soudain l’espace est là. L’espace permet le mouvement, qui se manifeste  par l’air, le feu, l’eau et la terre. Ces cinq éléments sont vous. C’est votre conscience qui a tout fait. Il n’y a pas d’individu, il a vous, c’est-à- dire le fonctionnement du tout, la conscience en acte.

Vous êtes cette conscience, tous les attributs de la Divinité sont aussi les vôtres, mais vous vous cramponnez au corps-esprit, et ce faisant vous vous laissez aller au temps et à la mort – vous vous l’imposez à vous-mêmes.

je suis l’univers tout entier. Je n’ai besoin de rien, puisque jesuis tout. Mais je me suis niché dans du tout petit, dans un corps; je me suis limité à un fragment, et maintenant j’éprouve le manque, un corps a besoin de tant de choses.

Sans le corps, est-ce que vous existez, est-ce que vous avez existé? Sans le corps, est-ce qu’il y a, est-ce qu’il y a eu quelque chose? Retournez à cet état d’avant le corps.Votre véritable nature est présente, elle est libre, mais vous la cachez, en vous imaginant toutes sorte de choses.

Nisargadatta Maharaj

Le 8 novembre 1980

Extrait de « Conscience et Absolu » aux éditions des deux Océans

 

 

Ni Ceci Ni Cela – Maha-Vakya

Nisargadatta Maharaj Maha-Vakya

Nisargadatta Maharaj : Je ne suis pas intéressé par les miracles s produisant à l’extérieur, seulement par ceux qui se produisent en moi.

Dans mon état originel de non-savoir j’ignorais l’être, et tout d’un coup ce sentiment d’être  a spontanément été ressenti. C’est le premier miracle. Puis, en un éclair, j’ai découvert cet immense univers manifesté et aussi mon corps, plus tard j’ai compris que cet univers s’et uniquement manifesté dans cette trace d’être initiale.

Pourquoi n’êtes-vous pas attirés par ces miracles? Beaucoup de miracles se produisent, plus étonnant les uns que les autres, mais que pensez-vous de ceux-ci? Jerépète: au début il n’y avait pas de message « Je suis » et il n’y avait pas non plus de monde. Instantanément le message « Je suis » et ce monde vaste et magnifique se sont manifestés à partir du vide, du rien! N’est-ce pas stupéfiant?

Ce message » Je suis » n’est autre que la Vérité éternelle dressant un  panneau publicitaire ( d’elle-même). Il en est de même pour les noms, les titres et la forme des prophètes, sages ou Mahatma-s, ils ne sont qu’annonces et portes-paroles proclamant le m^me principe. C’est comme lorsque vous  préparez un grand nombre de plats: galettes, beignets, quenelles. Chacun possède un aspect et un nom différent mais le blé seul est leur base commune.

Pour me stabiliser dans ce principe éternel mon Guru m’a initié en prononçant les mots sacrés « Tat Tvam Asi », qui signifient  » Je suis Cela ». À partir de cet instant j’ai définitivement perdu tout intérêt envers les affaires du monde. Ces mots sacrés sont appelés Maha-Vakya, il s’agit d’une profonde affirmation chargée d’une signification sublime.

Visiteur: Que veut dire « Je Suis Cela »?

Nisargadatta Maharaj: le mot ‘cela’ se réfère à l’ensemble de la totalité.

Visiteur: Est-ce possible d’avoir un semblant de connaissance de cet état au travers  des expériences effectuées dans le monde grâce au corps?

Nisargadatta Maharaj:  Certainement pas, je parle d’un état sans expériences effectuées dans le monde grâce au corps?

Nisargadatta Maharaj: Certainement pas, je parle d’un état sans expérience. Avant les expériences quel était mon état? Qui à ce niveau étai susceptible de répondre? Ce point doit être intégralemment compris.

Dans cet état éternel primordial je ne possédais aucune information sur moi-même. A présent une forme associée à cette information » Je suis m’est imposée et vous  voulez des détails sur cet état et un nom à lui donner…! S’il le faut appelez-le Para-Brahma ou Para-Atma, mais à qui ce nom est-il accordé? A ce Moi sans forme et ne disposant d’aucune information le concernant!

Vous vous prenez pour quelqu’un de sage, de spirituel, mais vous posez-vous la question du comment et pourquoi vous vous trouvez dans cet état relevant de l’expérience?

Attardez-vous là dessus, investiguez!

