Nirupana 18 – l’ ignorance absolue

méditation avec sri nisargadatta maharaj

Avoir l’impression que « Je sais beaucoup de choses » est l’état d’ignorance. Une fois qu’il est compris que tout cela est pure ignorance, peu importe de parler beaucoup ou pas du tout. Quand vous allez vous coucher, vous êtes le sommeil lui-même. Vous n’êtes pas séparé du sommeil. Au réveil, la connaissance « je suis » émerge en vous et instantanément crée le monde. Quand vous êtes endormi, vous êtes pure ignorance. Qu’est-ce qui se passerait si un jour cette ignorance ne se réveillait pas ? Qui serait là pour mourir ? L’ignorance dort et se réveille tous les jours ! Quel est le sens de la suppression de l’ignorance ? Vous pouvez donner le sens que vous voulez. Mais que se passe-t-il réellement ? Vous, qui êtes réveillé, allez vous coucher. C’est-à-dire que la connaissance devient ignorance. Vous devez saisir l’importance véritable de ce fait. (Dans cette phrase, l’ignorance évoque l’Absolu, alors que la connaissance se réfère à « Je suis »).

Quand Brahman est libéré, Parabrahman reste tel qu’Il est. Ce qui est l’origine de cette « démangeaison » (la succession de joie et de peine), c’est Brahman. Quand cette démangeaison disparaît, reste Parabrahman. Ce que je suis, ici et maintenant, est de l’ignorance réveillée. Le support de toutes choses est l’ignorance, que l’on appelle sommeil. L’état de veille est l’enfant de l’ignorance. S’il y a ignorance, alors peut apparaître la connaissance.

La croyance que vous êtes est créée en vous. Elle est venue sans invitation. La foi et la dévotion sont de l’amour. C’est l’amour pour le Soi.

La certitude que vous êtes est une pure et sainte manifestation de Paramatman. C’est jnana. La reconnaissance du corps se fait à travers cette foi dans le Soi. Les saintes évocations sont pour cette certitude du Soi. Ne vénérez plus l’impermanent (le corps). Ce corps est fait pour nourrir la foi dans le Soi. Le parfum de « Je suis » qui se dégage du corps est Dieu lui-même. Celui qui croit être le corps fait face à la mort.

Vous êtes attaché à différentes sortes de croyances. Vous évoluez en fonction de ce que vous croyez. Oh ! Comme est puissant l’effet des croyances ! Soyez conscient de cela. Votre croyance « Je suis » a pour essence le Guru ou Dieu. Elle est dans votre cœur sous forme de lumière. La lumière du Soi ne meurt jamais. Celui dont la lumière du Soi est immortelle peut-il mourir ? Il ne vivra plus sous cette forme actuelle, c’est tout. La forme est éclairée par cette lumière. La sensation « je suis » est Dieu. On l’appelle saguna-Brahman – le manifesté avec des qualités. Il est contenu dans Parabrahman – l’Absolu sans qualité. Vous êtes Brahman. Le grand mantra, qui vous est donné, est l’expression de Brahman. C’est votre propre nature. Invoquez-la par votre mantra. Assurément, Elle se dévoilera. Celui qui gagne le gros lot de la loterie est heureux. Il se considère comme quelqu’un de riche. Cela survient en un instant. S’il peut en être ainsi, pourquoi le mantra du Guru n’apporte-t-il pas un changement instantané ? Avec la foi dans le Guru, peur et mort disparaissent à jamais. Par la même occasion, la peur de naître disparaît aussi. Alors que vous nourrissez en votre cœur la croyance en votre (nouvelle) existence, votre attitude va se modifier.

La croyance en « Je suis un fragile être humain » va se changer en « Je suis Brahman ». Alors, le travail est accompli. La parole du Guru est parfaite connaissance. Elle est à la fois Être et mouvement. Tenez-la bien. Aucun autre moyen ne permet d’être plus proche.

Nisargadatta Maharaj

dimanche 26 mars 1978

Nirupana 18  de “méditations avec sri Nisargadatta maharaj” aux éd. Aluna

Commentaire : Dans cette phrase, l’ignorance évoque l’Absolu,(Parabrahman) alors que la connaissance se réfère à « Je suis »(Braham, Dieu, conscience témoin et énergie de manifestation tout à la fois).

Nirupana 17 – connaissance du Soi

aux pieds du maître -Nisargadatta

 

La connaissance du Soi signifie avoir une parfaite compréhension de ce que nous sommes précisément. Le corps, pour lequel tous les plus grands soins sont pris, est impermanent et irréel. Quoi que ce soit qui peut être connu, n’est pas la connaissance du Soi. Celui qui croit qu’il va mourir est ignorant. Il devrait s’unir à Sat (qui est éternel), et non pas au corps.

Un sage signifie notre vraie nature, toujours présente et immaculée. Il n’y a pas de personnalité ici. Le sage n’est pas une personne ; il est seulement. Il est en état de satsang permanent. (En sainte compagnie permanente). Cependant, le cours de la vie se poursuit et se termine par la mort. Ce que vous prenez pour vous-même n’est pas votre compagnon ; il ne l’a jamais été et ne le sera jamais. Celui qui supporte toutes choses est un sage (jnani). Peut-il causer de la souffrance aux autres ? Le mouvement des cinq éléments n’est pas le sien. Quelle que soit l’identité que vous essayez de vous modeler dans le but d’être heureux, il faudra la laisser. Vos pensées changent avec l’âge. Vous avez de la fierté à être comme ceci ou comme cela en tant que corps physique. Vous avez l’impression d’être comme ci ou comme ça. La sensation « Je souffre de ceci ou de cela » est l’ignorance. Soyez convaincu que vous êtes autre que les sens ; leur expérience n’est pas votre expérience. Ceci est la condition de Brahman. La conscience pure n’a jamais eu d’expé- rience. Le mental est constitué de la collection d’impressions qui a été en- registrée en lui depuis la naissance. Ce qui constitue le corps est identique à ce qui constitue le monde. Quand cela se prend pour le corps, il de- vient différent du monde. Être un avec le monde, veut dire avoir de la dévotion pour tous les êtres, en tant que Dieu. Celui qui se prend pour le corps n’a ni tolérance, ni patience. Atman est mon Soi. Il est toujours libre. Il n’a pas de forme, mais sa propre lumière est la sensation « Je suis ». C’est la conscience pure. Quand quelqu’un vit cette dimension, sa connaissance est « Je ne suis pas le corps, je suis la conscience qui s’éclaire de sa propre lumière ».

