Premiers discours 6 – En devenant un avec Atman, vous êtes Dieu !

Rama Khrishna Nisargadatta

26 janvier 1955

En devenant un avec Atman, vous êtes Dieu !

Shri Bhausaheb Maharaj était le Guru de notre Maharaj (Siddha- rameshwar Maharaj). Il a quitté son corps en ce jour sacré (date anniversaire). Il était empli de compassion. Ces grands sages vivaient en tant que Parabrahman, ce qui signifie qu’ils expérimentaient leur unité avec Lui. La nature d’un Sadguru est sereine, encline à améliorer le sort des gens. Jusqu’alors, cette nature s’est manifestée de bien des façons, sans pour autant appartenir à quelqu’un. Elle se comporte ainsi pendant un certain temps, puis disparaît. Notre forme véritable est la manifestation en action de l’aspect transcendantal du Principe ultime. C’est l’incarnation de la grâce. Le Mantra préconisé par le Sadguru nous rappelle notre vraie nature – «Je suis Cela». Cette nature auspicieuse reste toujours identique, encline à servir et à guider les êtres. Elle ne connaît pas d’allées et venues. Par la dévotion à son égard, on devient Dieu. La disparition physique du Sadguru ne signifie pas pour autant la destruction du Soi. Celui qui observe cette disparition l’observe en lui. Le Soi reste invisible à cause du voile de l’identité corporelle.

Par la dévotion, l’identité corporelle est amoindrie tandis que la proximité avec l’Atman s’accroît. Quand l’identité corporelle est détruite par la dévotion, Ce qui reste est Parabrahman.

Nous ne pouvons pas savoir ce qu’est l’Atman à travers l’étude du monde des formes, des attributs et des mots. Toute existence est le corps de Shiva. Tout de suite, L’Atman fait l’expérience de son existence, mais Il est perturbé par l’identification avec le corps. Sans cela, sa nature originelle est béatitude. Elle est impatiente de se voir elle-même. Sa manifestation est auspicieuse. Elle vous inspire de l’intérieur pour guider votre intellect. Vous adorez Ishwara comme quelqu’un d’autre que vous, mais en réalité nous sommes Ishwara, Lui-même.

Les ignorants n’ont pas connaissance d’Ishwara en tant que leur vraie nature, ils L’adorent comme séparé d’eux-mêmes. La présence de la Conscience dans le corps et Son émergence dans le vivant n’est due qu’à l’Atman. L’Atman est auspicieux et plus sub- til que l’espace. Le Soi est empli de grâce, il n’est pas touché par la lumière de l’intellect. «L’âme du Soi auspicieux», tel est le nom que nous donnons à Bhausaheb Maharaj. Un tel être, aussi véné- rable et auspicieux, ne peut pas faire d’expérience néfaste. Il peut y avoir des expériences néfastes jusqu’à ce que le Soi soit connu. Celui qui réalise le Soi voit son unité avec le monde entier. Notre Maharaj (Siddharameswhar Maharaj) fut empli de grâce en rencontrant Bhausaheb Maharaj et il en fut de même pour moi, en rencontrant le premier. En rencontrant mon vénérable Maître, j’ai transcendé tout à la fois péchés et mérites. Maintenant, même l’enfer est le bienvenu chez nous, car il est vu comme un reflet de cet Auspicieux. Ce monde est la lumière du Soi et il n’a pas d’existence sans Lui. La présence de mon Maître transforme même l’enfer en la demeure du Seigneur Vishnu. C’est ainsi que le sage Tukaram fut prêt, même pour la renaissance, car cela serait à nouveau l’occasion d’expérimenter les bénédictions de la réalisation du Soi.

Vous devez connaître la grâce du sentiment d’être éveillé. Souvenez-vous de la grandeur de la Conscience. Elle est un rappel de la pure Présence, Parabrahma, par Laquelle nous existons.

Le Divin, au travers d’un sage, parle pour le bénéfice des ignorants. Celui qui réalise son unité avec l’Atman devient Dieu pour le monde. Mais les gens croient qu’Il est Sa manifestation physique et L’adorent en tant que tel. Un sage n’est jamais son corps, mais l’univers entier. Souvenez-vous de Lui.

De toutes les incarnations, la plus mystérieuse et puissante est nommée Râma. Si le corps ne répète pas le « Ram Mantra », ce n’est qu’un amas de chair et de sang. La sagesse n’est rien d’autre que le rappel de Râma. Développez la conviction que vous êtes Râma.

Krishna demanda à Radha sur qui elle méditait, et elle répondit sur Krishna. Radha Lui dit : « Je vois mon Soi en Toi. Je me remémore encore et encore l’histoire de Ta vie. »

Paramatman est ma propre forme. Par conséquent, ne cessez jamais de chanter les bhajan dédiés au Maître. C’est ce qu’il y a de mieux. Dieu est un avec le fidèle. Le meilleur usage de ce corps est de se souvenir du Maître et de ses paroles. Répétez le Mantra où que vous soyez. C’est dans la dévotion que le corps devrait se consumer comme le bois de santal. Dans ce processus, l’épais voile qui recouvre le Soi s’amincit. Ces paroles sont celles de Bhausaheb Maharaj, qui conseilla à ses disciples de faire le meilleur usage de la rare forme humaine. Jusqu’à ce jour, je n’ai jamais cessé de suivre son conseil. Aussi, n’abandonnez jamais la dévotion.

Nisargadatta Maharaj

26 janvier 1955

Extrait de ” Premiers discours” aux éditions des 2 Océans

Premiers discours 5 – La dévotion est votre principal atout

Nisargadatta dévotion

La dévotion est votre principal atout !

