Nirupana 15 – Acceptez le corps comme un habit, mais ne soyez pas le corps.

conscience, rêve, veille, je suis

 

Il est vrai que la fréquentation d’un sage est bénéfique, mais seulement pour celui qui est prêt intérieurement. Celui-ci aura développé la qualité intérieure requise.

Le concept de bien et mal à son importance tant que vous vous pre- nez pour le corps. L’expérience des situations dépend de l’idée que vous en avez. Ce qui est dit à un moment donné est vrai pour ce moment-là. Et sa valeur prend fin une fois ce moment passé.

La lumière de votre être est espace. Est-ce que l’espace est perçu pendant le sommeil profond ? (Pendant le sommeil profond la conscience n’est pas là, il n’y donc pas non plus d’espace). Votre conscience « Je suis » est intimement en vous. Vous avez un grand besoin du sentiment d’être. Vous prenez grand soin de vous pour le préserver. La raison en est que vous savez que vous allez mourir un jour. Ce qui est infini n’a pas besoin que l’on en prenne soin. Est-ce que vous pouvez être présent à vous-même sans effort ? C’est exact, qu’auparavant, vous n’étiez pas connu de vous, mais maintenant vous avez conscience d’être. Vous êtes le témoin de cette connaissance. Le témoin est antérieur à la connaissance.

Vous ne comprendrez pas ce que vous entendez ici, tant que vous n’aurez pas les conditions requises pour. Pour cela vous devez pratiquer la méditation. Le Sadguru vous initie à la méditation et à la conscience. Ce qui n’était pas, maintenant EST. Qui sait qu’il n’était pas là ? De la même manière, qui sait qu’il est là ? Ceux qui affirment que l’on a be- soin de plusieurs naissances pour être libéré se basent sur des ouï-dire. Seule une personne ignorante (de sa vraie nature) suit une foi tradition- nelle. Est-ce que le jnani fait de même ? Voyez directement ce qui est juste. Restez tranquille tant que vous n’êtes pas présent à votre silence. Quand quelqu’un proclame qu’il est libéré, il faut bien comprendre que cette libération survient dans un rêve.

Pourquoi sortez-vous du sommeil profond ? Pourquoi rêvez-vous pendant le sommeil ? Avez-vous réponse à ces questions ? L’état de veille a amené le monde. Pas de réveil, pas de monde.

Le rêve n’est pas vrai. De la même manière l’état de veille est faux. Il n’y a pas de différence entre eux. Ils apparaissent spontanément. Notre conversation fait aussi partie d’un rêve.

Vous savez que vous êtes. Quelle en est la raison ? Approfondissez cela. Pratiquez la méditation, les japas et l’écoute des enseignements. Avec une attention aiguisée, juste par l’écoute, vous serez libéré rapidement. Votre comportement quotidien résulte de vos impressions. Dans un premier temps réfléchissez à tout cela, et ensuite établissez-vous dans un état sans pensées. Ne devenez pas l’esclave de vos pensées. Celui qui atteint l’état où il n’y a pas de pensées n’a plus rien à faire pour sa subsistance et sa sécurité.

Quelle que soit l’expérience faite dans le monde, il n’y a personne qui fait. Tout apparaît spontanément. L’espace est partout, mais la conscience est antérieure à l’espace. La lumière de la conscience est espace. Vous ex- périmenterez son étendue quand votre conscience identifiée disparaîtra. « Je suis » est la pensée racine. Sans cette sensation première, à quoi pourrions-nous nous identifier ? Que sommes-nous dans l’état de sommeil profond ou de transe ? Quand il n’y a pas la sensation « Je suis », on se réfère alors au non manifesté. Toutes les activités d’une vie entière reposent sur le concept « Je suis ». Quoi qu’il en soit, il est sans véritable existence. Ce concept n’est pas né du corps. Même si vous n’avez pas le concept d’être, vous êtes. La conscience est subtile, lumineuse, consciente d’elle-même. Elle est plus subtile encore que l’espace. Vous percevrez tout cela quand vous deviendrez conscience. Acceptez le corps comme un habit, mais ne soyez pas le corps.

Yoga signifie union. Tant qu’il n’y a pas union de purusha et prakriti, il n’y a pas de connaissance de l’être. Un yogi est celui qui réalise cette union. En restant identifié au corps, vous ne pouvez pas accéder à Cela qui est le produit de cette union dans le corps.

Toute chose est identifiée par un nom, qui est un mot. Par conséquent, toutes les interactions sont basées sur ces mots. Le monde n’est pas connu sans les mots. La parole émerge de prana.

Elle apparaît sous différentes formes. La parole est aussi appelée le mental, pour être le produit des impressions reçues par celui-ci. Les comportements sont dictés par le mental.

Laissez-vous imprégner par la conviction « Je ne suis pas le mental ». Quand la conscience atomique se manifeste, le monde entier est créé. Cet atome est la plus subtile conscience. Il ne peut pas y avoir de paix tant que la nature de cet « atome » n’est pas réalisée. Vous vous prenez pour le corps grossier parce que vous n’avez pas réalisé votre corps subtil. Le vaste monde émerge de l’ignorance, et se maintient dans l’ignorance. Il n’est pas réel. Quand vous pourrez véritablement dire « Je ne sais pas », vous serez en Parabrahman.

La bénédiction « Que le meilleur vous arrive » n’a de sens qu’en référence au corps. Depuis le sommeil profond, l’état de veille a germé. Sans lui pas de monde. Les deux sont illusoires. C’est la maya-racine. Toute l’existence est faite de mots. C’est pourquoi il vous faut sortir des mots. Saisissez l’irréalité des activités du monde, elles n’auront plus le pouvoir de vous faire souffrir. Voyez comment et pourquoi toutes ces choses sont venues à l’existence.