Ce qui est réel ne fait pas des allées et venues ; seul le corps s’en va. Est-ce que votre corps sait que vous êtes assis ici ? Tous les corps de l’univers sont mis en mouvement par la force vitale.

Cette énergie de vie intense est nommée de différentes manières, comme Dieu, Iswara, Atman, etc. En fait, la conscience n’a pas de nom. Les noms sont donnés pour le fonctionnement pratique du monde. Une fois que la conscience quitte le corps, elle ne reconnaît plus le corps. Celle qui est sans limite n’a pas de connaissance d’elle-même. Elle n’a aucune fierté à être comme ceci ou comme cela. Des millions d’êtres naissent dans cette conscience chaque jour.

La même conscience réside en eux.
Votre mémoire fonctionne automatiquement. L’enregistrement se fait chimiquement. Toutes choses dont vous revendiquez être l’auteur s’installent en vous en tant que mémoire. Votre corps est une machine qui produit de l’énergie vitale avec la sensation « Je suis ». Elle mène à bien toutes les activités. Aviez-vous une quelconque expérience pour vous guider dans vos premiers apprentissages ? Ce « Je suis » chimique fait tout. Cette connaissance n’est pas affectée par les trois gunas. Quand il n’y avait pas d’expérience du corps, à quoi ressembliez-vous ? Sans ignorance, il ne peut y avoir de connaissance. Si l’ignorance de dé- part de l’enfant n’est pas là, aucune connaissance ne peut être acquise plus tard. La connaissance apparaît parce qu’il y a ignorance. Quand quelqu’un a l’information « Je suis » avec le corps, cela s’appelle vrutta (connaissance.) Paramatman n’a pas la connaissance d’une existence séparée. Cette information-connaissance est appelée mental, intellect, existence, intuition, etc. Il n’y a rien de vrai en elle. Quand la signification de cela est saisie le mental disparaît.

Est-ce que nous sommes apparus en premier, ou est-ce le mental (les mots) ?

Ce qui est là, l’est par le mot racine « Je ». Comment nommer cet état antérieur aux mots ? Parce que dans les activités quotidiennes, les mots sont pris pour avoir une réalité, le mot « Je suis le corps » s’est collé à vous. Le connaisseur (du Soi) n’expérimente pas consciemment l’information « Je suis ». Quand vous accédez au détachement, la compassion coule à travers vous. Tous les effets indésirables s’évanouissent. Devenir détaché veut dire que vous existez en tant qu’Absolu. En une telle compagnie, ceux qui se trouvent là sont aussi en paix. Celui qui connaît le Soi connaît comment le monde est créé.
L’ego correspond à l’identification au corps. Quand cela s’en va, les comportements liés s’en vont aussi. La vénération de tels sages fait du bien même aux déités. Dieu est redevable au dévot qui se libère du corps. Se libérer du corps pendant « la vie » est la tâche la plus ardue qui soit. La conscience dans le corps n’est rien d’autre que Dieu.

Nisargadatta Maharaj

jeudi 23 mars 1978

  Nirupana 17 p 87  “Méditations avec Sri Nisargadatta Maharaj” éd.Aluna

 

 

Nirupana 16 – Bhagavan

bhagavan

 

« Je ne suis pas le corps, je suis le Soi ». Si vous méditez de la sorte, vous deviendrez Dieu. Ce grand mantra est identique à la conscience pure. Ne la vénérez pas en lui donnant une forme. L’idée que vous êtes le corps doit disparaître. Alors, la suite sera merveilleuse. Vous dites : « J’oublie de méditer. » Mais celui qui le dit ne l’a pas oublié.

Comme l’or est la matière des bijoux, de la même manière la sensation « Je suis » est la matière de tous les mots. Quand la conscience se réalise, on dit que c’est la grâce du Guru. Vous devez être le vivant témoignage de la parole du Guru. L’initiation par le mantra établit une relation particulière avec le Guru. Chacun peut mourir à n’importe quel moment. Alors comment est-ce possible de négliger la parole du Guru ?

Les vrais dévots sont illuminés par la connaissance du Soi. Ils deviennent espace. Quand la fréquence du chercheur change, son com- portement change aussi. Certains s’habillent d’une façon particulière, d’autres vont nus. Certains gardent le silence, et d’autres deviennent volubiles. Comme ils sont réalisés, ils n’agissent plus délibérément. Un être réalisé n’est pas concerné par la façon dont le corps fonctionne. Son comportement n’est gouverné par aucune règle de conduite.

Le parfum de votre être est la sainte présence de Dieu. L’attrait pour la conscience individuelle peut être comparé à une morsure de serpent. Les sages ne se considèrent pas comme le corps, aussi ne sont-ils pas piqués. Le Soi est antérieur à la lumière ou à l’obscurité. Seul le corps ou le mental prend des aspects différents.