Uddhava s’exprima ainsi: «En Ta présence, j’ai disparu et Tu occupes le monde entier. C’est ce que je vois assurément. » Krishna garda Uddhava dans cet état de liberté (Samadhi) pendant douze jours, sans nom ni forme. C’est ainsi que Uddhava comprit que Paramatman était le soutien de toute la vie mondaine. Uddhava dit: «Tu es présent en chacun de nous. Par conséquent, j’aime chacun. Maintenant, permets-moi d’aimer et d’adorer la libération. Je sais que je ne suis rien d’autre que Paramatman, donc je dois nourrir et prendre soin du monde entier. Ma dévotion pour Toi m’aidera à le faire. Tu ne dépends de rien d’autre que de la dévotion de Ton disciple. Tu t’incarnes en tant que Ton disciple. »

Vous vous prenez pour une conscience individuelle, bien que vous soyez comme la lumière et la Conscience elle-même, grâce à laquelle tout est connu. Même notre existence est connue à cause de cela. Vous êtes Brahman qui rayonne de sa propre lumière, mais vous vous identifiez à tort avec le corps. Seul un être parmi des millions réalise le Soi.

L’Atman s’éclaire de sa propre lumière. Tous les sages sont des expressions de Paramatman. Comment voient-ils les autres ? Ils les voient comme eux-mêmes. Tout comme un enfant grandit pour devenir un homme, les ignorants doivent s’élever jusqu’à leur plein potentiel de réalisation du Soi. Après cela, le faux ego est lâché.

Si la connaissance du Soi libère, pourquoi alors poursuivre la dévotion après la libération ? La dévotion et la pratique de cérémonies conduisent à la libération, ce qui leur donne toute leur importance et les rend dignes de toute cette reconnaissance. Paramatman «est en affinité» avec ceux qui sont reconnaissants de la bienveillance et des faveurs reçues. Il «n’aime pas» les ingrats. Par conséquent, la dévotion doit continuer après la libération.

Nous devons être au service de tous et ne faire qu’un avec eux. Certains, dans leur dévotion totale à Dieu, en ont même oublié femme et enfants. Rama et Krishna sont de bons exemples de dévouement. Dieu signifie la Conscience dynamique grâce à laquelle nous avons connaissance de notre existence. Grâce à Dieu, il y a Conscience et notre dévotion Lui revient. En raison de votre identité corporelle, vous croyez en votre fausse imagination. Quand vous méditez sur la Conscience, oubliant le corps, la vraie connaissance apparaît. Vous avez reçu la Conscience pour un temps limité et non pour une durée indéterminée. C’est par la dévotion que Ce qui vous a été prêté deviendra vôtre. Alors, vous réaliserez votre nature permanente.

La dévotion est la puissance de Dieu ; toutes les activités se produisent à la suite des diverses manifestations prises par celle-ci. C’est pourquoi Uddhava demande que la dévotion lui soit encore accordée après la libération. Le pouvoir de la dévotion crée des univers infinis. La dévotion peut être sans fin et n’a pas d’attributs de nom et de forme. C’est le pouvoir de Paramatman qui donne naissance à diverses incarnations. C’est la volonté de Dieu. Des sages qui semblent fous en viennent à être connus par la dévotion. À quoi d’autre qu’à la réalisation du Soi la dévotion pourrait-elle mener? Votre Conscience est tels «les pieds du Divin» ou «les pieds du Maître». Rappelez-vous qu’Elle n’est qu’un point, un germe de dévotion.

Votre ego est un concept. Il ne devrait pas avoir sa place en vous. Quand vous comprenez que vous êtes Dieu par nature, tous vos problèmes de subsistance prendront fin.

16 janvier 1955

Nisargadatta Maharaj

Extrait de “Premiers discours” aux éditions des 2 Océans

Note et commentaire :

Est abordé ici , la place de la dévotion, après la réalisation de notre nature véritable, c’est un point fondamental de la véritable réalisation. Celui qui a réalisé sa véritable nature, ne peut qu’être remerciant er reconnaissant, même s’il a la connaissance au plus profond de lui, qu’il n’y a pas d’autre à aimer à adorer.

Contrairement à ce que pourrait faire penser la description d’une dévotion si intense qu’elle en ferait oublier femme, mari et enfants, dans la tradition de la Navnath Sampradaya,  l’implication dans la vie quotidienne et vivement encouragée. Bien évidemment l’attitude et la nature du lien sera modifiée par la reconnaissance de notre véritable nature, ici évoquée sous le terme de Paramatman, ( Au delà de l’Atman). Nisargadatta fut lui-même pris par ce besoin profond de tout abandonner et de partir en moine errant ( Saddhu), sur les routes de l’Inde. C’est la rencontre, avec un de ces co-disciples ( Guru bandhu), qui le fera revenir à son domicile, enrichi de cette détermination et de ce dépouillement.

Les termes spécifiques sont définis à la page Lexique Sanskrit de ce site

 

Premiers discours 4 – Notre ego est imaginaire

ego Nisargadatta Maharaj

9 janvier 1955

Notre ego est imaginaire !

Quand la dévotion trouve son accomplissement dans la réalisation de Paramatman, toute identification à une forme est abandonnée. Avec la bénédiction du Sadguru, toutes les ignorances et leurs souvenirs sont libérés. Paramatman n’appartient à aucune religion, caste ou croyance. Sa nature est libre de tout désordre. D’autre part, les qualités humaines sont imprégnées de sentiments égoïstes et les gens vivent dans le monde avec cela. Seul un sage vit en tant que Soi. Celui dont l’ego s’apaise atteint la tranquillité. Se libérer de l’ego, c’est se libérer de tous les concepts sur sa propre nature. Cela se produit quand notre vision devient celle du Divin. Celui qui reconnaît le monde lié au corps comme une illusion est stabilisé dans la Conscience.