Nisargadatta Maharaj

16 Janvier 1980

Extrait de « Ni Ceci Ni Cela » aux éditions des Deux Océans

Ni Ceci Ni Cela – un diamant

diamant nisargadatta Maharaj

Nisargadatta Maharaj:

En transcendant cet état « Je suis » l’absolu prédomine et il est alors appelé Para-Brahman, tandis que la connaissance « Je suis » porte le nom de Brahman. Ce savoir « Je suis », cet être, est Brahman et il s’agit d’un état illusoire. Il en découle que lorsque Brahman est transcendé seul le Para-Brahman subsiste, para-Brahman dans lequel il n’y a pas trace de la condition « Je suis », c’est-à- dire de l’être.

Lorsque ces trois états, sommeil profond, éveil et connaissance ne sont plus, l’être peut-il subsister? Non. Pourquoi…? Y a-t-il un besoin quelconque d’êtreté dans l’état Para-Brahman? Pourriez-vous tirer un bénéfice quelconque du soleil, de la lune ou de étoiles? L’être est le manteau de l’illusion étendu sur l’Absolu. Autrement dit, l’être – qui est le concept premier, primordial, » Je suis » – est en lui-même  le principe d’illusion. Cette touche de  » Je suis » elle-même est illusion  bien que vaste et innombrable.

Ce monde manifesté est le jeu dynamique des cinq éléments entre eux. Au sein de cette immensité, il n’y a pas place pour un individu. Un diamant rayonne la lumière tout autour de lui, il est pur rayonnement.

Dans la méditation profonde vous pourrez constater cela. Tout comme l’éclat du diamant rayonne dans toutes le directions, le monde manifesté irradie à partir de Vous, il est votre propre splendeur.

Nisargadatta Maharaj

15 Janvier 1980

Extrait de « Ni Ceci Ni Cela «  aux éditions des deux Océans

Ni Ceci Ni Cela – la connaissance ultime

Nisargadatta connaissance ultime

Nisargadatta Maharaj: Vous êtes venu ici souhaitant entendre confirmer vos convictions personnelles. beaucoup de ceux qui viennent ici présument posséder de hautes connaissances et pourtant, d’emblée, je sais qu’ils ne savent rien. Je leur demande de s’asseoir tranquillement et d’écouter ce qui est dit. Spontanément, automatiquement tous leurs doutes seront dissipés.

Beaucoup aussi viennent ici en m’apportant des cadeaux, c’est une vraie maladie! Je suis totalement en dehors de tout cela, comme également de toutes ces disciplines physiques et spirituelles, des rituels que l’on vous a recommandés. Je me suis toujours tenu à l’écart des conditionnements.

Quelqu’un m’a apporté ce tapis de Chine qui vaut plus de quatre mille roupies. il ne représente rien pour moi, je l’utilise , c’est tout. De même je ne suis nullement concerné par cette soi-disant naissance qui m’a été imposée. L’être est expérimenté ou utilisé mais je ne suis pas plus cet être que je ne suis ce tapis. Les personnes visitant cet endroit se jettent à mes pieds par respect, mais ce respect honore cette qualité d’être, moi ( en tant qu’Absolu) suis inapprochable. Celui qui observe l’apprition et la disparition de l’être la perçoit sans yeux et ce simple témoin n’est aucunement relié à ce royaume de l’être.

Toutes ces connaissances spirituelles tellement recherchées relèvent du royaume de l’être et un jour s’en iront comme un invité fatigué. La question qui se pose est où, quand et comment obtiendrez-vous la connaissance ultime?

Visiteur : Mais qui possède la connaissance ultime?

Nisargadatta Maharaj : Personne ne la possède. La connaissance »Je suis » n’est pas l’état Absolu. Cet être comprenat les trois Gunas reçoit les titres divins de Brahma, Vischnu et Mahesh (Shiva), la combinaison de ces trois dieux est adorée et louée par des rites et des hymnes. Mais malgré leur préséance ces trois grands dieux s’effacent et se résorbent au coeur d’un sage appelé Jnani, c’est à dire ayant atteint l’ultime. L’état de Jnani transcende le temps et les plus sublimes extases. Cet état a reçu le titre de Para-Brahman, Para -Atman. ( au-delà de Brahman, d’Atman; qui ‘transcende’ Brahman ,Atman).

Après avoir lu de nombreux livres traitant de spiritualité les gens se disputent, à quoi cette lecture leur a-t-ell servi? Toutes ces discussions et contradictions se déroulent au niveau de l’être et Vous, l’ultime, n’êtes pas l’être.

