Nirupana 26 – Lumière du Soi

Nisargadatta maharaj

L’univers entier se joue dans une unique cellule de votre corps subtil (la conscience-graine.) Ce qui est vu avec vos yeux clos est le bleu nuit de l’Absolu. C’est l’ombre du corps subtil. Celui qui a une conscience identifiée ne peut pas comprendre ceci. Avant tout, vous devez atteindre la conscience divine par la méditation. Vous devez être convaincu que « Je ne suis pas un individu, je suis Dieu ». Par la transformation de l’intellect, l’ego disparaît. Tout ce qui est recherché est déjà à la Source. À cause d’une mauvaise compréhension, Cela se médite. Qu’est-ce qui a plus d’intérêt à être vénéré ? N’est-ce pas la connaissance « Je suis », votre conscience ? Seul Paramatmam existe, rien d’autre.

Ce qui est appelé la naissance, est véritablement la naissance des trois gunas. Le cœur des gunas est sans dualité. Une lampe requiert de l’huile. De la même façon, la conscience présuppose l’existence de Paramatman. Tant que jiva a l’expérience de faire bien ou mal, il n’a pas atteint l’état de Paramatman. Votre conscience est l’essence de la douceur. Elle est la preuve de l’existence de Paramatman.

Que pouvez-vous faire par vous-même ? Pouvez-vous dormir ? Pouvez-vous vous réveiller ? Pouvez-vous déféquer ou uriner ? Alors, que vaut la fierté de se prendre pour l’acteur ? La force vitale avec ses trois gunas est elle-même l’indicatrice de Paramatman. À cause de maya, chaque jiva pense qu’il est responsable de ses actions dans le monde.

C’est faux. L’enfance et la jeunesse sont venues et sont parties. Qu’est- ce qui reste de cela en tant que vous ?

Est-ce que votre propre compagnie durera indéfiniment ? La raison de cette situation est maya. Quand, à travers votre propre expérience, vous aurez la preuve que le concept « Je suis le corps » est faux, vous connaîtrez la nature de Paramatman.

Je ne parle pas à votre corps. D’ailleurs, vous ne devriez pas non plus parler en tant que corps. Laissez le corps être. Veillez sur lui. Dès à présent, ayez connaissance de qui quittera le corps, maintenant que vous n’êtes plus le corps mais celui qui connaît le corps. Soyez totale- ment attentif. Soyez présent au fait que vous êtes la lumière, et ensuite agissez. La conscience est une lampe, la source de lumière. Voyez-vous le ciel grâce à cette lumière où êtes-vous vu à cause du ciel ?

Discernez ceci. Rendez-vous à la Source qui est antérieure à l’espace. Est-ce que votre vue est entachée ? Est-ce que l’espace à un quel- conque trou en lui ? Est-ce que la vision de vos yeux n’est pas la vision du Soi lui-même ? Est-ce que cette lumière est mâle ou femelle ? C’est parce que vous l’utilisez avec le concept du corps, que la peur de mourir apparaît. Vous souhaitez et espérez tant de choses ! Mais pourquoi ne pas vous rendre à la Source ? Est-ce que quelqu’un a vu la lumière du Soi mourir ?

Vous devez entendre tout ceci du Sadguru. La libération vient de l’écoute. Elle ne peut pas être connue par les japas et les austérités. Quand les mots du Sadguru sont compris et retenus, la perfection arrive sans effort. Par le mantra qui vous a été donné, il vous a été demandé de vous ouvrir au Divin en vous. Vous êtes le Soi ; il n’est pas question de l’atteindre. La lumière du Soi est immaculée. Il n’y a que lumière. Com- ment y trouver la mort ? Qui écoute maintenant ? Celui qui écoute est votre Soi. Quand la conscience s’oublie, il y a la paix. L’Absolu, bleu profond tel que vu les yeux fermés, est semblable à l’espace. Il n’y a pas d’interruption en Lui. Il imprègne tout. Suivez avec dévotion ce que dit le Guru et vous réaliserez que vous êtes conscience. Quand l’ombre bleutée disparaît, reste le vide. C’est l’état d’être totalement témoin. C’est le quatrième état – « Je suis tout ce que je vois » . Votre conscience est le parfum de l’Absolu. L’Absolu contient un nombre infini d’univers.

page118image61345728

Beaucoup de personnes peuvent avoir une conception intellectuelle de Brahman. Cependant, exceptionnellement, une sur des millions suit le Sadguru. Il n’y a pas de plus grande fortune que la connaissance du Soi.

Vous avez commis une grande faute en vous appelant le corps. Alors, cet Absolu devient pour vous la fameuse mort dans vos derniers instants. Qui d’autre est là que Lui au moment de la mort ? Prenez votre décision, faites votre choix. Ne dépendez pas de l’avis des autres. Vous devez vénérer cette connaissance, qui arrive par l’écoute de la parole du Guru. Vous verrez une multitude d’univers se jouant dans votre conscience. Il n’y a pas d’autre déité derrière la connaissance du Soi. Il n’y a pas de plus grand malheur que de ne pas le réaliser. La connaissance du Soi est, elle-même, l’état de Paramatman – la demeure de la libération.

Si quelqu’un pose par écrit mes mots, et prend le temps de les mâcher, Il atteindra l’état de Paramatman sans effort.

Nisargadatta Maharaj

jeudi 27 avril 1978

Extrait de “Méditations avec Sri Nisargadatta Maharaj” éd.Aluna

Nirupana 25 – un océan de félicité

félicité Soi Nisargadatta

 Jetez loin tout concept tel que « J’ai acquis une grande valeur» ou « Je suis un grand pécheur ».

Quelle est l’entité qui ressent cela ? La conscience identifiée ne lâchera pas sa prise sur vous, tant que seront présentes des pensées qui suggèrent que votre bien-être est le résultat d’une pratique spirituelle.