Quand tous les concepts que nous portons sur nous-même disparaissent, l’ego est détruit. C’est une altération mentale que de se considérer comme un homme ou une femme. Toutes nos activités en découlent. Cette altération devrait juste être utilisée pour répéter le Mantra et faire pénitence. Quand nous cessons de vouloir nous comporter d’une manière ou d’une autre, nous devenons ce que nous sommes vraiment. Par la dévotion portée au Divin, la manifestation de Dieu remplace notre imagination et nos concepts. Par la dissolution du fervent fidèle, il y a vision du Divin. C’est la réalisation de Dieu, ou réalisation du Soi.

Quand Uddhava a eu une vision de Dieu, c’est son propre Soi qu’il a vu. C’est ainsi qu’il a commencé à voir Dieu en tout. Regarder Bhagavan Shri Krishna était pour lui comme regarder sa propre personne. Krishna nous dit : « Tous les récits que j’ai contés doivent aider mes disciples à développer leur conviction du Soi. »

Même les plus puissants se fatiguent et ont besoin de repos. Le sommeil profond est repos et ignorance. Pendant l’état d’ignorance, tout est silencieux et complet à tous égards. C’est Paramatman, à jamais insaisissable. Naturellement, c’est le repos complet.

Bhagavan déclare: «Voyez-moi clairement au moins une fois. Cela n’est possible que dans un corps humain. Une dévotion sans désir en est la clé. À travers l’apparence de tous les sages, j’ai moi-même donné des conseils spirituels au monde. »

Vous devriez appeler votre état de veille «Dieu». Comme vous êtes Dieu, vous ne pouvez pas être sans Lui. Développez cette conviction. Les gopika de Krishna l’avaient réalisé. Toutes les activités sont celles de Dieu Lui-même. Ayez la conviction que vous n’êtes pas l’auteur de ces activités. La nature de l’état de félicité du Soi, Atmarama, est telle qu’on ne peut la réaliser seul. Ce qui est nécessaire, c’est la dévotion et la compagnie d’un sage. Un fidèle empli de dévotion peut tout faire. Il va créer un beau village là où il n’y avait qu’une montagne. Là où il n’y a que de la poussière ou de la terre, il créera de l’eau, et là où il y a de l’eau, il créera de la poussière. La véritable dévotion n’est possible qu’avec la connaissance du Soi.

Ce qu’on appelle Dieu est notre propre manifestation. C’est Ce que nous sommes. Seul celui qui est sans peur accède à une vraie dévotion. Quand l’ignorance est libérée, ce qui reste, c’est l’intrépidité. Après la réalisation du Soi, Uddhava n’avait plus peur de la forme universelle de Krishna (en tant qu’univers manifesté). Diverses divinités furent nommées en fonction de l’objectif et de la raison d’être des choses et des circonstances. Si Bhagavan se retire, quelle divinité peut affirmer son existence et son pouvoir ? Krishna affirme : « Il n’y a rien d’autre en dehors de Soham. Alors pourquoi êtes-vous surpris si Brahma, Vishnu et Mahesh se rendent à Moi ? »

Krishna est notre propre Atman. Quel être vivant n’éprouverait pas de l’amour pour l’Atman? Aussi la révérence de Brahma et d’autres dieux à son égard est toute naturelle.

La dévotion qui se manifeste après la réalisation de l’Atman est la dévotion de la réalisation du Soi.

Uddhava parle ainsi: «Ô Krishna, après T’avoir vraiment vu, j’ai moi-même disparu et c’est Toi qui as occupé le monde entier. C’est ma conviction.» Uddhava fut gardé en Samadhi pendant douze jours durant lesquels il était sans forme, et sans nom. Dans cet état, Il a compris que Paramatman était le support de toute vie dans ce monde. Il put dire alors à Krishna: «Tu es présent en chaque jiva. Par conséquent, je dois aimer chaque jiva. Pour cela, accorde-moi la possibilité d’être en dévotion au moment de ma libération et après. J’ai compris que j’étais aussi l’Atman dans sa totalité. Ainsi, je suis le soutien de ce monde entier, et pour cela, ma dévotion envers Toi est mon seul capital. Tu ne dépends de personne, sauf de la dévotion à Ton égard. Tu t’incarnes dans le nom et la forme de Ton vrai disciple. »

Vous vous considérez comme une jiva et vous avez un grand amour pour vous-même et pour votre existence. En réalité, il y a une flamme de vie appelée Conscience. Tout ce que vous connaissez, c’est grâce à Cela. Un seul de Ses rayons est la connaissance de notre propre existence. Bien que vous vous identifiiez à tort à votre corps, votre vraie nature est Brahman qui s’éclaire de sa propre lumière. Cela n’est réalisé que rarement parmi des millions d’êtres.

L’Atman brille dans sa propre lumière. Paramatman, en ce monde, est clairement visible sous la forme de sages, à travers les différentes époques. Comment ces sages voient-ils les gens de ce monde ? Ils les voient comme eux-mêmes, mais sous la forme de tout jeunes enfants. Les disciples sont les enfants du Sadguru, qui est plus que leur père. Une fois que nous connaissons ce fait, l’ego non existant est libéré. Celui qui a connaissance du Soi est libéré. Quel est le but de la dévotion après cela? Elle est nécessaire parce que Paramatman « n’apprécie pas » le fidèle qui n’a aucun respect pour ce qui a aidé à la libération. Bhagavan a ainsi souligné l’importance de la dévotion après la libération. La libération vient de la dévotion; la dévotion est donc votre mère. Le libéré qui assassine sa mère est une personne détestable. On attend d’un véritable fidèle qu’il témoigne de sa dévotion même après la libération.