Extrait du Nirupana 15 de “méditations avec sri Nisargadatta Maharaj”  éd. Aluna

Nirupana 14 – Ici où apparaissent veille et sommeil

veille et sommeil conscience

Un enseignant transmet ses propres concepts. Des gens sont en accord avec cela et deviennent ses élèves. C’est ainsi que se créent différents courants. Cependant la réalité est différente. Comment Cela qui n’a ni commencement ni fin pourrait-il être conceptualisé ? Néanmoins, chacun poursuit ses pratiques et rituels en accord avec ses propres conceptions. Il y est obligé, parce qu’il ne peut rester sans rien faire. Sai Baba de Shirdi faisait exception. Immergé en permanence dans l’Absolu, il n’avait pas de concepts à transmettre. Il ne donnait pas d’initiation. Il n’avait pas de disciples ni de foules autour de lui.

Pendant ce jeu du corps et du prana, il y a expérimentation d’un concept sous une forme ou sous une autre. La plupart des êtres sont attachés au corps. Rare est celui qui reconnaît que le corps dépend de la conscience. C’est la nature du temps qui fait dire à quelqu’un : « Je suis le corps, c’est moi qui agis », et alors misères et joies s’ensuivent. Penser « Je suis comme cela ou comme ceci » est un savoir périphérique. Voir sa vraie nature est une connaissance intérieure directe.

L’ignorance (la conscience) apparaît et brille, mais c’est temporaire. Par la succession des états de veille et de sommeil, il n’y a pas de stabilité. Tant que vous vous identifiez à l’état de veille, il ne peut pas y avoir de paix durable. Laissez s’en aller tout ce que vous n’êtes pas. Pour Cela, aucune action n’est requise.

Dans la Gîta, Arjuna, après avoir été illuminé, dit à Krishna : « Aussi longtemps que cette conscience sera là, je suivrai tes conseils, je ferai ce que tu me dis. » Son samâdhi était sans interruption, alors même qu’il combattait l’ennemi sur le champ de bataille. Sa paix restait inaltérée. Vous connaîtrez cela seulement après avoir réalisé le Soi. Quand vous aurez saisi cela, il n’y aura plus de nécessité de connaître autre chose. Krishna disait : « Votre conscience à travers les cinq éléments prend soin de vous. C’est Ma propre manifestation. » Acceptez la conscience comme Guru et vénérez-la. Elle soutient toutes les manifestations. Elle n’a pas une forme qui lui soit propre. Elle s’éclaire elle-même. Elle s’est présentée à vous sans invitation. La félicité qui provient directement de cette conscience n’a rien à voir avec une joie matérielle. Elle soutient d’innombrables êtres. L’amour la satisfait, elle est une fidèle de l’amour. Le parfum de votre être est l’amour (la sensation « je suis » est l’amour.) N’oubliez pas sa valeur. Les écritures évoquent sa grandeur. Elle a votre cœur pour demeure. Elle vous offrira illumination, perfection, et vous emplira de félicité. Sans elle, la langue ne peut pas goûter. Quand cette si petite conscience s’en va, on dit alors que la personne est morte.

Elle, qui se connaît elle-même, est en vous votre propre sentiment d’être. Elle est toute félicité. Aucunement séparée de vous. Sans elle, pas de possibilité d’être témoin. Elle est telle les pieds bénis du Guru. Elle est la force de vie. Elle a le parfum de l’amour de soi.

Votre vraie nature est antérieure aux cinq éléments, au soleil et à la lune. Les Écritures ne se lassent pas de faire son éloge. Elle est microscopique. Elle nourrit et prend soin du corps. Prenez refuge à ses pieds, elle est votre vraie nature. Elle est la parole du Guru. C’est à travers elle que vous serez libéré. Une fois libéré, vous pourrez alors vous comporter à votre aise.

Quand vous êtes amené à parler à des personnes qui sont dans l’ignorance de cela, ne les contrariez pas. Ne réagissez pas. Ce qu’ils croient, en accord avec leur compréhension, est correct.

N.M

dimanche 5 mars 1978, recueilli dans “Méditations avec Sri -Nisargadatta Maharaj” éd. Aluna

veille et sommeil conscience

Nirupana 13 – Au delà du Temps !

 

Nirupana 13

 

 Observez votre vie présente. Comment et pourquoi est-elle comme cela ?

Rendez-vous compte que c’est un spectacle temporaire.

Vous faites appel à Dieu, mais où était Dieu avant que vous ayez connaissance d’être ?

Remontez à la source de tout ceci. Ce qui existe à travers

le temps ne peut durer, parce que le temps lui-même n’a pas de réalité.

Vos pensées changent aussi au fil du temps. Le manifesté est lié au temps. Les dieux et déités résultent du pouvoir du verbe. Nous sommes vivants grâce au verbe. Le pouls lui-même est verbe. Quelle que soit votre croyance, elle est vraie pour vous. Cependant, elle est liée au temps et n’est pas éternelle.

La Vérité est non manifestée.

Méditez sur ce par quoi vous savez que vous êtes.

Naissance et mort sont des non-sens. Qui est né ? Ce n’est qu’un « sport » des cinq éléments. La force vitale joue à sa guise, assemblant et mélangeant les cinq éléments en une forme corporelle. Par eux- mêmes, les cinq éléments n’ont pas d’intelligence. Pourquoi un Dieu miséricordieux créerait-il un tel monde ? Il n’y a pas de créateur. Le monde est là par la dualité.

Pas de dualité, pas de monde. Les gens qui veulent faire de l’argent ne devraient faire que cela. La quête spirituelle et la préservation de votre bien-être ne peuvent pas être menées en même temps. La spiritualité n’est possible que quand vous lâchez prise sur tout. Tant que vous vous prenez pour le corps, ce que vous dites est vrai pour vous. Ce n’est pas plus vrai que la réalité du corps. Toutes les activités prennent place suite à l’apparition de la conscience dans le corps. La sensation de joie ou de peine est liée à la sensation « Je suis ». Sommeil et veille viennent spontanément. Ils ne résultent pas de votre volonté. Ce qui soutient le rêve, soutient la veille. Où trouver encore de la place pour un profit ou une perte quand il n’y a plus de pensées telles que « Je suis comme ci, je suis comme ça » ? Avez-vous déjà examiné comment la sensation « Je suis » est créée et quelle est sa durée ?