La seule chose que vous ayez à faire est de constamment être présent au Soi. Ne créez pas d’amitiés avec quoi que ce soit qui vous soit perceptible (ne laissez pas les choses du monde vous attirer).

Si vous avez à agir, ne faites qu’une chose : satisfaire la conscience. Elle est très reconnaissante. Elle vous montrera directement tout ce qui EST. Vous réaliserez que l’immense manifestation n’a jamais existé. Vous êtes si microscopique que vous ne pouvez pas vous voir au travers de vos connaissances. Prenez les paroles du Guru  pour autorité. Vous n’avez pas de corps. Ce qui est antérieur à la conscience est une paix sans fond.

Rendez-vous à elle. Ne faites pas d’une félicité éternelle un objet. Vous êtes antérieur aux objets. Le moment de la mort est le plus empli de grâce. Il n’y a rien à gagner d’autre dans ce monde que la mort. L’ironie est que là où il y a la peur de la mort, juste à cet endroit, se trouve un océan de félicité.

N.M

dimanche 23 avril 1978

Nirupana 25 extrait de “Méditations avec Sri Nisargadatta Maharaj” éd. Aluna

Nirupana 24 – la parole du Guru

la parole du guru

 Nisargadatta Maharaj

jeudi 20 avril 1978

Est-ce une petite chose que de connaître votre existence ? N’est- ce pas vous seul qui connaissez cela ? Alors unissez-vous à votre conscience. Voyez quel miracle arrive ! La spiritualité est simple. Le reste est total divertissement. Les mots qui apparaissent dans votre mental auront un effet certain sur vous. Il est évident que tout est faux, alors qu’y a-t-il encore à nier ? Même s’il n’y a plus rien dans le monde, il reste encore l’illusion !
Il est difficile d’avoir l’opportunité d’écouter cette sorte de connaissance. L’apprécier est encore plus important. C’est celui qui vit sa der- nière naissance qui vient à moi.

Ce qui n’est pas stable est appelé une étape. Le samâdhi est aussi une étape. Ce qui est vénéré par tout le monde, et digne d’adoration, est pareil à vous. Ce serait vraiment malheureux que vous ne l’acceptiez pas. Dévotion signifie union. Soyez unifié dans votre sensation d’Être. Alors, le travail est fait. Toutes méthodes, philosophies, ou rituels, ne sont d’aucune utilité. L’acquisition de pouvoirs spéciaux à travers différentes pratiques yogiques est un obstacle. Cela crée une fierté sans valeur.

Aussi longtemps que la peur est présente, il ne peut y avoir de dévotion. Jnana signifie dévotion. Ceci est aussi la dévotion. Est-ce que quelqu’un sait ce qui a amené cette connaissance à la conscience ? Quand la conscience s’en va, tout arrive à sa fin. Krishna dit : « Ma dévotion ne peut se pratiquer à travers les japa-s ou les austérités, elle peut seulement se pratiquer par l’observation de la parole du Guru. C’est la plus grande dévotion qui soit. »

La parole du Guru dit : « Vous n’êtes pas le corps, vous êtes la conscience dans le corps. »

Qui prend soin de qui ? N’est-ce pas la conscience qui prend soin d’elle ? La conscience se dissout dans l’état de Paramatman. Le temps ne l’affecte pas. Après la réalisation du Soi, aucune trace d’ego ne sub- sistera en vous, telle que « Je suis comme ceci, je suis comme cela ». Accrochez-vous aux mots du Guru : « Je suis la pure conscience qui s’éclaire elle-même. » Ensuite, vous pouvez vous impliquer dans toutes les activités du monde.

Pendant le sommeil, rappelez-vous les mots du Guru. Pendant le sommeil profond, il n’y a pas de conscience identifiée ; ainsi l’identifi- cation est rompue. Recommencez de même quand vous vous réveillez. Dieu est présent là où vous êtes. Sans les dévots où est Dieu ? Restez en votre Soi. Ne vous impliquez pas avec les autres. Pratiquez une dévo- tion non duelle. Ceci n’est pas prisonnier du temps. Ceci est sans ego. Vous connaîtrez comment les cinq éléments sont créés au travers de la conscience, au travers de vous.

Silencieusement, répétez votre mantra. La méditation doit être une avec votre propre nature. Lentement, le mental va se purifier. La conscience sans forme se découvrira et votre vraie nature pourra être comprise. Avant d’en arriver là, les rituels peuvent être pratiqués. Vous en arriverez à connaître que vous êtes là spontanément. Dieu n’est pas plus grand que le Sadguru. Quand vous réalisez la conscience, vous réalisez l’état de Brahman.

Le mental a toujours besoin de comparer. Laissez la grandeur aux autres. Devenez si petit que personne ne puisse vous voir. La conviction qui vient d’une dévotion toujours plus grande à Paramatman est « Je suis sans forme, Brahman seul » . Ce que vous êtes en train d’écouter est la description de la connaissance pure.

Par la dévotion au Guru, vous viendrez à connaître que vous êtes Cela. Soyez sans faille dans votre détermination ; vous êtes conscience pure, sans forme.

page114image33415040

Nirupana 24 de “ méditations avec Sri nisargadatta maharaj” aux éd. Aluna

Nirupana 23 – mourir un temps de grande joie

mourir un temps de grande joie

À l’occasion de l’anniversaire de naissance de Sri Bhausaheb Maharaj, le Guru du Guru de Nisargadatta.

À la gloire de la dévotion portée à Bhausaheb Maharaj, que tant d’entre vous ont rencontré ici. Si vous ne pouvez pas apprécier toute la valeur des enseignements du Guru, tout le reste sera fait en vain. Ils vous sont transmis en raison de leur grande valeur. Une telle conviction effacera votre ignorance. La ferme confiance dans les paroles du Guru amène à la connaissance du Soi. Vous êtes Parabrahman en qui le verbe se dissout pour ne rien laisser. Lui seul est. Il n’est ni le Guru, ni le disciple, ni Dieu.