Nous devons devenir un avec l’existence entière, afin d’être toujours disponibles pour tous. Dieu devient un avec le fidèle qui est tourné vers lui au point d’en oublier femme et enfants. Même Ram et Krishna étaient emplis d’une dévotion qui leur permit de réaliser l’Atman qui s’éclaire de sa propre lumière. La manifestation de Bhagavan est la Conscience, Elle est très dynamique. Nous en venons à avoir connaissance de «Je suis». Qui en est responsable? Comment en sommes-nous venus à connaître notre existence? Cela doit être élucidé. Pour ce faire, la dévotion est une voie royale. Vous vous regardez comme le corps, aussi vous n’êtes pas différent de l’image que vous avez dessinée de vous-même. Votre corps est la Conscience et cela ne peut que vous aider à La connaître et à en faire l’expérience. Le Soi vous a été donné pendant quelques années en location. Avec tout votre dévouement, vous pouvez vous L’approprier. Ce sera votre droit de L’être et d’être ainsi un vrai Siddha.

La vraie dévotion est une puissance qui appelle Bhagavan à s’incarner. Les manifestations n’ont lieu qu’après l’incarnation. Par conséquent, Uddhava demande à Bhagavan de lui accorder la dévotion même après la libération. Le pouvoir de la Bhakti, c’est-à- dire la dévotion, est responsable de l’apparition d’univers infinis. C’est le pouvoir de la dévotion, qui est sans fin. La nature de la Bhakti est sans forme et sans attributs. La dévotion est le pouvoir de l’Absolu ; elle permet l’apparition de diverses incarnations. C’est le pouvoir du désir de Bhagavan. Certains sages étaient presque fous en apparence. Ils sont pourtant devenus célèbres grâce à leur dévotion. Que se passe-t-il pour celui qui est empli de dévotion ? Il atteint Dieu, ne faisant plus qu’un avec le Soi. N’oubliez jamais que votre capital est votre Conscience, vous n’avez pas pleinement conscience de Sa grandeur. Elle est tels «les pieds du Sadguru» ( voir note bas de texte).

Elle est le fondement de toute votre dévotion. L’orgueil lié au corps n’est qu’un concept qui devrait être abandonné. Quand vous saurez que votre vraie nature est Dieu seul, toute votre subsistance sera prise en charge spontanément. Ce ne sera plus votre problème.

Nisargadatta Maharaj

9 janvier 1955

Extrait de “Premiers discours” aux éditions des 2 Océans

 

Notes et commentaires:

En Inde, les pieds du Guru sont vénérés comme la partie du corps par laquelle la grâce divine serait la plus susceptible de se transmettre au disciple. Nisargadatta utilise fréquemment cette expression, d’autant plus qu’en marathi, le mot pied signifie «tout début». Se tenir les pieds ou tenir les pieds du Guru, c’est se tenir au jaillissement de la Source à l’origine de la Conscience.

Nisargadatta nous dit: «Tenir les pieds du Guru» signifie être un avec le Maître en tant que manifestation du Soi (Sadguru).

Dans cet autre passage, l’expression « les pieds du Guru » est explicitée de la manière suivante par Nisargadatta Maharaj: «Vous devriez comprendre la signification de “pieds de Sadguru”. Comprenez que, comme le mouvement commence à partir des pieds, le mouvement commence à partir de la non-connaissance vers la connaissance. Quand la connaissance se produit, c’est le mouvement du Sadguru. Allez à la source de ce mouvement où commence le “Je suis”. L’effort de celui qui a arrêté ce mouvement ne sera pas gaspillé. Tenir les pieds du Sadguru est la limite entre la connaissance et l’ignorance. » (Nisargadatta Maharaj, Conscience et Absolu, éd. des Deux Océans, 2000, entretien du 12 nov. 1980, extrait)

Cette expression pourra donner lieu à différentes variantes, telles que «les pieds du divin », « les pieds du Soi ».

Premiers discours 3 – L’objet suprême de la vie humaine

Atman, paratman, Nisargadatta

 

L’objet suprême de la vie humaine !

Le vrai fidèle désire seulement Dieu; rien de moins, rien de plus.

L’objet suprême de l’existence humaine est la libération totale de toute ignorance. Sa dévotion à Dieu est non duelle, et il ne tolère aucune séparation d’avec Dieu.

Ce qu’il mange et boit est d’abord une offrande à Dieu.

Un tel disciple dit: «J’en viens à connaître mon existence grâce à Dieu. Il est donc ma vie même. Je vis mon monde à la lumière de l’Atman. »

Ce qu’il faut, c’est une foi ferme et une conviction inébranlable.

L’Atman ne dort pas, ne mange pas, ne boit pas et il n’est pas question d’état de veille pour Lui. Il est toujours empli de félicité.( Il s’agit du Soi, immuable et sans forme.) Dieu aide toujours ses fidèles en prenant diverses formes, appelées incarnations.

Pour les gopi, Krishna était leur Conscience inséparable. Il ne s’agissait nullement d’un culte duel. Il était leur vie même. Il était à leur service sans interruption.( la Conscience est le fondement, le support de tout manifestation de tout être, en ce sens, a son service). Pour Radha, le Soi était Krishna ou Paramatman.

C’est Dieu qui œuvre dans divers corps et aide ses fidèles dans le besoin.

Leur dévotion Le guide.

Nisargadatta Maharaj

le 5 octobre 1954

Extrait de “Premiers discours” aux éd. des  2 Océans

Notes et commentaires:

Nisargadatta invite son auditoire  a une compréhension plus profonde des textes sacrés ( shruti), notamment ici la bagavadgita.

Il s’agit de passer d’une vision duelle avec un Dieu, ou une de ses manifestation (Avatar) séparée de sa création. A une vision non duelle, Ou toute manifestation et évocation divine, n’est que la mise en forme, la manifestation de notre Être : “Pour les gopi, Krishna était leur Conscience inséparable”.

 

 

Premiers discours 2 – Votre foi doit être sans faille

tukaram, premiers discours, Nisargadatta

 

Votre foi doit être sans faille !