Bhagavan signifie la lumière. La lumière de Bhagavan est comme un grand vide fait de lumière. Est-ce qu’il y a une différence entre cette lumière et votre propre lumière ? Quand vous connaissez votre conscience et que vous devenez le témoin, vous comprenez alors que le ciel est votre lumière.
Il n’y a rien en dehors de la lumière de Dieu. La qualité naturelle de Dieu est votre propre conscience. Dès que la conscience apparaît, les cinq éléments apparaissent et le monde avec. Votre regard a la même couleur que l’espace. Tous les noms sont ceux des manifestations de Dieu. Y avait-il un nom avant cela ? Bhagavan signifie la conscience manifestée. Ce par quoi vous savez que vous êtes est Sa nature. Dans toutes choses alentour, il y a Dieu et uniquement Dieu. Est-ce que cette lumière fait une différence entre un homme et une femme ? Tout ceci, dans chacune de ses parties comme dans son ensemble, est conscience. Cette saveur ou cette connaissance de sa propre existence est Bhagavan. Comprendre cela, c’est voir Dieu dans chaque être vivant. Oubliez que vous êtes un être humain. Votre lumière est la lumière de Bhagavan. Dans tout ce qui apparaît, quelle en est la Source lumineuse ? C’est la lumière seule. Elle est présente dans une pierre, mais elle est mise en évidence à travers vous.

Dans toutes choses, il y a seulement une qualité. C’est la conscience. Elle manifeste son existence. Toutes les autres informations arrivent grâce à elle. Paramatman signifie « Je suis moi-même Atman ». Il ne s’agit pas d’une déité. Les dieux le vénèrent. C’est mon propre Soi. Il s’agit de la vraie connaissance directe. Elle est là avant qu’un seul mot ne soit prononcé. Celui qui apparaît et celui qui disparaît trouvent leur repos en Paramatman. Comment cela peut-il être perçu quand il n’y a plus de corps ? Le dévot éclairé dit : « Je ne suis pas le corps. » Alors qu’est ce qui devient illuminé ? (Quand quelqu’un devient réalisé, il ne se considère plus comme un corps. Alors, qui dit : « J’ai atteint la réalisation » ? Autrement dit, il n’y a personne qui devient éveillé. Il n’y a ni connaisseur, ni connu. Personne ne naît, personne ne meurt, rien n’arrive).

Une expérience peut être décrite de multiples façons, mais l’expérimentateur ne peut pas être décrit. Quand les mots se font silence, cela ne fait plus de sens de réciter les noms divins.

Nisargadatta Maharaj

dimanche 19 mars 1978

Nirupana 16 de “méditations avec Sri Nisargadatta Maharaj” éd. Aluna

 

Nirupana 15 – Acceptez le corps comme un habit, mais ne soyez pas le corps.

conscience, rêve, veille, je suis

 

Il est vrai que la fréquentation d’un sage est bénéfique, mais seulement pour celui qui est prêt intérieurement. Celui-ci aura développé la qualité intérieure requise.

Le concept de bien et mal à son importance tant que vous vous pre- nez pour le corps. L’expérience des situations dépend de l’idée que vous en avez. Ce qui est dit à un moment donné est vrai pour ce moment-là. Et sa valeur prend fin une fois ce moment passé.

La lumière de votre être est espace. Est-ce que l’espace est perçu pendant le sommeil profond ? (Pendant le sommeil profond la conscience n’est pas là, il n’y donc pas non plus d’espace). Votre conscience « Je suis » est intimement en vous. Vous avez un grand besoin du sentiment d’être. Vous prenez grand soin de vous pour le préserver. La raison en est que vous savez que vous allez mourir un jour. Ce qui est infini n’a pas besoin que l’on en prenne soin. Est-ce que vous pouvez être présent à vous-même sans effort ? C’est exact, qu’auparavant, vous n’étiez pas connu de vous, mais maintenant vous avez conscience d’être. Vous êtes le témoin de cette connaissance. Le témoin est antérieur à la connaissance.

Vous ne comprendrez pas ce que vous entendez ici, tant que vous n’aurez pas les conditions requises pour. Pour cela vous devez pratiquer la méditation. Le Sadguru vous initie à la méditation et à la conscience. Ce qui n’était pas, maintenant EST. Qui sait qu’il n’était pas là ? De la même manière, qui sait qu’il est là ? Ceux qui affirment que l’on a be- soin de plusieurs naissances pour être libéré se basent sur des ouï-dire. Seule une personne ignorante (de sa vraie nature) suit une foi tradition- nelle. Est-ce que le jnani fait de même ? Voyez directement ce qui est juste. Restez tranquille tant que vous n’êtes pas présent à votre silence. Quand quelqu’un proclame qu’il est libéré, il faut bien comprendre que cette libération survient dans un rêve.

Pourquoi sortez-vous du sommeil profond ? Pourquoi rêvez-vous pendant le sommeil ? Avez-vous réponse à ces questions ? L’état de veille a amené le monde. Pas de réveil, pas de monde.

Le rêve n’est pas vrai. De la même manière l’état de veille est faux. Il n’y a pas de différence entre eux. Ils apparaissent spontanément. Notre conversation fait aussi partie d’un rêve.

Vous savez que vous êtes. Quelle en est la raison ? Approfondissez cela. Pratiquez la méditation, les japas et l’écoute des enseignements. Avec une attention aiguisée, juste par l’écoute, vous serez libéré rapidement. Votre comportement quotidien résulte de vos impressions. Dans un premier temps réfléchissez à tout cela, et ensuite établissez-vous dans un état sans pensées. Ne devenez pas l’esclave de vos pensées. Celui qui atteint l’état où il n’y a pas de pensées n’a plus rien à faire pour sa subsistance et sa sécurité.