La dévotion que développe la plupart des gens a pour objet de satisfaire leurs besoins mondains. De tels dévots ne peuvent pas réaliser le Soi. Au minimum, avant de vous endormir, dites : « Je suis Paramatman. » Vous êtes Paramatman. Il a été appelé par tant de noms. Il a eu tant d’incarnations et il en aura encore plus dans le futur. Vous êtes l’Atman de toutes ces incarnations. Le mot Atman signifie « Je ». Quoi qu’il arrive dans le monde, c’est à cause de « Je ». Je dois être présent avant toute chose. Aussi, vous êtes le Soi universel. Vous êtes le Paramatman. Il est ni prisonnier, ni libre. Mais à la place, vous avez embrassé la conscience identifiée au corps. Vous êtes attaché à votre identité.

Ce que vous écoutez est simple et familier. Ayez une foi totale dans la parole du Guru. De cette façon vous deviendrez Brahman. Paramatman n’a même pas la connaissance qu’Il est. Cela ne veut pas dire pour autant qu’il est endormi. Quand vous dites que vous avez bien dormi, qui en était le témoin ? Qui connaît « Je suis » ? Alors quel peut encore être le sens de « il s’est réveillé » ? Comment est-ce possible ? C’est le résultat de maya. Chacun d’entre nous connaît les réponses à ces questions, mais nous ne croyons pas qu’il en est ainsi. La conscience identifiée vous cajole.

C’est un voyage dans la conscience. Vous êtes celui qui la connaît. (Vous êtes antérieur à la conscience en tant que témoin passif). Le fait de savoir que vous êtes est le principal obstacle. Pour supprimer cet obstacle, dans un premier temps, voyez-le comme tel. Votre existence ou votre sensation « Je suis » est l’obstacle. C’est Dieu Lui-même. C’est de cette manière que vous devez le vénérer. Quand Il est satisfait, Il vous offre la vraie connaissance. Voyez que vous êtes Paramatman. Ne pensez pas être séparé de Lui. La séparation est uniquement le concept de la conscience identifiée. Si ma lumière est sans tache, comment pourrais-je être teinté ?

Le moment de mourir est un temps de grande joie. Pour la conscience individuelle identifiée, il s’agit de la mort. Quand vous mourrez en disant que vous êtes pure lumière, vous serez libre.

L’instant de la mort, si terrifiant, devient un moment joyeux par la dévotion au Guru. C’est toute la grandeur de la parole du Guru. Prenez en exemple le bonheur ressenti par celui qui plonge dans le sommeil. L’expérience de joie ou de peine survient par la présence de la conscience. Elle devient pure joie par la grâce du Guru. La joie procurée par le départ de la force vitale du corps ne peut être exprimée par des mots.

Les affaires du monde ne sont pas vraies. Alors à quoi faut-il renoncer ? Poursuivez vos activités quotidiennes comme vous aimez le faire. Souvenez-vous de la parole du Guru, pas intellectuellement, mais présentement. Une fois convaincu de votre vraie nature, vous ne serez plus concerné par la calomnie. Par votre lumière, vous pouvez observer toutes les autres lumières du monde. Comment cette lumière pourrait- elle se teinter ? Sans passer par les mots, réalisez qu’il n’y a pas de Dieu, ou autre Brahman, en dehors de vous. Gardez cela présent, sans mots. C’est la parole du Guru. Celui qui amenuise la lumière du Soi endurera de grandes souffrances. Tout ce que vous reconnaissez, l’est par ses couleurs et ses contours. Le Soi ne peut être reconnu parce qu’il n’a ni couleur, ni contour.

Nisargadatta Maharaj

Nirupana 23 de “Méditations avec Sri Nisargadatta Maharaj” éd. Aluna

Nirupana 22 – l’ illusion de la naissance

illusion naissance Nisargadatt

Vous avez beaucoup lu et entendu. Maintenant tournez-vous vers celui qui lit et entend. Le fait que vous ayez connaissance d’être, est source de misère autant que de joie. Dieu est source de joie, tandis que maya est la racine de la misère. Mais à l’origine, c’est uniquement la conscience.

Trouvez ce que vous avez par vous-même qui soit vraiment à vous. Méditez sur cela, et sachez que celui qui contemple Dieu est lui-même Dieu. Seul le Sadguru peut vous dire qu’il en est ainsi. Les autres enseignants vous diront de vivre comme des serviteurs de Dieu.

Dans votre enfance, votre mère vous a appris à reconnaître les sons. Si elle ne l’avait pas fait, quel serait votre langage aujourd’hui ? Je vous parle aujourd’hui dans le langage qui était le vôtre avant que vous fassiez l’expérience des sons. Cependant vous avez encore besoin de comprendre la signification de ce qui est dit dans le langage que vous avez appris.
Toutes les religions du monde sont de simples concepts. Possédez-vous d’autres savoirs en dehors de ce que vous avez lu ou entendu ? La voie du Soi implique la voie du prana et de la conscience, parce que nous sommes la conscience. La conscience manifestée n’est pas stable, tandis que le non manifesté est la Vérité immuable.

Quand on s’occupe de l’horoscope d’un enfant, la première chose prise en compte est son heure de naissance. Alors, qui est né ? Est-ce le temps, ou est-ce l’enfant ? Les occupations quotidiennes sont exécutées sous le dictat du temps. Le temps est la durée. La sensation d’être l’acteur peut être appelée le mental. Dans toutes ces interactions est présent Celui qui est sans naissance. Par la grâce du Sadguru, l’illusion de la naissance s’évanouira à jamais.