Une telle connaissance ne devrait être partagée qu’avec ceux qui sont dans une voie de détachement.

Pourquoi les gens sont-ils intéressés par les miracles ? Le plus grand des miracles n’est-il pas celui de votre existence ? Grâce à cela, c’est le monde entier qui est créé en un instant.

En s’exerçant à certaines pratiques, il est possible d’acquérir certains pouvoirs spirituels (siddhi). La connaissance du Soi n’a rien à voir avec ça. En tant que conscience, vous êtes avant l’espace. En allant vous coucher, dites au moins : « Je suis espace. » Cette connaissance est au- delà des mots. Ce n’est pas par les privations ou les incantations (japa) qu’elle s’acquiert. Sri Krishna l’enseignait à travers l’amour. Beaucoup d’êtres s’impliquent dans divers rituels et techniques. Ils en obtiendront quelques visions qui les satisferont. La connaissance du Soi n’est pas du domaine des concepts. Elle est avant les mots. Elle est éternelle. Pourquoi et d’où les expériences du monde et de soi nous arrivent-elles ? De quelle manière sommes-nous antérieurs à ces expériences ? C’est ceci qu’il faut saisir. Continuez d’écouter jusqu’à ce qu’il n’y ait plus aucun doute sur votre identité et l’apparition de votre existence. La confiance et la dévotion envers le Guru amènent spontanément cette compréhension. Cette connaissance, une fois acquise, ne peut plus être perdue. Celui qui expérimente l’état de samâdhi ne s’implique plus dans les affaires du monde. Sans une confiance totale dans le Guru, cette connaissance n’est pas possible. Krishna enseignait la connais- sance ultime : comment l’univers apparaît et disparaît, tandis que le non manifesté est immuable. Cette connaissance directe n’est pas du domaine des mots. Quand le manifesté se dissout dans le non manifesté, le samâdhi s’ensuit. Nous voulons l’expliquer par des mots, mais cette connaissance est sans mots. Comment un état sans mots peut-il être expliqué par des mots ? Tout doute doit être effacé. Le savoir du monde n’y est d’aucune utilité. Par le fait d’y prêter attention, cette connaissance grandit, transparaît en tout, pour finir par se dissoudre dans l’Absolu. Elle est confortée par l’amour et la dévotion portés au Guru. Celui qui écoute doit avoir un cœur pur. Vous n’accédez à la joie qu’en vous oubliant. Toutes les autres activités sont des divertissements.

L’amour porté au Guru n’est pas une chose ordinaire. Celui qui sans cesse répète le mantra réalisera la Vérité. Rappelez-vous sans cesse que la conscience est identique à la parole du Guru. Gardez cela présent ; c’est la méditation. Quand le sens de la parole du Guru se met à germer, un nouvel accès est offert à la compréhension. Celui qui le reçoit comprend comment la conscience temporaire émerge de sa nature éternelle (Absolu). Votre corps est la nourriture de la conscience. C’est parce qu’il y a de la nourriture que vous avez un sentiment d’existence. Par la foi dans les mots du Guru, tout trouve explication. Le simple dévot sera libéré plus vite que l’intellectuel. Si au dernier instant, la peur de mourir surgit, le dévot peut faire appel à Dieu, s’oublier et être dissous dans la conscience universelle. Alors le prana s’en va, et il n’y a plus de renaissance. Alors que l’intellectuel sera prisonnier de concepts, et renaîtra en accord avec ses derniers concepts.

Nisargadatta Maharaj

jeudi 2 mars 1978

extrait de “méditations avec Sri nisargadatta Maharaj” ed. aluna p73

Nirupana 12 – le véritable Guru

véritable guru brahman Nisargadatta Nirupana

 Bien qu’elle apparaisse extérieure, votre conscience contient l’immensité

du monde phénoménal. Celui-ci, en tant que création de cette

subtile conscience, n’est pas vrai. Seul Brahman  est vérité. Restez fixé

sur cela. C’est la véritable méditation. Tant que vous serez à la recherche

d’un profit personnel, vous ne pourrez réaliser le Soi.

Atman  est notre vraie nature. C’est la conscience sans forme.

Par la combinaison du corps, de prana  et d’Atman,  apparaît la sensation « je suis ».

Laissez de côté vos problèmes et restez installé dans le Soi.

Le corps a une forme, mais la conscience dans le corps n’en a pas.

En prenant le corps pour votre forme, la dualité est créée. Elle apporte avec elle l’expérience de la joie et de la tristesse.

Ayez pour seule attention la conscience par laquelle tout est expérimenté. Elle est antérieure à l’intellect.

La connaissance (jnana)  est appelée le Guru . Cela veut dire que c’est la connaissance à travers l’enseignant qui est le Guru .

Là où il y a expérience du Soi, il y a félicité. Nous sommes cette félicité. La conscience est le bourdonnement de l’être. Le saisir, c’est méditer.

Parmi les gens qui disent être heureux, est-ce qu’il y en a qui ont expérimenté la félicité ? Notre vraie nature n’est ni la joie, ni la peine.

Le Soi, Lui-même, est félicité.

Porter de la dévotion au Guru,  c’est vénérer sa parole.

Ce qui revient à porter de la dévotion à notre propre conscience.

« Je suis » est avant l’intellect, avant toutes qualités. Il est comme l’espace. Il est le ciel infini de la conscience. Tout autant insondable que stupéfiant.