Quelle que soit l’expérience faite dans le monde, il n’y a personne qui fait. Tout apparaît spontanément. L’espace est partout, mais la conscience est antérieure à l’espace. La lumière de la conscience est espace. Vous ex- périmenterez son étendue quand votre conscience identifiée disparaîtra. « Je suis » est la pensée racine. Sans cette sensation première, à quoi pourrions-nous nous identifier ? Que sommes-nous dans l’état de sommeil profond ou de transe ? Quand il n’y a pas la sensation « Je suis », on se réfère alors au non manifesté. Toutes les activités d’une vie entière reposent sur le concept « Je suis ». Quoi qu’il en soit, il est sans véritable existence. Ce concept n’est pas né du corps. Même si vous n’avez pas le concept d’être, vous êtes. La conscience est subtile, lumineuse, consciente d’elle-même. Elle est plus subtile encore que l’espace. Vous percevrez tout cela quand vous deviendrez conscience. Acceptez le corps comme un habit, mais ne soyez pas le corps.

Yoga signifie union. Tant qu’il n’y a pas union de purusha et prakriti, il n’y a pas de connaissance de l’être. Un yogi est celui qui réalise cette union. En restant identifié au corps, vous ne pouvez pas accéder à Cela qui est le produit de cette union dans le corps.

Toute chose est identifiée par un nom, qui est un mot. Par conséquent, toutes les interactions sont basées sur ces mots. Le monde n’est pas connu sans les mots. La parole émerge de prana.

Elle apparaît sous différentes formes. La parole est aussi appelée le mental, pour être le produit des impressions reçues par celui-ci. Les comportements sont dictés par le mental.

Laissez-vous imprégner par la conviction « Je ne suis pas le mental ». Quand la conscience atomique se manifeste, le monde entier est créé. Cet atome est la plus subtile conscience. Il ne peut pas y avoir de paix tant que la nature de cet « atome » n’est pas réalisée. Vous vous prenez pour le corps grossier parce que vous n’avez pas réalisé votre corps subtil. Le vaste monde émerge de l’ignorance, et se maintient dans l’ignorance. Il n’est pas réel. Quand vous pourrez véritablement dire « Je ne sais pas », vous serez en Parabrahman.

La bénédiction « Que le meilleur vous arrive » n’a de sens qu’en référence au corps. Depuis le sommeil profond, l’état de veille a germé. Sans lui pas de monde. Les deux sont illusoires. C’est la maya-racine. Toute l’existence est faite de mots. C’est pourquoi il vous faut sortir des mots. Saisissez l’irréalité des activités du monde, elles n’auront plus le pouvoir de vous faire souffrir. Voyez comment et pourquoi toutes ces choses sont venues à l’existence.

Extrait du Nirupana 15 de “méditations avec sri Nisargadatta Maharaj”  éd. Aluna

Nirupana 14 – Ici où apparaissent veille et sommeil

veille et sommeil conscience

Un enseignant transmet ses propres concepts. Des gens sont en accord avec cela et deviennent ses élèves. C’est ainsi que se créent différents courants. Cependant la réalité est différente. Comment Cela qui n’a ni commencement ni fin pourrait-il être conceptualisé ? Néanmoins, chacun poursuit ses pratiques et rituels en accord avec ses propres conceptions. Il y est obligé, parce qu’il ne peut rester sans rien faire. Sai Baba de Shirdi faisait exception. Immergé en permanence dans l’Absolu, il n’avait pas de concepts à transmettre. Il ne donnait pas d’initiation. Il n’avait pas de disciples ni de foules autour de lui.

Pendant ce jeu du corps et du prana, il y a expérimentation d’un concept sous une forme ou sous une autre. La plupart des êtres sont attachés au corps. Rare est celui qui reconnaît que le corps dépend de la conscience. C’est la nature du temps qui fait dire à quelqu’un : « Je suis le corps, c’est moi qui agis », et alors misères et joies s’ensuivent. Penser « Je suis comme cela ou comme ceci » est un savoir périphérique. Voir sa vraie nature est une connaissance intérieure directe.

L’ignorance (la conscience) apparaît et brille, mais c’est temporaire. Par la succession des états de veille et de sommeil, il n’y a pas de stabilité. Tant que vous vous identifiez à l’état de veille, il ne peut pas y avoir de paix durable. Laissez s’en aller tout ce que vous n’êtes pas. Pour Cela, aucune action n’est requise.

Dans la Gîta, Arjuna, après avoir été illuminé, dit à Krishna : « Aussi longtemps que cette conscience sera là, je suivrai tes conseils, je ferai ce que tu me dis. » Son samâdhi était sans interruption, alors même qu’il combattait l’ennemi sur le champ de bataille. Sa paix restait inaltérée. Vous connaîtrez cela seulement après avoir réalisé le Soi. Quand vous aurez saisi cela, il n’y aura plus de nécessité de connaître autre chose. Krishna disait : « Votre conscience à travers les cinq éléments prend soin de vous. C’est Ma propre manifestation. » Acceptez la conscience comme Guru et vénérez-la. Elle soutient toutes les manifestations. Elle n’a pas une forme qui lui soit propre. Elle s’éclaire elle-même. Elle s’est présentée à vous sans invitation. La félicité qui provient directement de cette conscience n’a rien à voir avec une joie matérielle. Elle soutient d’innombrables êtres. L’amour la satisfait, elle est une fidèle de l’amour. Le parfum de votre être est l’amour (la sensation « je suis » est l’amour.) N’oubliez pas sa valeur. Les écritures évoquent sa grandeur. Elle a votre cœur pour demeure. Elle vous offrira illumination, perfection, et vous emplira de félicité. Sans elle, la langue ne peut pas goûter. Quand cette si petite conscience s’en va, on dit alors que la personne est morte.