Le sentiment d’existence survient avec la combinaison du corps et du prana. Cette expérience n’a pas de forme par elle-même. Ainsi, le mental s’identifie au corps physique. La naissance fait apparaître le temps, alors que nous disons pratiquement que c’est l’enfant qui est né. Le témoin, qui croit qu’il est le corps, est la victime du temps. Est-ce que le temps à une forme ? Cela ne peut pas être compris par les rituels. La discrimination est nécessaire.

Ce qui est entendu depuis l’enfance est pris pour acquis. Observez tout cela maintenant avec un regard discriminatoire. Prenez soin de votre véritable nature. Quoi que ce soit qui est cru ou mémorisé, cela ne restera pas. Vous le saisirez quand vous connaîtrez le Soi. Toutes les affaires du monde se font sur la croyance que ce qui se fait est vrai. En fait, il s’agit d’une fraude. Du sommeil profond jaillit la sensation « Je suis », puis de là le corps et le monde, suivis de la joie et de la peine. Si vous ne réalisez pas ceci, vous souffrirez.

Votre conscience est lumineuse, sans forme et sans localisation. Le corps est impur, c’est pourquoi vous êtes sur le sol. S’il était purifié, vous pourriez voler dans l’espace. Les hatha yogis le font. Restez présent à la conscience (ce qui écoute), et méditez sur elle. Elle n’a pas d’attachement. Vous n’y trouverez pas de choses telles que vertus et péchés. Vous vous limitez en pensant être le corps, et donc vous expérimentez la limitation. Celui qui écoute est identique à Brahman, tout comme l’est le Guru. Restez en contemplation sur ceci. Respectez la conscience en tant que Guru, elle deviendra votre amie. Arrêtez de regarder vers l’extérieur et comportez- vous en tant que Soi. Vénérez la plus grande connaissance, en disant « Je suis Cela ». Pouvez-vous demeurer en tant que conscience simplement un moment ?

Celui qui désire vraiment connaître ceci, ne mourra pas sans en avoir la connaissance. Il n’existe rien du genre « Je mourrai avec le corps ». Est-ce que la lumière peut mourir ? Combien de temps votre conscience va vous accompagner ? Une saison. La contemplation du Guru équivaut à la contemplation de la conscience. La contemplation de la conscience par la conscience est une dévotion non duelle.

Nisaragdatta Maharaj

jeudi 13 avril 1978

  Nirupana 22 de “Méditations avec Sri Nisargadatta Maharaj” aux éd. Aluna

Nirupana 20 – Aucune expérience ne dure

aucune expérience ne dure

 Aucune expérience ne dure.

À vrai dire, un individu n’a pas de forme. Ce que l’on appelle forme est constitué des cinq éléments. Dans le corps se trouvent les cinq sens. Auquel allez-vous continuer de vous identifier ?

La plupart des gens sont intéressés par ce qui concerne les perceptions sensorielles. Ils ne perçoivent pas le corps comme irréel. Tout le savoir du monde est basé sur les mots. Cherchez si celui qui possède ce savoir des mots a une forme. La contemplation de ce qui n’est pas le Soi n’est pas vraie. La méditation concerne uniquement le Soi. La connaissance dans le corps doit être trouvée. Elle n’est pas personnelle. Dans la bouche, le sucre fond mais sa douceur perdure.

Est-ce que la douceur possède une individualité ? Il y a juste la trace d’une manifestation. C’est tout.

Aucune expérience ne dure. Celui qui expérimente ne peut pas être décrit, nous sommes celui qui expérimente. Ce qui dépend de la force vitale et de la conscience ne dure pas. L’éternel est avant ça. Nous devons regarder le concept « Je suis quelqu’un, Je suis quelque chose ». Tout ce qui se manifeste, le fait en accord avec la nature du temps. Le désir d’atteindre la réalisation du Soi apparaît lui aussi conformément aux dictats du temps.

Quand la conscience apparaît, le monde devient visible. En grandissant, vous quittez l’enfance.

De la même manière, en acquérant la connaissance juste, vous quittez l’identification à la forme corporelle.

Comme vous ne pouvez pas faire autrement que d’utiliser les mots, vous dites que Dieu est le créateur. Est-ce que le Dieu si bienveillant créerait un tel chaos ? Sans nous, Dieu n’existe pas. Dieu n’est rien d’autre que la certitude que vous avez d’exister, rien d’autre que l’amour que vous éprouvez pour votre existence.

« Je suis » est Brahman. Ce qui se tient derrière est appelé Parabrahman.

Dans un premier temps, vous accédez à Brahman, ensuite vous et Brahman disparaissez (la conscience se déploie, se fond à l’univers tout entier, puis se dissout. Ceci se produit dans un état de profonde méditation). Ce qui fait dire au jnani qu’ultimement il n’y a rien. Alors pourquoi enseigne-t-il ? Voici une réponse : quand quelqu’un doit aller uriner, il y a urgence à le faire. Pendant que cela se fait, n’est-ce pas apprécié ? De la même manière, le corps du jnani est perçu temporairement, comme une envie pressante d’enseigner.

Le rêve premier est la sensation d’existence. Tant que vous vous référez à Dieu, vous n’avez pas atteint votre destination. Paramatman n’a ni naissance, ni mort. Alors pourquoi Krishna dit-il : « Je suis né tant de fois ? » Toutes ses naissances concernent les cinq éléments. De telles naissances se produisent par millions, chaque seconde, en Paramatman.

Les Écritures sont les concepts des poètes. Ils vous soudoient autant qu’ils vous menacent. Pendant le sommeil, il n’y a pas d’expérience de soi. Le sommeil ne peut pas être perçu une fois réveillé. Dans le même ordre d’idée, maya ne peut être imaginée. Tout comme le sommeil ne peut être connu, maya ne peut être connue, que ce soit des dieux ou des humains.