Gardez l’attention fixée sur Lui. Vénérez-le sans aucune dualité. Ne vous identifiez pas au corps. Vous êtes l’océan de félicité. Abandonnez-vous à ces mots du Guru  : « Je ne suis pas le corps, je suis la force de vie, je suis sans forme, je suis Brahman  qui donne vie au corps. »

Il n’y a pas de limite à la joie véritable, quand il n’y a pas de limite à la conscience par une identification.

La conscience vous soutiendra, si vous avez foi dans la parole

du Guru.  La mort n’a plus prise sur vous quand votre seule préoccupation

intérieure est la dévotion que vous portez au Guru . La conscience

se manifeste de différentes manières, y compris par toutes sortes de

visions. Celui qui est fermement établi dans l’enseignement du Guru  n’a

aucune peur. C’est uniquement à cause de l’identification au corps que

notre dimension d’Atman , qui est pure félicité, doit endurer des états

miséreux. Ne vous prenez pas pour un individu, restez dans la présence

du Tout manifesté. Son corps est espace.

N.M

extrait de “méditations avec Sri nisargadatta Maharaj” ed. aluna p71

Nirupana 10 – pèlerinage

Quand vous regardez la lune, que voyez-vous entre elle et vos yeux ? L’espace entre n’est pas vu. De la même façon, votre propre lumière, par laquelle vous regardez, n’est pas vue. L’espace et la conscience sont une seule et même chose. Votre conscience est espace.

Dans un énoncé logique, la création se déroule ainsi : en premier apparaît la graine de conscience, avec la sensation « Je suis » ; ensuite l’espace, suivi par les quatre autres éléments. Il en est ainsi. Celui qui a réalisé sa propre conscience, l’origine et la cause de celle-ci, en est le témoin. Il n’agit pas. Quand le roi est assis sur le trône, les affaires suivent leur cours, juste par sa présence. De la même façon, le témoin n’agit pas. Avec la naissance, la sensation « Je suis » apparaît. Avant la naissance, cette sensation n’existait pas. L’énergie vitale effectue toutes les actions. Le connaisseur est antérieur au connu. (Le connaisseur si- gnifie le Soi ou Paramatman qui est antérieur à la conscience). Il s’agit de l’état non manifesté. C’est la véritable nature de tout être. Celui qui réalise cet état est appelé jnani. L’ignorant associe la sensation « Je suis » au corps, le chercheur l’associe à la conscience pure, alors que le jnani ne s’identifie à rien. Une fois cela écouté, voyez ce qu’il en est de votre état présent. Il n’y avait pas de concepts avant la naissance, mais une paix infinie. Le concept « Je suis » émerge à travers l’énergie de sattva guna. La conscience identifiée est appréciée uniquement par ignorance. Le chercheur l’apprécie en tant que connaissance. L’être réalisé n’est plus concerné par cette satisfaction. Celui qui connaît est antérieur à la connaissance. Il est dit que parfois un remède peut être aussi l’obstacle. Il reste encore un remède de valable pour vous, la récitation de votre mantra ; votre conscience se renforcera. Votre détermination en sera renforcée. Plus la confiance dans le Guru est grande, plus l’aboutissement est rapide. Si vous identifiez le Guru à un être humain, votre conscience vous harcellera. Celui qui suit ses recommandations en toute confiance, aura la satisfaction de la réalisation dans ce corps. Se rendre signifie abandonner la conscience identifiée au corps. Tout offrir à Brah- man veut dire rester sans qualités personnelles. Agissez avec la conviction que la conscience, qui soutient l’univers dans son entier, agit à travers vous. Par vous-même, vous êtes incapable de quoi que ce soit. Toutes les actions sont supportées par la force vitale.

Le Guru vous amène à la conscience. C’est par votre présence en tant que conscience pure que les endroits visités lors d’un pèlerinage prennent leur dimension de lieux saints. Il n’y a rien de plus sacré que la conscience. Quand vous réalisez le Soi, il n’y a rien de plus saint que vous.
Quand vous aurez saisi cela, il n’y aura plus le besoin de chercher la compagnie d’autrui. Celui qui éprouve de la fierté pour « son » éveil est un ignorant. Qui pourrait éprouver de la fierté, quand il réalise que rien ne s’est passé ?

L’amour implique votre besoin d’exister. L’amour est infini et illimité. La conscience a émergé en nous sans que nous en ayons connaissance. Elle est sans forme, sans caste, sans conviction. Elle est l’expression la plus pure de l’énergie vitale, ou encore la puissance de cet amour qui fait ressentir « Je suis ».

Un jnani ne rentre pas en compétition. Il se tient en dehors des critiques. Ceux qui n’apprécient pas un jnani, le font par l’immaturité due à leur identification au corps. Ils ne comprennent pas ce que le jnani exprime. Par la grâce du Guru, la compréhension peut venir en un instant. Ne prêtez pas au Guru, sans qualité et sans forme, une conscience identifiée. Ce que vous entendez maintenant est le fruit de l’expérience du Soi. Ce ne sont pas des paroles rapportées. À qui appartient cette voix ? Quand a-t-elle était créée et pourquoi ? C’est la voix du prana. Ce n’est pas votre voix. Méditez à partir de votre conscience, pas en étant identifié à votre corps. Seul l’amour se déploie à travers les trois gunas et les cinq éléments. C’est l’amour de soi.

La dévotion au Guru vous ouvre les yeux. Ce qui est vu sans les yeux est supérieur. Avant que les yeux s’ouvrent, la lumière est d’un bleu profond. Aussitôt que les yeux s’ouvrent, elle devient transparente. Soyez fidèle au Sadguru. Ne Lui surimposez pas votre conscience identifiée. Une fois reconnue la conscience-graine, tout prend la forme d’une offrande à Brahman. (Un non-attachement aux activités quotidiennes s’ensuit).
Qui parle ? Est-ce vous ? Le verbe appartient à l’espace. Vous êtes avant l’espace. Mon Guru avait l’habitude de dire : « Peu importe l’âge que vous avez, vous êtes un enfant. » (Le corps vieillit. La conscience est toujours dans le présent, tel un nouveau-né). Toutes sortes de pratiques existent dans le monde. Faire des actions miraculeuses à partir de pouvoirs spirituels s’apprend aussi. Je ne suis pas allé dans cette voie. J’ai uniquement étudié la nature du Soi comme enseignée par mon Guru. Comparé à la réalisation du Soi, tout le reste est insignifiant. Sans la confiance dans le Guru, vous n’aurez de cesse d’aller d’enseignants en lieux saints indéfiniment. Si vous suivez les mots de votre Guru, plus besoin d’aller chercher ailleurs.