Nisargadatta Maharaj

15janvier 1980

Extrait de « Ni Ceci, Ni Cela » aux éditions de deux Océans.

Ni Ceci Ni Cela – Peur de la mort

discriminaation Nisargadatta maharaj

Nisargadatta Maharaj :  Je n’accuse personne d’être un individu, c’est vous-même qui vous  identifiez à cette individualité. la peur de la mort vous empêche de vous transcender au sein de l’être.

Visiteur: Le faux seul souhaite persévérer dans la fausseté.

Nisargadatta Maharaj: « Je », en tant qu’Absolu, n’a rien a voir  avec le « je » personnel. Le « je » personnel ne peut donc pas tolérer cet état d’être impersonnel, il a trop peur de mourir. Cet immuable, éternel » Je », l’Absolu, n’a aucune peur de la mort.

Ce que vous voulez soutenir, nourrir et prolonger grâce à cinq matières élémentaires n’est pas vous. C’est parce que vous vous identifiez à quelque chose d’irréel qu’existe la peur de la mort. Vous, Absolu, n’êtes pas le « vous » personnel. Comprenez-le une fois pour toute. Vingt-quatre heures par jour l’entité personnelle » vous » est nourrie, observée, protégée de manière à ce qu’elle dure et se prolonge. Autrement dit vous regardez, nourrissez, conservez, protégez ce qu’en fait vous n’êtes pas.

Visiteur: Quand vous vous trouvez face à fce vec un lion il n’y que deux alternatives : vous échapper ou accepter de vous laisser manger.

Nisargadatta Maharaj: Il y a une troisième alternative: faire peur au lion! Puisque de toute façon dans les deux premiers cas le lion vous sautera dessus et vous tuera, pourquoi mourir de peur comme un lâche? Attaquez courageusement le lion et brisez-lui quelques dents !

Celui qui a peur du temps devient la proie du temps, mais c’est le temps qui devient la proie de celui qui ne le craint pas. Celui qui transcende le temps, l’être et ses attributs, se dissout dans l’Absolu. Un Jnani est au de là du temps, des éléments et des émotions.

Visiteur: Il nous faut être très prudent et ne pas nous représenter comme vrai tout ce qui demeure lié au temps.

Nisargadatta Maharaj: Vous vous considérer comme un Jnani, pourtant vou êtes bourré de convictions et de complications. la peur du temps est semblable à la peur d’un enfant qui n’est pas né!

Visiteur: Je n’ai jamais prétendu me considérer comme un Jnani!

Nisargadatta Maharaj: Le temps est l’enfant d’une femme stérile. (Maharaj désigne alors le visiteur et son voisin). Vous êtes tous deux d’éminentes personnalités ayant une réputation de spiritualité et vous êtes venus ici bien armés pour m’attaquer. Mais je vous le dis, vous n’arriverez pas à me trouver !

Pourquoi n’ai-je pas peur du temps? Parce que même la dissolution de cet univers, le Brahman, ne peut pas me détruire. Avant, pendant et après la dissolution, moi l’Absolu prévaudrait toujours, intact, intangible et immuable. En mourant quelle sera votre identité? Si vous considérez votre mort comme certaine pourquoi endurer une mort dégradante plongée dans la peur? Mourez noblement, honorablement et avant cette mort devenez le plus haut , l’infini!

Nisargadatta Maharaj

Le 14 janvier 1980

Extrait de « Ni Ceci Ni Cela » aux éditions des Deux Océans

Ni Ceci Ni Cela – Mul-Maya

mul-Maya Nisargadatta maharaj

Nisargadatta Maharaj : Si vous voulez absorber l’essence de ce qui est dit dans le recueil « Je suis », plongez-vous dans une profonde méditation et vous, en tant qu’état manifesté, abîmez-vous dans le non-manifesté. Là se trouve sa signification ultime.

Quelle que soit l’expérience que je peux avoir du monde et de Dieu, elle n’est aucunement liée à une faveur ou une grâce spéciale de Dieu envers moi. L’expérience ne relève que de moi-même, elle est due à l’état où je me trouve. Si je n’ « était » pas, je n’aurais jamais eu cette expérience. Je prédomine, je prévaudrai toujours. C’est par mon être que je fais l’expérience du monde. Je perçois clairement l’unité de l’enseignement de trois grands sages (Acharyas) que sont Shankara, Madhava et Ramajuna.