Maya apparaît lors de la manifestation de la conscience. Avant cela il n’y a pas de maya. La pensée « Je suis » est la perturbation. Même les plus grands dieux ne comprennent pas maya, car ils sont créés par elle. Ils ne sont pas auto créés. Leurs actes sont illusoires. Celui qui est détaché n’est pas concerné par maya. Le sommeil profond est synonyme de totale ignorance. C’est de là qu’émerge la sensation « Je suis ». C’est le commencement de maya. Alors, avec la sensation d’être réveillé, je m’en vais fièrement négocier mes affaires, dans un monde qui n’existe pas. La sensation « Je suis réveillé » crée le monde. Cela se produit par maya. Quand vous réalisez cela, la sensation « Je suis celui qui fait » s’évapore.

page98image16636672

Quand vous saisissez le Soi, il l’est en tant que « vide vide », plus vide que ne peut l’être un rêve. La représentation de « Je suis comme ceci ou je suis comme cela » vous a donné forme. Ce qui a été créé, sera pour sûr détruit. Qu’est-ce qui est créé ? Notre conscience. Quand la sensation « Je » émerge, elle devient l’ego.

Vous ne pourrez pas écouter cela tant que vous n’êtes pas prêt. Une fois entendu, cela devra être rappelé et rappelé encore. C’est le commen- cement d’un processus. Cette forme vous est apparue spontanément. Personne ne l’a créée. Vous ne seriez pas ici, si vous n’aviez pas eu l’ins- piration intérieure de chercher le sens profond de la vie. Ce n’est pas le genre de dévotion dont le propos est d’acquérir quelque chose. Le propos de cette dévotion est la libération par l’écoute. L’idée que vous êtes un homme ou une femme, avec les comportements qui vont avec, est fausse. Ce n’est qu’une apparence. Pour connaître cela, certaines qualités sont requises. La connaissance « Je suis » est votre Divinité. Comprenez cela. Différents noms Lui sont donnés. Le fait qu’un certain plaisir à écouter cela grandit en vous est, spirituellement parlant, un bon signe. Quand la connaissance de votre existence sera parfaitement claire, vous transcen- derez maya. La conscience révélera alors sa propre valeur. La manifesta- tion est une, mais ses noms sont multiples. Tous les noms sont ceux de maya. Une fois réellement connu « Je suis partout », le connaisseur ne sera plus différent de la connaissance. Aucune expérience ne dure. Quelle que soit la manière dont vous vous considérez, elle s’en ira. La sensation d’être réveillé est aussi un concept. Sommeil et veille sont des attributs de votre nature impermanente. Quand vous entrez dans le sommeil profond, vous vous débarrassez de vous chaque jour. Si ce sommeil ne s’arrête pas, qu’allez-vous faire ?

Que la mort arrive aujourd’hui ou dans un millier d’années, ce sera la fin de tout ; il n’y aura pas de problème. Le détachement est la sensa- tion que tout ceci n’est qu’une apparence. Quand la Vérité est saisie, les faux concepts s’en vont. Aucun effort particulier n’est nécessaire pour cela. On appelle cela : une offrande à Brahman.
Il est dit dans les Écritures : « Au juste moment, Bhagavan s’incarne et nourrit le dharma. » Il s’agit ici du dharma de notre vraie nature. Alors que quand les gens évoquent le dharma, il s’agit du dharma du corps.

Le Guru est une incarnation de Dieu. Par la dévotion au Guru, maya, qui apparaît démoniaque et immense, est réduite à une taille infime. Ne négligez pas la conscience qui est en train d’écouter. Elle est pure et immaculée. Gardez cela présent et vénérez-le. Ne perdez pas cette connaissance du Soi dans la connaissance de votre existence. À cause des impuretés du mental, vous vous enfoncez dans les bois et subissez toutes sortes d’épreuves. Si ces impuretés sont retirées ici et maintenant, alors que vous écoutez, vous n’aurez pas à vous enfoncer dans les bois ou à gravir les montagnes.

 Nisargadatta Maharaj

dimanche 2 avril 1978

“Méditations avec sri Nisargadatta Maharaj” aux éditions Aluna

Nirupana 19 – Maya

maya

« Je suis sans corps, tout est perçu dans ma propre lumière ». Ceci doit être solidement établi. Vous dites que vous ne pouvez pas voir votre propre lumière. Comment pourriez-vous voir ce par quoi tout est vu ? Pendant la méditation, soyez conscient que le méditant est sans forme. Quand vous allez dormir, gardez à l’esprit que vous n’êtes pas le corps. Celui qui n’a pas de corps n’appartient pas à une caste, n’a ni qualité, ni défaut et n’appartient pas au temps. Le ciel ne peut pas se tacher, et vous êtes plus pur que le ciel.

Ananda est subjective, mais le Soi ne l’est pas. À moins que tout soit oublié, il n’y a pas de félicité. Au fur et à mesure que la foi en vous-même (véritable) grandit, le mental individuel dépérit et vous vous révélez.

Jusqu’à un certain niveau, les déités sont présentes. Quand ce niveau est dépassé, les déités ne sont plus là (jusqu’à un certain niveau de méditation, le chercheur reçoit la puissance des déités, ensuite il n’y a plus que Brahman). Vous ne comprenez pas qui vous êtes, comment les autres le pourraient-ils ? Les Écritures sont pour les ignorants, pas pour celui qui a la connaissance. Quoi qu’il puisse être dit avec des mots, cela sera impermanent. Cela peut être comparé au contenu d’un rêve.

Lâchez définitivement cette habitude profondément enracinée d’identification corporelle.