Quand Uddhava réalisa la manifestation complète de Krishna, sa quête était déjà aboutie. Il dit alors à Krishna: «C’est très difficile de te connaître, même pour les grands yogi et les ascètes. Alors comment les gens ordinaires aux moyens limités pourront-ils le faire ? »

Krishna répondit: «Les êtres ordinaires devraient commencer humblement en ne blessant personne par l’action ou par la parole. Ils doivent faire preuve d’humilité, même envers les autres animaux. Celui qui Me voit dans tous les êtres vivants pareillement peut M’atteindre. »

La Conscience est présente dans toutes les formes de vie. Cela génère des troubles de toutes sortes. En plus de tous ces ennuis, les êtres ignorants de leur véritable nature, les jiva, ont aussi la joie d’exister. Mes vrais dévots, ceux qui répètent mon nom, ne devraient faire de mal à personne. Seuls les êtres humains peuvent m’adorer. faire preuve de dévotion envers moi est comme manier une épée aux tranchants effilés. Mes dévots doivent être très pru- dents. Vous ne devriez pas même blesser votre pire ennemi. Vous devriez avoir foi dans le fait que Dieu compensera tous dommages.

Tukaram lui-même pratiquait cela. Vous devez veiller à ce qu’aucune injustice ne soit commise. Vous devriez avoir un contrôle total sur vous tant sur le plan de l’intellect, de l’ego, de l’esprit que sur le plan des organes, des sens. Si les gens vous causent des ennuis, vous devriez considérer cela comme un test d’aptitude du Divin. Si vous croyez que Dieu est partout, vous Le verrez même en lisant ces lettres.

Le nom Tukaram a été choisi par l’intellect, mais en réalité il s’agissait  ( d’une manifestation ) du Seigneur Panduranga. C’est Dieu Lui-même qui agissait en tant que Tukaram.

Seuls ceux qui font preuve de persévérance peuvent éprouver la joie véritable.

Bhagavan (Krishna) déclare : « Je suis moi-même en train d’apparaître sous diverses formes, mais ils imaginent leur existence comme séparée de Moi. Mes fidèles devraient se débarrasser de tous leurs concepts pour M’atteindre tel que je suis. La Conscience de chaque être vivant est ma vraie forme. J’ai prévu suffisamment d’espace pour les activités de tous les êtres. Mais Je suis avant tout ça. Ma vraie nature n’a rien à voir avec “Je suis”. »

Votre capital pour l’existence est votre Conscience. Pour La connaître comme votre forme réelle, vous devez être empli de dévotion et vous devez pratiquer les bhajan, les cérémonies dévotionnelles, les récitations de mantra et la méditation. Une fois commencé, cela demande à être poursuivi assidûment. La joie véritable, celle qui est au-delà des cinq sens, sera expérimentée par le Soi. La joie d’Atman est un trésor inestimable. Vous savez déjà que votre sommeil profond est bien supérieur aux autres plaisirs que vous éprouvez. Dieu apparaît dans de nombreuses incarnations pour vous dire que Sa compagnie est plus heureuse que vos autres plaisirs, qui sont négligeables en comparaison.

Celui qui aime vraiment Dieu ne peut rien accepter d’autre comme substitut. Même dans la peur de la mort, il ne quittera pas Dieu. Votre véritable forme s’appelle Purna-Brahman. Plus simplement, nous l’appelons Brahman. Ce qui emplit l’existence dans son ensemble est dans votre cœur. Pourtant, vous ne Le reconnaissez pas. Parce que vous vous prenez pour quelqu’un d’autre que Lui, vous êtes malheureux.

Bhagavan dit: «Celui qui se fond en Moi, Me rencontre vraiment. »

Maintenant, nous devrions agir de telle sorte que l’étreinte du Soi ne devrait jamais se relâcher. Tel que le dit mon Guru, Dieu, l’Atman est dans mon cœur et Il m’aime. Cette étreinte d’amour devrait toujours être. Dans le cœur, Dieu devrait être étreint d’amour. Le vrai dévot ne veut que Dieu et sa dévotion n’exige pas d’autres plaisirs. Le cinquième objet principal de la vie humaine est l’amour véritable et la dévotion aux quatre types de libération ( voir notes). C’est une dévotion non duelle. Le dévot apprécie l’unité avec Dieu et n’aime pas s’imaginer séparé de Lui. Tout ce qu’il mange et boit est automatiquement transformé en offrande à Dieu. Un tel dévot dit: «Dieu est mon bien-aimé le plus proche et c’est grâce à Lui que j’ai appris à connaître mon existence. À la lumière d’Atman, j’expérimente ce monde. »

Votre foi doit être ferme! L’Atman est félicité car il n’a pas besoin de manger, boire, se réveiller ou dormir. C’est pour aider le fervent dévot que Dieu apparaît ou s’incarne sous diverses formes.

Pour les gopi (les gardiennes de troupeaux), leur méditation elle-même était Shri Krishna. Elles adoraient Dieu dans la non-dualité. Pour elles, Shri Krishna était leur vie. Par conséquent, il a dû s’empresser de les aider, quand le besoin s’est fait sentir. Il était obligé de répondre quand on l’appelait. Pour Radha, le Soi était le Paramatman de Shri Krishna.

C’est Dieu uniquement qui agit à travers tous les corps. Pour un fidèle et sa dévotion, Dieu fait tout ce qui est nécessaire.

Nisargadatta Maharaj

le 29 mai 1954

Extrait de “Premiers discours” aux éd. des 2 Océans

 

Notes et Commentaires :

Discours de Nisargadatta amenant son auditoire à évoluer d’une dévotion (Bhakti) duelle à son aboutissement non -duelle, par dissolution de toute séparation entre l’Amour, le dévot et l’ Objet de dévotion.