Nisargadatta Maharaj

dimanche 29 janvier 1978

Extrait de ” Méditations avec Sri Nisargadatta” Ed. Aluna

 

 

Nirupana 9 – Le feu suprême

Votre vraie nature n’est pas différente de Parabrahman. Votre identité est basée sur votre corps et vous vous considérez comme un homme ou une femme. C’est une erreur de vous appeler vous-même un être humain. Cela qui écoute maintenant est votre vraie nature ; elle est pure conscience. C’est une erreur que de l’appeler un corps. Votre véritable identité est là avant votre connaissance. Quelle que soit la forme à laquelle vous vous identifiez, elle ne durera pas. En réalité, vous n’avez ni naissance, ni mort. Elles appartiennent au corps.

Votre conscience ( identifiée) est un produit de l’activité des trois gunas. Votre sensation de joie ou de peine dépend de la conscience. Mais cette conscience disparaîtra comme une flamme s’éteint. Le feu suprême est la réalisation du Soi.

Est-ce que le soleil sait que sa luminosité varie ? Vous en faites l’expérience par la qualité de votre propre lumière. La plus importante des trois qualités est la qualité de conscience – Sattva. Vous connaissez toute chose par celle-ci. Qui crée les maisons, machines, routes, etc. ? N’est-ce pas le fruit de la conscience de quelqu’un ?

Vous vous rendez esclave de vos besoins. Vous serez libre de cet esclavage quand vous réaliserez que ce qui est en train d’écouter est libre et sans forme. C’est votre véritable nature. Reconnaissez la nature de Cela par quoi vous vous sentez être.

Vous parler de votre vraie nature, à travers ce qu’elle est et comment elle se manifeste, est la signification du mot Nirupana. Tout ce que vous concevez par le mental ne durera pas. Le sens de « moi » et « mien » est une caractéristique naturelle de la conscience( identifiée). Saisissez le principal guna – sattva – en tant que jnana. Vivez une vie sans attente. Alors, automatiquement, les attachements s’en iront. Reconnaissez que vous êtes sans exigence. Votre véritable nature est là spontanément. Ne la dérangez pas avec le mental. Vous avez toujours pris Dieu pour soutien. Cela ne veut pas dire que vous connaissez Dieu. Rama, Krishna et Vishnu, sont des noms donnés à des corps. Ils sont à l’origine d’une vénération pour avoir réalisé la Vérité. S’il médite sur elles, un dévot peut avoir des visions de déités conformes à ce qu’il en aura entendu. D’où provient une telle vision ? Lui, lui-même, en est l’origine. Quoi que vous ayez pris pour acquis, cela n’a pas de valeur. Vous n’avez aucun contrôle sur les activités quotidiennes. Elles se poursuivent d’elles-mêmes. Une fois installé réellement dans le Soi, vous ne désirez plus rien.

Brahman, Vishnu et Shiva (Dieu dans ses dimensions de créateur, soutien et destructeur du monde), sont les noms de votre Soi. Jiva est né comme un questionnement du temps. Les désirs sont associés à la nature de Jiva. Votre connaissance du monde dépend de votre conscience. Quand quelqu’un dit : « J’explore le subtil », qu’est-ce que ça signifie ? Cela, évidemment, concerne la conscience, la sensation « Je suis », qui n’a pas de forme, pas de couleur ; qui a une saveur, celle de la conscience d’être. Quelle relation entretenez-vous avec cette connaissance ? Est-ce qu’elle meurt quand le corps, fait des cinq élé- ments, cesse d’exister ? Imaginez quelle serait votre apparence sans le corps ?
Garder à l’esprit ce que vous venez d’entendre et le prendre comme sujet de méditation sera le meilleur des remèdes. À travers la pratique d’une telle méditation, vous assisterez à une transformation constante, jusqu’à ce que vous atteigniez un état où il n’y a plus de changement.

La Vérité n’a pas de connaissance d’Elle-même (puisque sans mani- festation). Pointez constamment vers cela. Faites sortir la conscience identifiée de votre mode de pensée. Quelle que soit votre obstination à le croire, vous ne pouvez pas être un homme ou une femme pour toujours. Les cinq éléments retourneront aux cinq éléments. Même si vous ne pouvez pas comprendre tout ceci, saisissez au moins Cela par quoi vous avez la connaissance « Je suis ». Encore une fois, je vous le redis : « Méditez en permanence sur votre objectif. Il vous illuminera. »

Votre mental a besoin de quelque chose à quoi penser. Vous ne pouvez supporter votre conscience sans la recouvrir de pensées. Méditer sur le Soi est possible uniquement par la grâce du Guru. Une telle méditation est unique et rarement proposée. De par sa nature, le temps ne permet pas aux choses de rester stables. Si vous ne pouvez pas foca- liser l’attention sur l’objectif (la conscience), alors appelez-la « Guru » et dites : « Je médite sur mon Guru. »
Tout cela est simple. Le monde est une création de votre propre conscience.