En tant que quoi vous considérez-vous ? Attardez-vous sur cela. Votre corps est de la nourriture. C’est la nourriture de la conscience, la force vitale. La conscience et le monde sont une seule et même chose. Ils apparaissent simultanément. Le monde est une illusion. Toutefois, vous êtes celui qui a connaissance de cette illusion due au jeu des trois guna-s. Ce puzzle sera solutionné seulement par la discrimination et non pas par les rituels. Dans cette dynamique, offrez-vous en offrande aux pieds du Guru. Ceci, en soi, est la grâce du Guru. Vous demandez de quelle utilité peut vous être Paramatman. Quand Paramatman n’a pas d’utilité pour lui-même, comment en aurait-il pour vous ?

Pourquoi nous questionner au sujet de ce qui n’est jamais venu à l’existence ? Du point de vue du jnani, rien ne s’est jamais passé. Com- ment peut-on se remémorer ce qui n’a jamais été oublié ? Ce qui est souvenir, sera assurément oublié. Après avoir dit ça, le Guru Ramadas faisait encore chanter la prière du Seigneur et faire des statues de Maruti en bouse de vache. Était-il fou pour autant ?

Maya signifie : l’illusion qui apparaît soudainement. Il s’agit de l’illusion d’avoir une dimension et une forme. Cela s’est produit par l’oubli de votre véritable nature. Voyez comment et quand vous avez acquis le concept d’exister. Celui qui connaît le Soi n’a pas de problème avec ce qui est bien ou mal. Avoir un quelconque souhait est de la mendicité. Restez tranquille. Peu à peu, vous saurez ce qui se passe réellement et pourquoi. En fait, même quand il n’y a rien de néfaste, le jiva a le sentiment qu’une grande calamité se produit, et il part au combat jusqu’à en mourir vainement. Dans l’état d’identification au corps-mental, tous sont des mendiants. Chacun demande une chose ou une autre. Jusqu’à ce que l’ignorance disparaisse, le concept « Je veux aller au-delà » persistera.

Il n’y a que maha-maya (la grande illusion.) Elle doit être démasquée, après avoir été vénérée en tant que Dieu ou Brahman. C’est alors, en même temps, le Divin qui est détrôné. Rare est celui qui vous évoquera cette connaissance la plus secrète. Une fois passé le temps de vénérer le Soi en tant que Dieu, l’ignorance est révélée. Alors, aucune connaissance ne peut subsister.

Tel qu’il est dit dans les Vedas, il est possible de dépasser le karma, pour celui qui a réalisé totalement Brahman. Celui qui a la vraie connaissance et qui ne proclame pas la posséder se fait rare. Qui est le connaisseur ? Le jnani ? Il sait juste que tout est ignorance.

page94image20336384

L’union de « vous qui avez connaissance de votre existence » et de « vous qui n’a pas connaissance de son existence » est maha-yoga, la grande union. Celui qui pratique ce grand yoga a transcendé la connaissance de l’existence. Le Soi est lumière. Quand du jiva émane cette lumière, il voit le monde. Le reflet du monde apparaît dans votre connaissance. S’il y a une expérience de bonheur, il y aura aussi une expérience de peine. Rappelez-vous ce que vous avez entendu, et mettez- le directement en pratique.

Nisargadatta Maharaj

jeudi 30 mars 1978

Nirupana 19 de “méditations avec Sri Nisargadatta” aux éd.Aluna

Nirupana 18 – l’ ignorance absolue

méditation avec sri nisargadatta maharaj

Avoir l’impression que « Je sais beaucoup de choses » est l’état d’ignorance. Une fois qu’il est compris que tout cela est pure ignorance, peu importe de parler beaucoup ou pas du tout. Quand vous allez vous coucher, vous êtes le sommeil lui-même. Vous n’êtes pas séparé du sommeil. Au réveil, la connaissance « je suis » émerge en vous et instantanément crée le monde. Quand vous êtes endormi, vous êtes pure ignorance. Qu’est-ce qui se passerait si un jour cette ignorance ne se réveillait pas ? Qui serait là pour mourir ? L’ignorance dort et se réveille tous les jours ! Quel est le sens de la suppression de l’ignorance ? Vous pouvez donner le sens que vous voulez. Mais que se passe-t-il réellement ? Vous, qui êtes réveillé, allez vous coucher. C’est-à-dire que la connaissance devient ignorance. Vous devez saisir l’importance véritable de ce fait. (Dans cette phrase, l’ignorance évoque l’Absolu, alors que la connaissance se réfère à « Je suis »).

Quand Brahman est libéré, Parabrahman reste tel qu’Il est. Ce qui est l’origine de cette « démangeaison » (la succession de joie et de peine), c’est Brahman. Quand cette démangeaison disparaît, reste Parabrahman. Ce que je suis, ici et maintenant, est de l’ignorance réveillée. Le support de toutes choses est l’ignorance, que l’on appelle sommeil. L’état de veille est l’enfant de l’ignorance. S’il y a ignorance, alors peut apparaître la connaissance.

La croyance que vous êtes est créée en vous. Elle est venue sans invitation. La foi et la dévotion sont de l’amour. C’est l’amour pour le Soi.

La certitude que vous êtes est une pure et sainte manifestation de Paramatman. C’est jnana. La reconnaissance du corps se fait à travers cette foi dans le Soi. Les saintes évocations sont pour cette certitude du Soi. Ne vénérez plus l’impermanent (le corps). Ce corps est fait pour nourrir la foi dans le Soi. Le parfum de « Je suis » qui se dégage du corps est Dieu lui-même. Celui qui croit être le corps fait face à la mort.