Uddhava : figure parmi les proches compagnons de Shri Krishna. Dans le récit de la Bhagavad Gita, il sera enseigné par Lui. Il symbolise le chercheur cultivé et fervent.

 Nisargadatta fait ici allusion aux quatre objets traditionnels d’une vie humaine dans la spiritualité traditionnelle et en rajoute un cinquième.

Il s’agit des Purusartha. Au nombre de quatre, ils sont considérés comme les objectifs poursuivis par l’être humain suivant son éveil de conscience. 1-Dharma: le respect des règles, l’action juste. 2-Artha: l’enrichissement. 3-Kama : les plaisirs. 4-Moksha : la libération.

Tous seront l’objet d’une libération ou transcendance pour atteindre le cinquième objet, ici évoqué, qui est le « non-objet », Atman ou Paramatman.

D’autres part, les quatre voies de libération sont traditionnellement: le Bakhti yoga (yoga de la dévotion, de la discipline de vie), le Karma yoga (yoga de l’action, du service), le Jnana yoga (yoga de la connaissance) et le Raja yoga (yoga des pratiques d’asana, pranayama, méditation).

 

Tukaram : Poète pèlerin marathi (1598-1650) né dans la caste des Choudra (Intouchables). Il n’avait reçu aucune éducation littéraire. Ne sachant ni lire ni écrire, ce sont ses disciples qui retransmirent ses poèmes. Nisargadatta Maharaj y fait fréquemment référence en raison du fait que le marathi est sa langue, et que Bhausaheb Maharaj, le Guru de son Guru, était considéré comme une réincarnation de Tukaram.

Premiers discours – Ce monde est la lumière du soleil du Soi

premiers discours Nisargadatta

26 septembre 1954

Nivruttinath est le Sadguru éternel !

Le sage Nivruttinath, le Guru ( et frère) du sage Jnaneshwar, demanda à ce dernier de traduire en langue marathi la Bhagavad Gita, le dialogue en sanskrit entre Shri Krishna et Arjuna. Par la grâce de son Guru, Jnaneshwar a achevé ce travail. C’est un commentaire profond sur la connaissance du Soi. Pour lui, Nivruttinath était Paramatma ( la Conscience universelle) Lui-même.

Une fois que s’est produite l’expérience d’un état de félicité totale, on obtient la conviction du Soi. Par la suite, l’Atman universel bénit la conscience présente dans le corps avec la satisfaction de cette connaissance spirituelle et permet de la transmettre pour le plus grand bien de tous.

Nivruttinath incarne l’état éternel du Sadguru. Quand vous Lui faites confiance, cela devient votre propre expérience. Cette abondante richesse du Soi est toujours emplie de nectar et dépourvue de toute notion de « moi et mien ».

Prenons, ici, l’exemple de la terre. Elle est toujours prête à donner toujours plus. De la terre vous obtenez des fleurs, des fruits et des variétés de céréales. Ce que la terre redonne après avoir semé les graines, cela devient votre nourriture. Une fois consommée, cette nourriture devient une partie de vous. C’est dans la nature de la terre de vous donner beaucoup plus que ce que vous semez. Le Mantra a cette même qualité que la graine. Quelle que soit la caste ou la religion de celui qui reçoit le Mantra, il s’opère une transformation en lui, et il devient lui-même, à son tour, le donneur de Mantra pour d’autres.

La graine est responsable de sa multiplication ; la terre n’en est pas la cause, mais elle lui donne la saveur. C’est le propre de la graine et il n’est question d’aucun désir. Un Sadguru n’est pas une entité séparée, Il est toujours un avec l’existence entière. Les sages disent que les actions se produisent en fonction de la nature de chacun. Les expériences d’une personne semblent être des faits en rapport avec sa croyance.

Tout comme c’est la nature de la terre de soutenir tous les êtres vivants, c’est dans la nature d’un jnani de réduire la souffrance et de montrer à tous la manière juste pour obtenir la pleine félicité. Vous pouvez en bénéficier en fonction de vos besoins ou de votre capacité à recevoir. Votre expérience directe vous unit à la vérité et votre compagnie influence les autres favorablement.

Quelle est la demande de Jnaneshwar à son Sadguru? Il souhaite que les différences avec les autres et le sentiment de haine disparaissent de notre nature. Tant que le Soi sera recouvert par le sentiment du ‘péché’, le chercheur ne sera pas libre de ces fautes.

Le Soi est ce que nous sommes en réalité, et Il n’a aucun désir de changement du non-manifesté au manifesté. C’est ce que l’on nomme Parabrahman. Quand bien même on aurait acquis un très grand mérite religieux, l’identification avec le corps éloignerait encore le Soi. Comme notre nature est universelle, nous voyons le monde, qui n’en est pas séparé. Le soleil du Soi s’est levé et sa lumière est là. L’apparition de la lumière est une indication du soleil levant. Le Soi est conscient en raison de la manifestation.

Les sages sont véritablement généreux parce qu’ils n’ont aucune fierté, aucun ego et aucune demande de reconnaissance. Par conséquent, ils sont toujours dans la félicité.

Ce monde est la lumière du soleil du Soi.

Nisargadatta Maharaj

Extrait de “Premiers discours “ aux éditions des 2 Océans

Notes et commentaires:

Voir ici un des tous premiers discours de Nisargadatta Maharaj. Dans ses premiers discours Nisargadatta évoque et développe le Jnana Yoga ou yoga de la connaissance et le Bakthi Yoga ou yoga de la dévotion. Cela l’amènera à développer  la relation de maître à disciple et  ce qui à travers cette relation permet  la reconnaissance de sa véritable nature. Cette relation nous est peut familière en occident, car il ne s’y trouve que peu de véritables maîtres ou enseignants et peu aussi de candidats à un engagement réel.