L’ensemble de la création s’exhale de Mul-Maya, l’illusion primordiale, et de son chant secret. Toutes les paroles, tous les mots, tous les qualificatifs se rapportent à cette émanation. De même toutes ces images ne sont que l’expression, le bavardage de quelqu’un . Ces images sont issues de la conjugaison, de la relation amoureuses de deux êtres.

Cette êtreté est nommée Dieu. L’état divin est la dualité. C’est la manifestation toute entière, c’est mon état lorsque je fais l’expérience de quoi que ce soit. Mais mon état non-manifesté, lui, n’est pas duel, au sein de cet état non-manifesté, lui, n’est pas duel, au sein de cet état il n’y a  ni expérience, ni manifestation. Moi, Absolu, ne suis pas l’état « être ».

Malgré tout votre savoir spirituel vous n’êtes pas enclin à abandonner les expériences du corps et de l’intellect. Il suffit pourtant de ne plus vous identifier à ce niveau pour transcender votre état actuel et il ne subsistera plus que l’être. Ensuite vous transcenderez également l’être pour demeurer au pinacle, au plus haut. mais vous espérez vous plonger dans l’être et ensuite dans le non-être tout en conservant cette personnalité soumise au corps-intellect … c’est une impossibilité!

Nisargadatta Maharaj

14 janvier 1980

Extrait de « Ni Ceci Ni Cela «  aux éditions des deux Océans

Ni Ceci Ni Cela – Jnana Yoga

Jnana Yoga Nisargadatta

Visiteur : je m’efforçais de suivre un chemin permettant à l’être d’expérimenter le non-être, au manifesté d’absorber le non-manifesté. Je vos maintenant que la première étape est de bien comprendre qu’il s’agit d’une impossibilité.

Nisargadatta Maharaj : C’est ce que je suis entrain de vous dire! Il vous faut pratiquer de profondes méditations. L’être doit s’immerger  totalement dans le non-être. Chaque jour vous vous débarrassez de vos inquiétudes, de vos tensions et vous vous oubliez vous-même, vous tombez dans le non savoir, dans une détente totale. C’est ainsi que l’être doit se perdre dans le non-être.

Quand le Jnana Yoga est suivi correctement l’être se dissout graduellement et devient  non-être. Dans le sommeil profond, spontanément l’être commence à se mouvoir : un rêve se déroule. Dans la méditation profonde il en est de même, toute la sagesse dont vous aurez besoin vous sera spontanément révélée. Bine qu’ayant compris tout cela et pris conscience de l’irréalité du monde manifesté vous conservez malgré tout vote individualité. L’état « être » est l’état de l’ensemble de la manifestation, il n’est pas individuel. Il est composé de cinq éléments, trois Gunas et Prakriti – Purusha, le principe  masculin et féminin. Puis  cet état d’être  se dissout dans le non-être.

Voilà pourquoi j’appelle le processus que je préconise le Jnana Yoga ou Atma Yoga, qui consiste à demeurer en Soi, à se stabiliser dans sa véritable nature. Vous pouvez parler de Hatha Yoga ou de tout ce que vous voudrez, quand le non-être devient l’état « être », l’univers (incluant tout ce qui  existe) vient au monde. En ce qui me concerne je suis devenu un avec l’être en suivant les directives de mon Guru, ce qui signifie avoir la juste vision de n’être rien d’autre que l’ensemble de cet univers dynamique. Lorsque la personne est transcendée il reste uniquement l’être manifesté et alors le non-manifesté se révèle.

Nisargadatta Maharaj

14 janvier 1980

Extrait de « Ni Ceci Ni Cela » aux éditions des deux Océans

 

 

Ni Ceci Ni Cela – Yogi

yogi jnani nisargadatta

Il existe des yogi -s de plusieurs disciplines : par exemples les Japis qui récitent les noms sacrés, les Tapis qui se consacrent à d’austères pénitences, etc. En apparence, ils sont engagés sur la voie spirituelle mais ils se complaisent à faire des miracles. ces Yogi -s ne peuvent plus progresser et atteindre une connaissance spirituelle réelle. De plus, ils sont fiers des pouvoirs qu’ils ont acquis, de leur système particulier, de leur personnalité. Tout ceci n’a rien à voir avec la spiritualité. Un employé doit, soit se satisfaire de son maigre salaire, soit changer de travail. de même un Jnani doit se satisfaire des trois états : veille, sommeil profond et conscience ou bien les quitter.