Vous êtes attaché à différentes sortes de croyances. Vous évoluez en fonction de ce que vous croyez. Oh ! Comme est puissant l’effet des croyances ! Soyez conscient de cela. Votre croyance « Je suis » a pour essence le Guru ou Dieu. Elle est dans votre cœur sous forme de lumière. La lumière du Soi ne meurt jamais. Celui dont la lumière du Soi est immortelle peut-il mourir ? Il ne vivra plus sous cette forme actuelle, c’est tout. La forme est éclairée par cette lumière. La sensation « je suis » est Dieu. On l’appelle saguna-Brahman – le manifesté avec des qualités. Il est contenu dans Parabrahman – l’Absolu sans qualité. Vous êtes Brahman. Le grand mantra, qui vous est donné, est l’expression de Brahman. C’est votre propre nature. Invoquez-la par votre mantra. Assurément, Elle se dévoilera. Celui qui gagne le gros lot de la loterie est heureux. Il se considère comme quelqu’un de riche. Cela survient en un instant. S’il peut en être ainsi, pourquoi le mantra du Guru n’apporte-t-il pas un changement instantané ? Avec la foi dans le Guru, peur et mort disparaissent à jamais. Par la même occasion, la peur de naître disparaît aussi. Alors que vous nourrissez en votre cœur la croyance en votre (nouvelle) existence, votre attitude va se modifier.

La croyance en « Je suis un fragile être humain » va se changer en « Je suis Brahman ». Alors, le travail est accompli. La parole du Guru est parfaite connaissance. Elle est à la fois Être et mouvement. Tenez-la bien. Aucun autre moyen ne permet d’être plus proche.

Nisargadatta Maharaj

dimanche 26 mars 1978

Nirupana 18  de “méditations avec sri Nisargadatta maharaj” aux éd. Aluna

Commentaire : Dans cette phrase, l’ignorance évoque l’Absolu,(Parabrahman) alors que la connaissance se réfère à « Je suis »(Braham, Dieu, conscience témoin et énergie de manifestation tout à la fois).

Nirupana 17 – connaissance du Soi

aux pieds du maître -Nisargadatta

 

La connaissance du Soi signifie avoir une parfaite compréhension de ce que nous sommes précisément. Le corps, pour lequel tous les plus grands soins sont pris, est impermanent et irréel. Quoi que ce soit qui peut être connu, n’est pas la connaissance du Soi. Celui qui croit qu’il va mourir est ignorant. Il devrait s’unir à Sat (qui est éternel), et non pas au corps.

Un sage signifie notre vraie nature, toujours présente et immaculée. Il n’y a pas de personnalité ici. Le sage n’est pas une personne ; il est seulement. Il est en état de satsang permanent. (En sainte compagnie permanente). Cependant, le cours de la vie se poursuit et se termine par la mort. Ce que vous prenez pour vous-même n’est pas votre compagnon ; il ne l’a jamais été et ne le sera jamais. Celui qui supporte toutes choses est un sage (jnani). Peut-il causer de la souffrance aux autres ? Le mouvement des cinq éléments n’est pas le sien. Quelle que soit l’identité que vous essayez de vous modeler dans le but d’être heureux, il faudra la laisser. Vos pensées changent avec l’âge. Vous avez de la fierté à être comme ceci ou comme cela en tant que corps physique. Vous avez l’impression d’être comme ci ou comme ça. La sensation « Je souffre de ceci ou de cela » est l’ignorance. Soyez convaincu que vous êtes autre que les sens ; leur expérience n’est pas votre expérience. Ceci est la condition de Brahman. La conscience pure n’a jamais eu d’expé- rience. Le mental est constitué de la collection d’impressions qui a été en- registrée en lui depuis la naissance. Ce qui constitue le corps est identique à ce qui constitue le monde. Quand cela se prend pour le corps, il de- vient différent du monde. Être un avec le monde, veut dire avoir de la dévotion pour tous les êtres, en tant que Dieu. Celui qui se prend pour le corps n’a ni tolérance, ni patience. Atman est mon Soi. Il est toujours libre. Il n’a pas de forme, mais sa propre lumière est la sensation « Je suis ». C’est la conscience pure. Quand quelqu’un vit cette dimension, sa connaissance est « Je ne suis pas le corps, je suis la conscience qui s’éclaire de sa propre lumière ».

Ce qui est réel ne fait pas des allées et venues ; seul le corps s’en va. Est-ce que votre corps sait que vous êtes assis ici ? Tous les corps de l’univers sont mis en mouvement par la force vitale.

Cette énergie de vie intense est nommée de différentes manières, comme Dieu, Iswara, Atman, etc. En fait, la conscience n’a pas de nom. Les noms sont donnés pour le fonctionnement pratique du monde. Une fois que la conscience quitte le corps, elle ne reconnaît plus le corps. Celle qui est sans limite n’a pas de connaissance d’elle-même. Elle n’a aucune fierté à être comme ceci ou comme cela. Des millions d’êtres naissent dans cette conscience chaque jour.

La même conscience réside en eux.
Votre mémoire fonctionne automatiquement. L’enregistrement se fait chimiquement. Toutes choses dont vous revendiquez être l’auteur s’installent en vous en tant que mémoire. Votre corps est une machine qui produit de l’énergie vitale avec la sensation « Je suis ». Elle mène à bien toutes les activités. Aviez-vous une quelconque expérience pour vous guider dans vos premiers apprentissages ? Ce « Je suis » chimique fait tout. Cette connaissance n’est pas affectée par les trois gunas. Quand il n’y avait pas d’expérience du corps, à quoi ressembliez-vous ? Sans ignorance, il ne peut y avoir de connaissance. Si l’ignorance de dé- part de l’enfant n’est pas là, aucune connaissance ne peut être acquise plus tard. La connaissance apparaît parce qu’il y a ignorance. Quand quelqu’un a l’information « Je suis » avec le corps, cela s’appelle vrutta (connaissance.) Paramatman n’a pas la connaissance d’une existence séparée. Cette information-connaissance est appelée mental, intellect, existence, intuition, etc. Il n’y a rien de vrai en elle. Quand la signification de cela est saisie le mental disparaît.