Elle, qui se connaît elle-même, est en vous votre propre sentiment d’être. Elle est toute félicité. Aucunement séparée de vous. Sans elle, pas de possibilité d’être témoin. Elle est telle les pieds bénis du Guru. Elle est la force de vie. Elle a le parfum de l’amour de soi.

Votre vraie nature est antérieure aux cinq éléments, au soleil et à la lune. Les Écritures ne se lassent pas de faire son éloge. Elle est microscopique. Elle nourrit et prend soin du corps. Prenez refuge à ses pieds, elle est votre vraie nature. Elle est la parole du Guru. C’est à travers elle que vous serez libéré. Une fois libéré, vous pourrez alors vous comporter à votre aise.

Quand vous êtes amené à parler à des personnes qui sont dans l’ignorance de cela, ne les contrariez pas. Ne réagissez pas. Ce qu’ils croient, en accord avec leur compréhension, est correct.

N.M

dimanche 5 mars 1978, recueilli dans “Méditations avec Sri -Nisargadatta Maharaj” éd. Aluna

veille et sommeil conscience

Nirupana 13 – Au delà du Temps !

 

Nirupana 13

 

 Observez votre vie présente. Comment et pourquoi est-elle comme cela ?

Rendez-vous compte que c’est un spectacle temporaire.

Vous faites appel à Dieu, mais où était Dieu avant que vous ayez connaissance d’être ?

Remontez à la source de tout ceci. Ce qui existe à travers

le temps ne peut durer, parce que le temps lui-même n’a pas de réalité.

Vos pensées changent aussi au fil du temps. Le manifesté est lié au temps. Les dieux et déités résultent du pouvoir du verbe. Nous sommes vivants grâce au verbe. Le pouls lui-même est verbe. Quelle que soit votre croyance, elle est vraie pour vous. Cependant, elle est liée au temps et n’est pas éternelle.

La Vérité est non manifestée.

Méditez sur ce par quoi vous savez que vous êtes.

Naissance et mort sont des non-sens. Qui est né ? Ce n’est qu’un « sport » des cinq éléments. La force vitale joue à sa guise, assemblant et mélangeant les cinq éléments en une forme corporelle. Par eux- mêmes, les cinq éléments n’ont pas d’intelligence. Pourquoi un Dieu miséricordieux créerait-il un tel monde ? Il n’y a pas de créateur. Le monde est là par la dualité.

Pas de dualité, pas de monde. Les gens qui veulent faire de l’argent ne devraient faire que cela. La quête spirituelle et la préservation de votre bien-être ne peuvent pas être menées en même temps. La spiritualité n’est possible que quand vous lâchez prise sur tout. Tant que vous vous prenez pour le corps, ce que vous dites est vrai pour vous. Ce n’est pas plus vrai que la réalité du corps. Toutes les activités prennent place suite à l’apparition de la conscience dans le corps. La sensation de joie ou de peine est liée à la sensation « Je suis ». Sommeil et veille viennent spontanément. Ils ne résultent pas de votre volonté. Ce qui soutient le rêve, soutient la veille. Où trouver encore de la place pour un profit ou une perte quand il n’y a plus de pensées telles que « Je suis comme ci, je suis comme ça » ? Avez-vous déjà examiné comment la sensation « Je suis » est créée et quelle est sa durée ?

Une telle connaissance ne devrait être partagée qu’avec ceux qui sont dans une voie de détachement.

Pourquoi les gens sont-ils intéressés par les miracles ? Le plus grand des miracles n’est-il pas celui de votre existence ? Grâce à cela, c’est le monde entier qui est créé en un instant.

En s’exerçant à certaines pratiques, il est possible d’acquérir certains pouvoirs spirituels (siddhi). La connaissance du Soi n’a rien à voir avec ça. En tant que conscience, vous êtes avant l’espace. En allant vous coucher, dites au moins : « Je suis espace. » Cette connaissance est au- delà des mots. Ce n’est pas par les privations ou les incantations (japa) qu’elle s’acquiert. Sri Krishna l’enseignait à travers l’amour. Beaucoup d’êtres s’impliquent dans divers rituels et techniques. Ils en obtiendront quelques visions qui les satisferont. La connaissance du Soi n’est pas du domaine des concepts. Elle est avant les mots. Elle est éternelle. Pourquoi et d’où les expériences du monde et de soi nous arrivent-elles ? De quelle manière sommes-nous antérieurs à ces expériences ? C’est ceci qu’il faut saisir. Continuez d’écouter jusqu’à ce qu’il n’y ait plus aucun doute sur votre identité et l’apparition de votre existence. La confiance et la dévotion envers le Guru amènent spontanément cette compréhension. Cette connaissance, une fois acquise, ne peut plus être perdue. Celui qui expérimente l’état de samâdhi ne s’implique plus dans les affaires du monde. Sans une confiance totale dans le Guru, cette connaissance n’est pas possible. Krishna enseignait la connais- sance ultime : comment l’univers apparaît et disparaît, tandis que le non manifesté est immuable. Cette connaissance directe n’est pas du domaine des mots. Quand le manifesté se dissout dans le non manifesté, le samâdhi s’ensuit. Nous voulons l’expliquer par des mots, mais cette connaissance est sans mots. Comment un état sans mots peut-il être expliqué par des mots ? Tout doute doit être effacé. Le savoir du monde n’y est d’aucune utilité. Par le fait d’y prêter attention, cette connaissance grandit, transparaît en tout, pour finir par se dissoudre dans l’Absolu. Elle est confortée par l’amour et la dévotion portés au Guru. Celui qui écoute doit avoir un cœur pur. Vous n’accédez à la joie qu’en vous oubliant. Toutes les autres activités sont des divertissements.