Purusha en est le témoin immobile, l’observateur, et prakiti (la puis- sance du prana) agit à travers le corps. Le mental, l’intellect ou l’intuition sont tous des noms du prana. Il n’y a pas de séparation entre jnana (la conscience) et prana (la force vitale). Elles sont les deux faces d’une même pièce. Alors si prana est satisfait, la conscience l’est aussi. Quand vous méditez sur la force vitale, la méditation sur la conscience se développera indirectement. Les deux sont sans forme. Toutes les activités se déploient grâce à elles. Comment quelqu’un pourrait-il soutenir que jnana et prana meurent quand le corps disparaît ?

Vos pensées « moi, mien » vous empêchent de connaître le Soi, ce qui vous fait vivre d’une manière indigne. Rappelez-vous au moins ce que sont purusha et prakiti. Allez jusqu’au bout de votre union à Prana. Prana est Dieu. Il implique le mouvement. Au dénouement, le témoin du mouvement et le mouvement se dissolvent dans cet état sans qualité aucune. Pour le sage, le moment où le prana quitte le corps, à l’occasion du « grand départ », est une célébration.

« Attendez un moment à la porte de Dieu. Les quatre sortes de libération sont là. » La signification de cette citation est que si vous restez présent au Soi un certain temps, vous serez libéré. Le Guru vous libère. Il vous initie en disant : « Votre véritable nature est identique à la mienne. » Il vous transmet le mantra, en ne vous considérant pas comme un homme ou une femme, mais comme la conscience qui écoute. Le jiva est parfait, et pourtant il gémit encore sur la peur de mourir. Le sage ressent de la compassion pour le jiva, pour sa condition. C’est pour cela aussi qu’il peut paraître en colère et impatient.

Nisargadatta Maharaj

dimanche 22 janvier 1978

Extrait de “Méditations avec Sri Nisargadatta Maharaj” aux éditions des deux Océans

 

 

Nirupana 8 – le Soi suprême

La lecture et l’écoute sont toutes deux nécessaires. La connaissance reçue du Guru concorde parfaitement avec ce qui est lu et entendu. La voie juste fait dire : « Je suis exactement tel que le Guru m’a décrit, et tel que je l’ai lu et entendu. » Ce qui reste, une fois rejetée notre propre conscience, est la Vérité. L’Union à Dieu est yoga. Dans l’Union, tous deux se dissolvent, le témoin de cela est le Soi suprême – l’état d’être non manifesté.

Le corps est prakiti, et ce qui réside dans le corps est purusha. Ce qui agit est prakiti, tandis que purusha est le témoin immobile. Autrement dit, le prana est le mouvement et ce qui en a connaissance est la conscience-témoin. Ces deux énergies sont sans forme. Prakriti et purusha ne sont pas séparées. Aussi, tant que vous vous prenez pour le corps il n’y a pas de paix. Gardez présent ce que vous avez entendu et restez dans un discernement constant. Celui qui a réalisé prakiti et purusha est libéré.
Dans le corps, Dieu fait l’expérience de Lui-même dans la sensation « Je suis ». La parole du Guru est votre propre présence ; vous devriez en être convaincu. Abandonnez-vous au prana ; laissez tomber l’identification au corps. Celui qui connaît le pouvoir du prana est le jnani. Fixé sur la source de l’énergie vitale (shakti), sa méditation est continue tout au long de la journée. Cette méditation est portée par cette énergie elle- même. La paix immuable est un grand accomplissement. Le véritable repos survient quand prakriti et purusha sont toutes deux oubliées. Par la méditation, la sensation « Je suis ceci ou cela » disparaît. Pour permettre à cette méditation d’aboutir avec succès, consacrez-vous à elle. Tournez l’attention sur le Soi avec l’énergie du prana. Quand cette énergie s’arrête, la conscience s’unit à elle et le samâdhi s’ensuit.

Le savoir livresque doit être confronté à notre propre expérience. Quand nous sortons du sommeil profond, ce qui apparaît en premier est la conscience microscopique. C’est la sensation « Je suis » avant tout mot. Cette graine de conscience est à la racine de toutes les expériences. Instantanément, elle prend la taille de l’univers. Mais vous devez voir l’irréalité de cette conscience. Le monde apparaît avec votre réveil. L’expérience se poursuit avec celui qui expérimente. Saisissez la Source de cette connaissance. Quand une opération est faite sous anesthésie, il n’y a pas de douleur. Si un être meurt dans cet état d’inconscience, y a-t-il une quelconque douleur de la mort ?

Alors que vous écoutez ces mots, vous vous oubliez et oubliez par là même le monde. Vous demeurez dans votre état d’être naturel. N’est- ce pas un grand profit ? La dévotion au Guru vous offre la réalisation du Soi.

Nisargadatta Maharaj

jeudi 19 janvier 1978

Extrait de “Méditations avec Sri Nisargadatta Maharaj” aux éditions des deux océans

 

Nirupana 7 – intime conviction

Le mouvement du prana et le mouvement de Dieu ne sont pas différents. Observez votre respiration. Sans la force vitale, la sensation « Je suis » ne serait pas là. La conscience dans le corps est le guna qui témoigne du prana (ils ne sont pas différents). Une fois que vous avez réalisé le Soi, aucune attitude particulière n’est nécessaire. Ce serait un signe d’ignorance. Se tailler la barbe, vouloir impressionner par son apparence, etc., sont des comportements liés à l’identification au corps. Ils ne sont pas propres au Soi. Les concepts que vous choisissez pour méditer se réalisent et vous avez les visions en rapport. Le tout est irréel. Il n’y a rien de comparable à l’écoute de tels enseignements. À partir du moment où vous écoutez ceci, la libération est à portée de main.

Le principe de manifestation est mouvement, le non manifesté ne l’est pas. Il est sans qualités.