Est-ce que nous sommes apparus en premier, ou est-ce le mental (les mots) ?

Ce qui est là, l’est par le mot racine « Je ». Comment nommer cet état antérieur aux mots ? Parce que dans les activités quotidiennes, les mots sont pris pour avoir une réalité, le mot « Je suis le corps » s’est collé à vous. Le connaisseur (du Soi) n’expérimente pas consciemment l’information « Je suis ». Quand vous accédez au détachement, la compassion coule à travers vous. Tous les effets indésirables s’évanouissent. Devenir détaché veut dire que vous existez en tant qu’Absolu. En une telle compagnie, ceux qui se trouvent là sont aussi en paix. Celui qui connaît le Soi connaît comment le monde est créé.
L’ego correspond à l’identification au corps. Quand cela s’en va, les comportements liés s’en vont aussi. La vénération de tels sages fait du bien même aux déités. Dieu est redevable au dévot qui se libère du corps. Se libérer du corps pendant « la vie » est la tâche la plus ardue qui soit. La conscience dans le corps n’est rien d’autre que Dieu.

Nisargadatta Maharaj

jeudi 23 mars 1978

  Nirupana 17 p 87  “Méditations avec Sri Nisargadatta Maharaj” éd.Aluna

 

 

Nirupana 16 – Bhagavan

bhagavan

 

« Je ne suis pas le corps, je suis le Soi ». Si vous méditez de la sorte, vous deviendrez Dieu. Ce grand mantra est identique à la conscience pure. Ne la vénérez pas en lui donnant une forme. L’idée que vous êtes le corps doit disparaître. Alors, la suite sera merveilleuse. Vous dites : « J’oublie de méditer. » Mais celui qui le dit ne l’a pas oublié.

Comme l’or est la matière des bijoux, de la même manière la sensation « Je suis » est la matière de tous les mots. Quand la conscience se réalise, on dit que c’est la grâce du Guru. Vous devez être le vivant témoignage de la parole du Guru. L’initiation par le mantra établit une relation particulière avec le Guru. Chacun peut mourir à n’importe quel moment. Alors comment est-ce possible de négliger la parole du Guru ?

Les vrais dévots sont illuminés par la connaissance du Soi. Ils deviennent espace. Quand la fréquence du chercheur change, son com- portement change aussi. Certains s’habillent d’une façon particulière, d’autres vont nus. Certains gardent le silence, et d’autres deviennent volubiles. Comme ils sont réalisés, ils n’agissent plus délibérément. Un être réalisé n’est pas concerné par la façon dont le corps fonctionne. Son comportement n’est gouverné par aucune règle de conduite.

Le parfum de votre être est la sainte présence de Dieu. L’attrait pour la conscience individuelle peut être comparé à une morsure de serpent. Les sages ne se considèrent pas comme le corps, aussi ne sont-ils pas piqués. Le Soi est antérieur à la lumière ou à l’obscurité. Seul le corps ou le mental prend des aspects différents.

Bhagavan signifie la lumière. La lumière de Bhagavan est comme un grand vide fait de lumière. Est-ce qu’il y a une différence entre cette lumière et votre propre lumière ? Quand vous connaissez votre conscience et que vous devenez le témoin, vous comprenez alors que le ciel est votre lumière.
Il n’y a rien en dehors de la lumière de Dieu. La qualité naturelle de Dieu est votre propre conscience. Dès que la conscience apparaît, les cinq éléments apparaissent et le monde avec. Votre regard a la même couleur que l’espace. Tous les noms sont ceux des manifestations de Dieu. Y avait-il un nom avant cela ? Bhagavan signifie la conscience manifestée. Ce par quoi vous savez que vous êtes est Sa nature. Dans toutes choses alentour, il y a Dieu et uniquement Dieu. Est-ce que cette lumière fait une différence entre un homme et une femme ? Tout ceci, dans chacune de ses parties comme dans son ensemble, est conscience. Cette saveur ou cette connaissance de sa propre existence est Bhagavan. Comprendre cela, c’est voir Dieu dans chaque être vivant. Oubliez que vous êtes un être humain. Votre lumière est la lumière de Bhagavan. Dans tout ce qui apparaît, quelle en est la Source lumineuse ? C’est la lumière seule. Elle est présente dans une pierre, mais elle est mise en évidence à travers vous.

Dans toutes choses, il y a seulement une qualité. C’est la conscience. Elle manifeste son existence. Toutes les autres informations arrivent grâce à elle. Paramatman signifie « Je suis moi-même Atman ». Il ne s’agit pas d’une déité. Les dieux le vénèrent. C’est mon propre Soi. Il s’agit de la vraie connaissance directe. Elle est là avant qu’un seul mot ne soit prononcé. Celui qui apparaît et celui qui disparaît trouvent leur repos en Paramatman. Comment cela peut-il être perçu quand il n’y a plus de corps ? Le dévot éclairé dit : « Je ne suis pas le corps. » Alors qu’est ce qui devient illuminé ? (Quand quelqu’un devient réalisé, il ne se considère plus comme un corps. Alors, qui dit : « J’ai atteint la réalisation » ? Autrement dit, il n’y a personne qui devient éveillé. Il n’y a ni connaisseur, ni connu. Personne ne naît, personne ne meurt, rien n’arrive).

Une expérience peut être décrite de multiples façons, mais l’expérimentateur ne peut pas être décrit. Quand les mots se font silence, cela ne fait plus de sens de réciter les noms divins.

Nisargadatta Maharaj

dimanche 19 mars 1978

Nirupana 16 de “méditations avec Sri Nisargadatta Maharaj” éd. Aluna