L’amour porté au Guru n’est pas une chose ordinaire. Celui qui sans cesse répète le mantra réalisera la Vérité. Rappelez-vous sans cesse que la conscience est identique à la parole du Guru. Gardez cela présent ; c’est la méditation. Quand le sens de la parole du Guru se met à germer, un nouvel accès est offert à la compréhension. Celui qui le reçoit comprend comment la conscience temporaire émerge de sa nature éternelle (Absolu). Votre corps est la nourriture de la conscience. C’est parce qu’il y a de la nourriture que vous avez un sentiment d’existence. Par la foi dans les mots du Guru, tout trouve explication. Le simple dévot sera libéré plus vite que l’intellectuel. Si au dernier instant, la peur de mourir surgit, le dévot peut faire appel à Dieu, s’oublier et être dissous dans la conscience universelle. Alors le prana s’en va, et il n’y a plus de renaissance. Alors que l’intellectuel sera prisonnier de concepts, et renaîtra en accord avec ses derniers concepts.

Nisargadatta Maharaj

jeudi 2 mars 1978

extrait de “méditations avec Sri nisargadatta Maharaj” ed. aluna p73

Nirupana 12 – le véritable Guru

véritable guru brahman Nisargadatta Nirupana

 Bien qu’elle apparaisse extérieure, votre conscience contient l’immensité

du monde phénoménal. Celui-ci, en tant que création de cette

subtile conscience, n’est pas vrai. Seul Brahman  est vérité. Restez fixé

sur cela. C’est la véritable méditation. Tant que vous serez à la recherche

d’un profit personnel, vous ne pourrez réaliser le Soi.

Atman  est notre vraie nature. C’est la conscience sans forme.

Par la combinaison du corps, de prana  et d’Atman,  apparaît la sensation « je suis ».

Laissez de côté vos problèmes et restez installé dans le Soi.

Le corps a une forme, mais la conscience dans le corps n’en a pas.

En prenant le corps pour votre forme, la dualité est créée. Elle apporte avec elle l’expérience de la joie et de la tristesse.

Ayez pour seule attention la conscience par laquelle tout est expérimenté. Elle est antérieure à l’intellect.

La connaissance (jnana)  est appelée le Guru . Cela veut dire que c’est la connaissance à travers l’enseignant qui est le Guru .

Là où il y a expérience du Soi, il y a félicité. Nous sommes cette félicité. La conscience est le bourdonnement de l’être. Le saisir, c’est méditer.

Parmi les gens qui disent être heureux, est-ce qu’il y en a qui ont expérimenté la félicité ? Notre vraie nature n’est ni la joie, ni la peine.

Le Soi, Lui-même, est félicité.

Porter de la dévotion au Guru,  c’est vénérer sa parole.

Ce qui revient à porter de la dévotion à notre propre conscience.

« Je suis » est avant l’intellect, avant toutes qualités. Il est comme l’espace. Il est le ciel infini de la conscience. Tout autant insondable que stupéfiant.

Gardez l’attention fixée sur Lui. Vénérez-le sans aucune dualité. Ne vous identifiez pas au corps. Vous êtes l’océan de félicité. Abandonnez-vous à ces mots du Guru  : « Je ne suis pas le corps, je suis la force de vie, je suis sans forme, je suis Brahman  qui donne vie au corps. »

Il n’y a pas de limite à la joie véritable, quand il n’y a pas de limite à la conscience par une identification.

La conscience vous soutiendra, si vous avez foi dans la parole

du Guru.  La mort n’a plus prise sur vous quand votre seule préoccupation

intérieure est la dévotion que vous portez au Guru . La conscience

se manifeste de différentes manières, y compris par toutes sortes de

visions. Celui qui est fermement établi dans l’enseignement du Guru  n’a

aucune peur. C’est uniquement à cause de l’identification au corps que

notre dimension d’Atman , qui est pure félicité, doit endurer des états

miséreux. Ne vous prenez pas pour un individu, restez dans la présence

du Tout manifesté. Son corps est espace.

N.M

extrait de “méditations avec Sri nisargadatta Maharaj” ed. aluna p71

Nirupana 11 – Méditation du Soi

méditation du Soi

 

Nirupana 11  extrait

jeudi 9 février 1978

Quoi qu’il arrive ou n’arrive pas, cela prend place en Dieu ( conscience “je suis” témoin), à travers Dieu ( en tant que conscience “Je suis” manifestée.)

Vous n’êtes pas concerné par cela.( en tant que Soi)

Être présent à cela tout au long de la journée est la méditation du Soi.

Que le prana ( la force de vie, la conscience en tant qu’énergie de manifestation) s’en aille, maintenant ou dans dix mille ans, il n’y aura ni gain ni perte pour le jnani ( ce qui a connaissance de sa véritable Nature- le Soi, antérieur à la conscience) .

N.M  de “méditations avec Sri Nisargadatta Maharaj” éd. Aluna

Nirupana 10 – pèlerinage

Quand vous regardez la lune, que voyez-vous entre elle et vos yeux ? L’espace entre n’est pas vu. De la même façon, votre propre lumière, par laquelle vous regardez, n’est pas vue. L’espace et la conscience sont une seule et même chose. Votre conscience est espace.