Nivruttinath (1273-1297): Saint mystique marathi, il fut le maître de son frère Dhyaneshwar ( Jnaneshvara) qu’il initia dans la lignée des Navnath.

Jnanadeva : (Jnaneshvara), originaire du Maharashtra (1275-1296). Philosophe, yogi, poète mystique. tout cela en 21 ans seulement!!! Son commentaire sur la Bhagavad Gita est connu et renommé sous le nom de Dnyaneshwara. Maître de la Navnath Sampradaya, lignée de transmission ininterrompue jusqu’à Nisargadatta Maharaj.

Paramatman: La réalité suprême, indicible, inconcevable, le Soi suprême, le sans-limite.

Ici la notion de péché est à dégager de toute coloration chrétienne tardive, et plus à prendre dans le sens que l’on retrouve dans les premiers textes grecques, dans le sens d’une erreur de visée. C’est à dire d’une méprise ou d’une erreur de jugement venant d’un point de vue erroné ou altéré.

 

Nirupana 140 – Nous ne sommes d’aucune utilité pour nous-même

Nisargadatta Maharaj Shri

De son vivant, un sage doit endurer la souffrance. Quand il meurt, des mémoriaux sont construits en son honneur. Les gens expriment alors une grande dévotion à son égard. Pourquoi en est-il ainsi ? Parce que les gens vénèrent la renommée.

Après la réalisation du Soi, il ne reste plus d’individualité dans la conscience. Antérieurement à la naissance, tout comme après le décès, l’état véritable du Jnani reste toujours le même. La véritable nature reste toujours la même. Ce qui est apparu prendra fin, assurément. Celui qui a cette connaissance n’en a aucune utilité, bonne ou mauvaise. Quoi que ce soit qui arrive, que vous l’aimiez ou non, vous n’en ferez plus l’expérience. Ceci n’empêche pas à un être humain de désirer la joie éternelle.

Si une personne occupant une haute fonction est présentée à un homme ordinaire, ce dernier aura des attentes. Un Jnani n’a de désirs d’aucune sorte pour quelque avantage que pourrait lui procurer quelqu’un. Qu’est-ce qu’un Jnani ? Il n’est rien. Il n’a pas de nom, pas de forme, rien du tout.

La conscience est la caractéristique des cinq éléments. Aussi est-elle liée intimement à eux. La conscience est attachée à elle-même, mais le Jnani n’en a plus le besoin.

Quelqu’un gagne beaucoup d’argent à la ville. De retour à son village, il construit une maison. Il meurt après la cérémonie d’inauguration de la nouvelle maison. N’ayant pas d’héritier, la maison va au gouvernement.

Il en est de même pour Maya. Cela ne veut pas dire qu’il faut rester sans rien faire du tout. Mais quel est le futur de cette action, et quel est le futur d’une personne ? Ceci doit être compris précisément. Nous ne sommes d’aucune utilité pour nous-même. Le Jnani a connaissance de cela.

Ceci est notre état naturel – on vous parlera rarement de ceci. La plupart des enseignants vous diront de faire quelque chose. Ils ne vous diront pas que, quels que soient les efforts que quelqu’un fait, cela reste insignifiant. Au sein du monde physique, la compétition donne du sens à la vie. Avec un discours tel que le mien, il n’y aura plus ce charme à la vie. Un jnani parle rarement parce que ce qu’il dit chasse l’ambition des gens. Le détachement signifie la compréhension que toute chose est vaine. La compassion et l’amour sont naturellement présents. Il s’agit de la nature de la conscience. Ce n’est pas de votre fait.

Nisargadatta Maharaj

dimanche 11 novembre 1979

Extrait de “méditations avec Sri Nisargadatta Maharaj” aux éditions Aluna

Nirupana 139 – ma mort est une illusion

mort illusion Nisargadatta Maharaj

Le corps est constitué de matière, d’où le fait que la conscience est aussi une chose créée. La conscience se prend pour le corps et expérimente différents concepts et expériences, douleurs et plaisirs. Aussi, comprenez que le corps n’est pas votre véritable nature, ce n’est pas ce que vous êtes. Gardez cela présent et méditez à ce sujet.

En réalité, personne n’est né. Pourquoi en est-il ainsi ? Pour saisir cela, vous devez méditer. Par méditation, il faut comprendre : s’en tenir à la connaissance « Je suis ». Penser que la naissance du corps est « ma » naissance ou que la mort du corps est « ma » mort est une illusion. Cela qui est présent dans le corps, est une réflexion et une preuve de l’Atman. À vrai dire, l’Atman et le Soi ne sont jamais nés. Seule la conscience sous l’aspect de la force vitale est créée. Un volume rempli d’essence de nourriture s’est transformé en une forme qui est le corps. La croyance que « le corps est moi » laisse place à tous les tourments au travers des espoirs, des désirs et des passions.

Personne n’a une expérience de naissance. Délibérez sur ce point : « Ma naissance ne s’est pas produite en ma présence. » Si vous vous identifiez au corps, vous vous voyez en tant qu’homme ou femme. Quand il n’y a pas de corps, il n’y a pas ce genre d’expérience. Quand il n’y a pas de corps, il n’y a pas Sattva (la force vitale) et sa caractéristique, la conscience n’est pas là. Lorsque quelqu’un commence à se mettre en recherche en suivant la parole du Guru, toutes les identités qu’il a prises se démontrent fausses. Plus tard, il deviendra clair pour lui qu’il n’est pas de la nature de la force vitale présente dans le corps (Sattva.) Une fois réalisé pleinement qu’il n’est pas même la conscience présente dans le corps, il se détachera du corps. Il sera libéré. Il comprendra soudainement qu’il n’est jamais né.