Quand on avance en âge, l’enfance et la jeunesse s’en vont naturellement. Il n’est pas nécessaire de vouloir y renoncer. De la même manière, votre ego s’en ira naturellement. Aucune expérience ne dure. Il n’y a pas de créateur du monde, pas plus qu’il n’y a de mainteneur ou de destructeur. Tout apparaît spontanément. Ce que nous savons devient source de joie ou de peine. Ce que nous ne connaissons pas ne peut pas être source de joie ou de peine. Le mental est le concept, et le concept est le mental. Le concept donne naissance à tout ce qu’il aime. Ainsi va le royaume du mental. Le Soi n’est associé à rien. Celui qui comprend ce qu’est un concept, comprend en même temps Cela qui est sans concept. Ceci est possible en écoutant ce qui est dit ici. Ce que vous avez appris depuis l’enfance est devenu votre réalité du monde. Jiva, jagat et Brahman sont des concepts. Tout concept crée ses propres significations en rapport avec les trois gunas. La conscience manifestée est la racine. Quand la conscience se met en mouvement, le mental apparaît. La conscience manifestée est le support dans lequel flotte le mental.

Quand nous sortons tout juste du sommeil, à ce moment, avant les mots, nous sentons « Je suis ». C’est la pensée première. Comment ce monde vient-il à exister ? C’est comme un rêveur qui crée un monde rêvé sans rien faire. Nous avons la sensation que le monde est réel, parce que nous percevons notre corps comme réel, et vice-versa. Bien que le monde soit immense, il n’y a pas la moindre vérité en lui. Le non manifesté s’est manifesté et a créé le mental. Le mental crée le monde qui apparaît réel. Celui qui quitte le manifesté pour rester dans le non manifesté, ne peut plus dire : « À cet instant, je ne me connais pas. » En premier est la conscience, ensuite le mental est créé à travers elle, suivi par toutes les activités. En l’absence de la conscience, est-il possible de faire quoi que ce soit ? La sensation « Je suis » est un concept spontané. Ce concept n’est jamais satisfait. Quand vous essayez d’être un avec la conscience, le mental se met au travers. Persévérez. Tournez l’attention à la Source d’apparition de la conscience. Cette conscience n’est pas vraie.

Celui qui écoute cela devrait regarder en lui plutôt que de s’occuper des affaires d’autrui. Il devrait saisir l’opportunité de regarder et connaître qui il est. Une fois saisi le sens du concept, vous savez que le monde est une blague. « Absolument rien ne s’est jamais passé. Je n’ai jamais vu personne et personne ne m’a jamais vu » est alors votre intime conviction.

Quel que soit le désir que vous preniez pour pénitence, il se projette sur votre mental et tout apparaît en s’accordant à lui. La force vitale prend forme et alors les visions apparaissent. Si vous agissez en tant que conscience identifiée (au corps), les concepts abondent. Si vous rentrez en sympathie avec votre conscience pure, elle révélera sa vraie nature. Quand la conscience accède à cette connaissance, tout se dissout, et reste alors vijnana, la véritable connaissance directe qui n’a pas de nom.

Si vous vous accordez à cela, tôt ou tard vous réaliserez que vous n’avez jamais eu une quelconque expérience du monde. Dans ces circons- tances, que devient votre implication dans un tel monde ? Jusqu’à ce que vous ayez cette connaissance directe, continuez vos occupations comme vous aimez le faire. Prenez soin du quotidien. Ne le fuyez pas.

Avant que vous commenciez à comprendre les mots, quand vous êtes né, vous étiez dans votre état naturel. Une fois que vous avez pris pour vrai ce que vous avez entendu, vous êtes arrivé à votre état actuel. Ce qui a imprégné votre mental si profondément agit de multiples fa- çons. Le plus grand effort est requis pour se comprendre. C’est ce que vous devez réaliser. Alors viendra la compréhension du secret du monde. Quand vous réalisez votre nature, vous réalisez celle du monde en même temps. Vous saurez qui « vous » êtes. Ayez la ferme conviction d’être ce que le Guru dit. Dans les activités quotidiennes, vous pouvez utiliser votre identité d’homme ou de femme. Mais ne la conservez pas.

Tout dépend en tant que qui vous allez mourir. La mort n’est qu’un mot. Ce n’est jamais une expérience. Qu’est-ce que vous pourriez expérimenter d’autre que Brahman quand il n’y a que Brahman ?

Vous êtes le disciple du mental. Le mental vous modèle. Le mental ne connaît pas son origine. Votre conviction doit reposer dans les mots du Guru. « Le Guru m’a initié » signifie qu’il m’a initié à ma vraie nature. En toute confiance, agissant dans cette conviction, la Vérité est révélée. Du point de vue de ceux qui l’entourent, un homme est mort. Du point de vue du jnani, il est devenu libre de ses illusions. L’illusion, la voici : « Je suis comme ceci, comme cela, je suis un homme, je suis une femme. »

En premier lieu, les ingrédients sont préparés, alors jiva prend naissance à travers cette nourriture. La nature de la nourriture est la même que celle de jiva. Le corps est juste de la nourriture transformée. Il est nourriture pour la conscience. Aussi longtemps qu’il y a conscience, il y a faim et soif. Soit vous trouvez la détermination à travers les mots du Guru, soit vous continuez de trébucher en vain. Cette expérience qui vous fascine aujourd’hui, est fausse. Elle ne durera pas. Vous pourriez prendre la meilleure nourriture et vouloir rester fort, quand la vieillesse arrive mains et pieds se mettent à trembler. Pensez à cela, abandonnez-vous à la conscience qui dit : « Jaï Guru, Jaï Guru. » Parce que vous croyez être le corps, des concepts tel que « Je suis un enfant, je suis un jeune, je suis un vieux » se présentent à vous. La discrimination fera dire : « Le corps se transforme, je suis et serai toujours ici. »

Nisargadatta Maharaj 

dimanche 15 janvier 1978

Extrait de “Méditations avec Sri Nisargadatta Maharaj” aux éditions des deux Océans

 

 

 

Nirupana 6 – votre nature est lumière –

 

Les pensées vont et viennent à leur rythme. Elles s’attardent si besoin. Un jnani n’a même pas le besoin de lui-même. Comment se fait la vie quotidienne d’un jnani ? Celui qui a pris soin de l’enfant dans l’utérus pendant la grossesse prend soin du jnani. De quelle manière un enfant est-il protégé et soigné jusqu’à ce qu’il réalise qu’il a un corps ? La réponse est : la conscience universelle qu’il est prend soin de tout. Même si vous viviez un millier d’années, votre identification au corps ne s’en irait pas. Comment Celui qui est lumière et pure existence peut-il être un corps ? L’expérience de votre être, sans aucun mot, est la vraie connaissance.