Dans un énoncé logique, la création se déroule ainsi : en premier apparaît la graine de conscience, avec la sensation « Je suis » ; ensuite l’espace, suivi par les quatre autres éléments. Il en est ainsi. Celui qui a réalisé sa propre conscience, l’origine et la cause de celle-ci, en est le témoin. Il n’agit pas. Quand le roi est assis sur le trône, les affaires suivent leur cours, juste par sa présence. De la même façon, le témoin n’agit pas. Avec la naissance, la sensation « Je suis » apparaît. Avant la naissance, cette sensation n’existait pas. L’énergie vitale effectue toutes les actions. Le connaisseur est antérieur au connu. (Le connaisseur si- gnifie le Soi ou Paramatman qui est antérieur à la conscience). Il s’agit de l’état non manifesté. C’est la véritable nature de tout être. Celui qui réalise cet état est appelé jnani. L’ignorant associe la sensation « Je suis » au corps, le chercheur l’associe à la conscience pure, alors que le jnani ne s’identifie à rien. Une fois cela écouté, voyez ce qu’il en est de votre état présent. Il n’y avait pas de concepts avant la naissance, mais une paix infinie. Le concept « Je suis » émerge à travers l’énergie de sattva guna. La conscience identifiée est appréciée uniquement par ignorance. Le chercheur l’apprécie en tant que connaissance. L’être réalisé n’est plus concerné par cette satisfaction. Celui qui connaît est antérieur à la connaissance. Il est dit que parfois un remède peut être aussi l’obstacle. Il reste encore un remède de valable pour vous, la récitation de votre mantra ; votre conscience se renforcera. Votre détermination en sera renforcée. Plus la confiance dans le Guru est grande, plus l’aboutissement est rapide. Si vous identifiez le Guru à un être humain, votre conscience vous harcellera. Celui qui suit ses recommandations en toute confiance, aura la satisfaction de la réalisation dans ce corps. Se rendre signifie abandonner la conscience identifiée au corps. Tout offrir à Brah- man veut dire rester sans qualités personnelles. Agissez avec la conviction que la conscience, qui soutient l’univers dans son entier, agit à travers vous. Par vous-même, vous êtes incapable de quoi que ce soit. Toutes les actions sont supportées par la force vitale.

Le Guru vous amène à la conscience. C’est par votre présence en tant que conscience pure que les endroits visités lors d’un pèlerinage prennent leur dimension de lieux saints. Il n’y a rien de plus sacré que la conscience. Quand vous réalisez le Soi, il n’y a rien de plus saint que vous.
Quand vous aurez saisi cela, il n’y aura plus le besoin de chercher la compagnie d’autrui. Celui qui éprouve de la fierté pour « son » éveil est un ignorant. Qui pourrait éprouver de la fierté, quand il réalise que rien ne s’est passé ?

L’amour implique votre besoin d’exister. L’amour est infini et illimité. La conscience a émergé en nous sans que nous en ayons connaissance. Elle est sans forme, sans caste, sans conviction. Elle est l’expression la plus pure de l’énergie vitale, ou encore la puissance de cet amour qui fait ressentir « Je suis ».

Un jnani ne rentre pas en compétition. Il se tient en dehors des critiques. Ceux qui n’apprécient pas un jnani, le font par l’immaturité due à leur identification au corps. Ils ne comprennent pas ce que le jnani exprime. Par la grâce du Guru, la compréhension peut venir en un instant. Ne prêtez pas au Guru, sans qualité et sans forme, une conscience identifiée. Ce que vous entendez maintenant est le fruit de l’expérience du Soi. Ce ne sont pas des paroles rapportées. À qui appartient cette voix ? Quand a-t-elle était créée et pourquoi ? C’est la voix du prana. Ce n’est pas votre voix. Méditez à partir de votre conscience, pas en étant identifié à votre corps. Seul l’amour se déploie à travers les trois gunas et les cinq éléments. C’est l’amour de soi.

La dévotion au Guru vous ouvre les yeux. Ce qui est vu sans les yeux est supérieur. Avant que les yeux s’ouvrent, la lumière est d’un bleu profond. Aussitôt que les yeux s’ouvrent, elle devient transparente. Soyez fidèle au Sadguru. Ne Lui surimposez pas votre conscience identifiée. Une fois reconnue la conscience-graine, tout prend la forme d’une offrande à Brahman. (Un non-attachement aux activités quotidiennes s’ensuit).
Qui parle ? Est-ce vous ? Le verbe appartient à l’espace. Vous êtes avant l’espace. Mon Guru avait l’habitude de dire : « Peu importe l’âge que vous avez, vous êtes un enfant. » (Le corps vieillit. La conscience est toujours dans le présent, tel un nouveau-né). Toutes sortes de pratiques existent dans le monde. Faire des actions miraculeuses à partir de pouvoirs spirituels s’apprend aussi. Je ne suis pas allé dans cette voie. J’ai uniquement étudié la nature du Soi comme enseignée par mon Guru. Comparé à la réalisation du Soi, tout le reste est insignifiant. Sans la confiance dans le Guru, vous n’aurez de cesse d’aller d’enseignants en lieux saints indéfiniment. Si vous suivez les mots de votre Guru, plus besoin d’aller chercher ailleurs.

Nisargadatta Maharaj

dimanche 29 janvier 1978

Extrait de ” Méditations avec Sri Nisargadatta” Ed. Aluna

 

 

Nirupana 9 – Le feu suprême

Votre vraie nature n’est pas différente de Parabrahman. Votre identité est basée sur votre corps et vous vous considérez comme un homme ou une femme. C’est une erreur de vous appeler vous-même un être humain. Cela qui écoute maintenant est votre vraie nature ; elle est pure conscience. C’est une erreur que de l’appeler un corps. Votre véritable identité est là avant votre connaissance. Quelle que soit la forme à laquelle vous vous identifiez, elle ne durera pas. En réalité, vous n’avez ni naissance, ni mort. Elles appartiennent au corps.

Votre conscience ( identifiée) est un produit de l’activité des trois gunas. Votre sensation de joie ou de peine dépend de la conscience. Mais cette conscience disparaîtra comme une flamme s’éteint. Le feu suprême est la réalisation du Soi.