En tant que Jnani je vous raconte ‘mon’ histoire. A quoi peut bien servir cette alternance de sommeil profond et de réveil? Je n’en ai pas  besoin. Cet univers perceptible est sans limite et sans fin, mais que puis-je gagner en le préservant? A partir du moment où un sage atteint la réalisation et s’immerge dans la perfection, il n’a plus de besoins d’aucune sorte. Mais un chercheur obtiendra un bénéfice immense en  demeurant fixé ou simplement en se remémorant la vie d’un sage, tant est grand le potentiel d’éveil de celui qui n’a plus de besoin. Une personne ordinaire ne peut avoir la moindre idée, le moindre soupçon de l’état d’Absolu d’un Jnani. Elle doit se contenter du comportement et des modes d’expression du Jnani. au niveau du comportement physique, observés en tant que prolongement de son être. De toute façon un tel sage n’est ni l’expression physique, ni l’être.

Un officier porte un uniforme indiquant le régiment auquel il appartient et son grade. L’ensemble constitue l’officier, mais l’uniforme et le grade ne sont pas l’officier. Il en est de même pour ce ‘colis de nourriture’ qu’est le corps. Il n’est pas vous, vous n’êtes que ce principe » Je suis » habitant le corps.

Vous n’êtes pas capable de renoncer à cette identification au corps. Cela est du à l’action de la grande Maya, l’illusion, c’est pour cela que vous ne vous imprégnez pas de ce que je dis.

Visiteur: Comment un Jnani sait-il qu’il a réalisé sa véritable nature?

 

Nisargadatta Maharaj : Il le sait en découvrant qu’il l’a toujours connue dan ce sentiment « je suis ». Ici, en cet instant, vous êtes dans cet état réalisé, mais vous vous obstinez à le constater au travers de vos désirs et de vos concepts mentaux, ce qui explique votre incapacité à le voir et à vous abîmer en lui.

Dans l’état de Jnani – et ceci n’est qu’une façon de l’exprimer avec des mots car ce n’est pas un état – il n’existe aucun besoin de quoi que ce soit, pas même de se connaître soi-même, tandis que vous, vous demeurez attachés aux cinq sens physiques et même devenus centenaires vous imploreriez de vivre quelques années de plus !

Visiteur : N’éprouvez-vous pas de la pitié pour nous, chercheurs ignorants qui venons vous visiter?

Nisargadatta Maharaj:  pourquoi le devrais-je? je suis le soleil de la connaissance ultime rayonnat depuis sa propre évidence et je vous considère tous comme tels.

 

Nisargadatta Maharaj

9 janvier 1980

Extrait de « Ni Ceci Ni Cela » aux éditions des 2 Océans

Ni Ceci Ni Cela – Nirvana

Nisargadatta Maharaj Nirvana

Tant qu’un humain se considère comme un individu il doit subir le plaisir et la souffrance. Mais devenu un avec la conscience il n’est plus question de bonheur ou de malheur. J’ai transcendé cette individualité, c’est-à-dire cet état corps-intellect et je vous parle du sein de la conscience dynamique manifestée. Le concept même qu’un événement bon ou mauvais puisse se produire est totalement effacé. Je ne possède pas non plus le moindre concept concernant naissance ou mort. Mon état physique actuel ne me permettrait même pas de me tenir debout si je ne m’appuyais pas sur un tel état de conscience.

Mon Nirvana est la perte totale de toute vanité concernant la personne, c’est-à-dire un état sans identité. Tant que vous n’aurez pas perdu cette intimité avec la personne vous serez importuné par plaisir et souffrance, passé et futur, naissance et mort. Avez-vous déjà réfléchi à ces questions? …

Qui vous pose cette question? C’est moi, le Sans-forme, le Dynamique, pure conscience manifestée! Pourquoi ne parvenez-vous pas à vous arracher à cette souffrance? Vous étant contracté, rapetissé en une forme et une identité il n’est pas étonnant que vous soyez malheureux!

Vous poursuivez une quête spirituelle en conservant une même optique limitée et conditionnée, il vous est donc impossible de trouver le moindre point d’appui, la moindre prise vous permettant de progresser. Quel que soit le sujet qui vous préoccupe vous  l’approchez en tant que conscience dynamique manifestée. Cette connaissance profonde  » je suis » pénètre toute chose. Elle est plus pure, plus subtile que cette lumière-ci et donc connaît la source de la lumière. Tant que vous vous cramponnez à votre mémoire individualisée il vous sera impossible de trouver la paix et la félicité.

Nisargadatta Maharaj

9 janvier 1980

Extrait de « Ni Ceci Ni Cela » aux éditions Aluna