Le corps est constitué de cinq éléments. Son essence est la conscience qui réside en lui. Soyez certain que vous n’êtes pas le corps. Vous êtes sans forme ; vous êtes fait de lumière. Vous pouvez voir la lumière et l’obscurité grâce à votre propre lumière. Om symbolise le frémissement du souffle, l’assurance de votre existence. Quand vous accédez à la connaissance de votre conscience, vous êtes libéré. Si vous n’êtes pas le corps, comment allez-vous agir et avec qui ?

C’est un état inébranlable, immuable. Une fois que votre essence lumineuse est connue, il n’y a plus d’aller et venir. Votre nature est la lumière qui s’éclaire elle-même et vous permet de voir les choses. Vous croyez encore être ceci ou cela avec un corps. Quand le corps meurt, le prana le quitte. Personne ne dit que le prana est mort. Si le prana est pur, alors le mental et l’intellect aussi. Si le prana est satisfait, quelqu’un pourrait-il avoir une expérience miséreuse ? La puissance du prana est identique à la puissance de la vie – la force vitale. La force du prana est identique à celle de la maya primordiale – la même que la puissance de Brahman.

Il y a de l’amour pour la parole tant qu’il y a ignorance. Après la connaissance, les mots n’ont plus d’intérêt. Après la réalisation, la sensation « Je suis » est toujours là, mais le fonctionnement du mental est complètement changé. Continuez la récitation du mantra en gardant son sens à l’esprit. Réfléchissez au sens de la dévotion, de qui, envers qui, et pourquoi.

Si vous souhaitez recevoir la grâce du Guru, prenez sa parole pour autorité.

Nisargadatta Maharaj

jeudi 5 janvier 1978

Extrait de ” méditations avec sri Nisargadatta Maharaj” aux éditions des deux Océans

Commentaire :

Une lumière qui n’est pas à opposer à l’obscurité. La lumière ici  évoquée est celle au sein de laquelle ténèbres et lumières apparaissent et sont perçus. Une lumière qui ne s’éteint pas, une lumière qui ne peut être masquée.

ce doigt pointe vers cette lumière, cette clarté qui éclaire lumière et obscurité. Voyez !

Nirupana 5 – La religion ultime

Les gens se maintiennent occupés parce qu’ils ont du mal à supporter leur propre conscience. Ils sont à la recherche de toutes sortes d’activités pour échapper à eux-mêmes. Le plus grand challenge est de regarder en soi ; en notre seule compagnie.

Un bien plus grand nombre d’individus sont décédés, comparativement à ceux qui sont en vie aujourd’hui. La masse de leurs corps pesant des milliers de tonnes, où sont-ils passés ? Que doivent-ils faire maintenant ? La réponse est qu’ils sont maintenant comme ils étaient avant leur naissance.

La religion ultime est la réalisation du Soi. C’est un état d’être sans interruption et sans peur. Cet état concerne la conscience présente dans le corps. Les religions basées sur le comportement de l’être humain le mènent à sa chute. La plus haute religion consiste à vivre dans la convic- tion que nous sommes conscience pure. La libération veut dire être libre, alors vous n’êtes plus sous l’emprise du mental, de l’intellect et de l’ego. Celui qui suit ceci se libère de tous les concepts. Seule la religion de notre propre Soi perdurera jusqu’à la fin. Cela, à travers quoi nos activités quotidiennes sont connues, est notre vraie nature. Alors, même complètement investis dans les activités mondaines, vous n’en êtes pas affectés. Comprenez cela, restez en paix et tranquille. Tous vos besoins seront satisfaits. Krishna dit : « Je prends la responsabilité de pourvoir aux besoins de celui qui suit la religion de sa vraie nature. » Pour lui, tout ce qui est requis est fourni automatiquement. La pratique spirituelle est aussi facile que difficile. Celui qui se réfère à la parole du Guru « Je suis l’Atman qui s’éclaire lui-même » la trouvera facile.

L’action la plus charitable est d’offrir la connaissance du Soi.
Un véritable brahmine est celui qui sait qu’il est Brahman – conscience pure. Ceux qui sont véritablement religieux reçoivent tout le bénéfice de la connaissance du Soi.

Prana (le souffle vital, la force de vie) fait tout le travail ; aussi, soyez amical avec lui. Si le prana est purifié par le mantra du Guru, alors, au moment du décès, il se refondra dans le prana universel. Ceux qui n’ont pas la connaissance échouent. Le prana exprime toutes les formes d’expression : para – l’intuition ; pashyanti – la forme pensée ; madhyama – la parole non prononcée, et vaikari – la parole prononcée. Madhyama est appelé le mental, et quand il parle on le nomme vaikari. Ainsi le mental n’est pas différent de prana. Prana est pranava – le son primordial Om. Prana, la force vitale, est identique pour un ver ou un être humain. Chaque corps est considéré de la même façon. Le jnani ne voit pas le prana comme une forme individuelle. Pour lui tout est un. Le prana d’un jnani devient le prana de l’univers. Là où la conscience est stable, il y a compassion. C’est tout ce qui reste au jnani. Quand « votre » prana sera satisfait, vous serez amené à connaître qui de vous ou du prana parle véritablement.

Nisargadatta Maharaj

le dimanche 25 décembre 1977

Extrait de “Méditations avec Sri Nisargadatta Maharaj” aux éditions Aluna