Est-ce que le soleil sait que sa luminosité varie ? Vous en faites l’expérience par la qualité de votre propre lumière. La plus importante des trois qualités est la qualité de conscience – Sattva. Vous connaissez toute chose par celle-ci. Qui crée les maisons, machines, routes, etc. ? N’est-ce pas le fruit de la conscience de quelqu’un ?

Vous vous rendez esclave de vos besoins. Vous serez libre de cet esclavage quand vous réaliserez que ce qui est en train d’écouter est libre et sans forme. C’est votre véritable nature. Reconnaissez la nature de Cela par quoi vous vous sentez être.

Vous parler de votre vraie nature, à travers ce qu’elle est et comment elle se manifeste, est la signification du mot Nirupana. Tout ce que vous concevez par le mental ne durera pas. Le sens de « moi » et « mien » est une caractéristique naturelle de la conscience( identifiée). Saisissez le principal guna – sattva – en tant que jnana. Vivez une vie sans attente. Alors, automatiquement, les attachements s’en iront. Reconnaissez que vous êtes sans exigence. Votre véritable nature est là spontanément. Ne la dérangez pas avec le mental. Vous avez toujours pris Dieu pour soutien. Cela ne veut pas dire que vous connaissez Dieu. Rama, Krishna et Vishnu, sont des noms donnés à des corps. Ils sont à l’origine d’une vénération pour avoir réalisé la Vérité. S’il médite sur elles, un dévot peut avoir des visions de déités conformes à ce qu’il en aura entendu. D’où provient une telle vision ? Lui, lui-même, en est l’origine. Quoi que vous ayez pris pour acquis, cela n’a pas de valeur. Vous n’avez aucun contrôle sur les activités quotidiennes. Elles se poursuivent d’elles-mêmes. Une fois installé réellement dans le Soi, vous ne désirez plus rien.

Brahman, Vishnu et Shiva (Dieu dans ses dimensions de créateur, soutien et destructeur du monde), sont les noms de votre Soi. Jiva est né comme un questionnement du temps. Les désirs sont associés à la nature de Jiva. Votre connaissance du monde dépend de votre conscience. Quand quelqu’un dit : « J’explore le subtil », qu’est-ce que ça signifie ? Cela, évidemment, concerne la conscience, la sensation « Je suis », qui n’a pas de forme, pas de couleur ; qui a une saveur, celle de la conscience d’être. Quelle relation entretenez-vous avec cette connaissance ? Est-ce qu’elle meurt quand le corps, fait des cinq élé- ments, cesse d’exister ? Imaginez quelle serait votre apparence sans le corps ?
Garder à l’esprit ce que vous venez d’entendre et le prendre comme sujet de méditation sera le meilleur des remèdes. À travers la pratique d’une telle méditation, vous assisterez à une transformation constante, jusqu’à ce que vous atteigniez un état où il n’y a plus de changement.

La Vérité n’a pas de connaissance d’Elle-même (puisque sans mani- festation). Pointez constamment vers cela. Faites sortir la conscience identifiée de votre mode de pensée. Quelle que soit votre obstination à le croire, vous ne pouvez pas être un homme ou une femme pour toujours. Les cinq éléments retourneront aux cinq éléments. Même si vous ne pouvez pas comprendre tout ceci, saisissez au moins Cela par quoi vous avez la connaissance « Je suis ». Encore une fois, je vous le redis : « Méditez en permanence sur votre objectif. Il vous illuminera. »

Votre mental a besoin de quelque chose à quoi penser. Vous ne pouvez supporter votre conscience sans la recouvrir de pensées. Méditer sur le Soi est possible uniquement par la grâce du Guru. Une telle méditation est unique et rarement proposée. De par sa nature, le temps ne permet pas aux choses de rester stables. Si vous ne pouvez pas foca- liser l’attention sur l’objectif (la conscience), alors appelez-la « Guru » et dites : « Je médite sur mon Guru. »
Tout cela est simple. Le monde est une création de votre propre conscience.

Purusha en est le témoin immobile, l’observateur, et prakiti (la puis- sance du prana) agit à travers le corps. Le mental, l’intellect ou l’intuition sont tous des noms du prana. Il n’y a pas de séparation entre jnana (la conscience) et prana (la force vitale). Elles sont les deux faces d’une même pièce. Alors si prana est satisfait, la conscience l’est aussi. Quand vous méditez sur la force vitale, la méditation sur la conscience se développera indirectement. Les deux sont sans forme. Toutes les activités se déploient grâce à elles. Comment quelqu’un pourrait-il soutenir que jnana et prana meurent quand le corps disparaît ?

Vos pensées « moi, mien » vous empêchent de connaître le Soi, ce qui vous fait vivre d’une manière indigne. Rappelez-vous au moins ce que sont purusha et prakiti. Allez jusqu’au bout de votre union à Prana. Prana est Dieu. Il implique le mouvement. Au dénouement, le témoin du mouvement et le mouvement se dissolvent dans cet état sans qualité aucune. Pour le sage, le moment où le prana quitte le corps, à l’occasion du « grand départ », est une célébration.

« Attendez un moment à la porte de Dieu. Les quatre sortes de libération sont là. » La signification de cette citation est que si vous restez présent au Soi un certain temps, vous serez libéré. Le Guru vous libère. Il vous initie en disant : « Votre véritable nature est identique à la mienne. » Il vous transmet le mantra, en ne vous considérant pas comme un homme ou une femme, mais comme la conscience qui écoute. Le jiva est parfait, et pourtant il gémit encore sur la peur de mourir. Le sage ressent de la compassion pour le jiva, pour sa condition. C’est pour cela aussi qu’il peut paraître en colère et impatient.

Nisargadatta Maharaj

dimanche 22 janvier 1978

Extrait de “Méditations avec Sri Nisargadatta Maharaj” aux éditions des deux Océans