Par libération, il faut comprendre : être constamment présent au fait d’être la conscience et non pas le corps. Ceci est la sagesse des sages. C’est la libération des libérés. Les actions du mental ne sont pas les actions de celui qui connaît le mental. La naissance est la souffrance que vous ressentez en conséquence d’un rêve. Enseignez cela au mental. Toute votre compréhension se fait à travers le mental. Vous n’êtes pas pour autant le mental. Poursuivez la récitation du Matra. Cela purifie le mental. Alors le mental obéira à ce que vous lui direz. Devenez le Guru de votre mental. Et, en vous servant de ce que vous avez entendu, conduisez-le doucement à la nature du Soi.

Nisargadatta Maharaj

jeudi 8 novembre 1979

Extrait de “Méditations avec Sri Nisargadatta Maharaj” aux éditions Aluna

Nirupana 138 – la puissance de Maya

Maya Nisargadatta Maharaj

Le concept « Je suis le corps » doit s’en aller. Alors votre condition sera identique à la mienne. Dans l’intention de lâcher la conscience identifiée au corps, tenez avec détermination Cela par quoi vous avez connaissance d’être. Quand vous n’êtes pas là, le mental est absent. Quand la conscience est présente, tout est là. Si la conscience n’est pas là, il n’y a rien. Il n’y a rien qui soit antérieur à la conscience, et il n’y a rien qui perdure au-delà de la conscience. La conscience est éternelle et infinie. Mais elle est sans individualité, sans personnalité. Elle peut prendre la forme de Brahman, de Dieu, ou d’un insecte, ou d’une fourmi. Le monde brille dans la lumière de la conscience. Les créations de la force vitale sont en mouvement. Ne les prenez pas pour des entités individuelles. La connaissance et celui qui connaît apparaissent simultanément. L’un n’est pas créé sans l’autre. Personne n’a une forme personnelle qui soit sa propriété.

Même les déités les plus importantes n’ont pas d’existence par elles-mêmes. Aussi, avec quelle identité personnelle vous voyez-vous ? Toutes les identités se dissoudront.

Personne ne peut prétendre que c’est en faisant certaines choses qu’il a acquis cette forme. Tous les rituels sont faits pour ceux qui croient qu’ils sont le corps. Personne ne désire réaliser d’emblée sa véritable nature. C’est la puissance de Maya. Soudainement, une agitation apparut dans l’état originel. Il s’agit de la conscience des êtres vivants. Vous vous êtes pris pour le corps. C’est une illusion. Quand une telle croyance n’est pas là, il s’agit de l’état naturel. Quand nous sommes tout et toute chose, peut-il y avoir le moindre tourment ?

Nisargadatta Maharaj

jeudi 1er novembre 1979

Extrait de “Méditations avec Sri Nisargadatta Maharaj” aux éditions Aluna

Nirupana 137 – Connaissance et ignorance

ignorance connaissance Nisargadatta

D’ordinaire, les êtres humains n’ont pas la compréhension de ce sujet. Certains s’aventurent tout de même ici et écoutent. Ils pensent que le monde est réel. Avec pour conséquence de penser qu’ils ont un devoir à accomplir. Ils souhaitent que l’expérience de la vie se poursuive. Pour moi le monde est irréel et il n’y a rien qui doit être fait. Je n’ai aucun désir de vivre plus longtemps. La conscience est infime, mais la manifestation, en elle, est si vaste ! Le corps humain est très précieux, rare et difficile à obtenir. Tirez-en le plus grand avantage. Ne commettez jamais le suicide.

L’intellect créé par la Maya est egocentré, mais il n’y a pas d’egocentrage dans le Divin. La conscience qui est arrivée sans qu’on la demande et ne peut être supprimée. Soyez-en juste le témoin.

Quand quelqu’un parle d’un grand sage, j’acquiesce parce qu’il n’est jamais né. Avant tout concept, quel est le premier concept ? C’est la sensation « Je suis ». À qui est apparu ce concept ? Étant donné que vous ne pouvez définir Cela, vous lui donnez le nom « Dieu ». C’est comme donner un nom à un enfant qui vient de naître. Concrètement, ces questions et réponses sont une conversation entre Dieu et Maya. La véritable position reste ce qu’elle est. En rêve, certains dévots ont des visions diverses, etc. Mais qui en a la compréhension ? Et à travers quoi ?

Comment l’expérience passagère pourrait-elle être l’Eternel ? Vous avez connaissance d’être, et c’est une expérience passagère. Celui qui en a connaissance est éternel. La conscience est supportable tant qu’elle reste occupée. C’est exact que le monde est une preuve visible de l’amour. C’est aussi l’association de trois sortes de tourments, à savoir : le corps, le mental et la conscience de soi. Quelle est l’utilité de l’amour ? N’est- ce pas pour faire disparaître tous les tourments ? Sa vraie signification est au-delà d’une compréhension basée sur les mots. La sensation « Je suis » en elle-même est fausse. Alors comment peut-on ensuite parler d’ego et de tout le reste ?

Ici, nous ne montrons aucune voie, ni ne proposons aucune discipline. Si vous appréciez cette parole, vous pouvez l’appeler une guidance. Qui connaît la Vérité ? Qui a assez de pouvoir pour se nommer lui-même ? En réalité, ce n’est qu’une fois la conscience venue que vous avez eu connaissance d’être. Avant que vos parents vous parlent de vous, qu’en connaissiez-vous ? Dites-nous d’où vous venez, sans mentionner vos parents. L’enfance signifie l’ignorance. Une même ignorance se montre comme connaissance dans la jeunesse et la vieillesse. Est-ce que cela ne veut pas dire que c’est cette même ignorance qui parade en tant que connaissance en ce moment ?

Nisargadatta Maharaj

jeudi 25 octobre 1979

Extrait de “Méditations avec sri Nisargadatta Maharaj” aux éd. Aluna