Ce qui est connu comme Purusha ou esprit cosmique est véritablement Purushottam, le Soi. C’est ainsi qu’apparaît la vie animée et inanimée. Quand ce phénomène se produit, c’est le début de toute existence. Quand toutes les couleurs et toutes les formes sont ôtées, ce qui reste, c’est le Soi pur. Alors il n’y a aucune considération de haut ou de bas. Le Soi est libéré de tous les défauts présents chez les êtres vivants. Ce qui fait cette expérience s’appelle Purushottam.
Tout ce qui est vu ou apparaît est Maya, aussi bien sous l’aspect d’un pois chiche que sous celui d’un village. L’observateur est la Conscience. C’est ainsi que le voyant, le vu et la vision se connectent. Qu’entend-on par dépendance ? Elle s’élève à partir de la Source, grandit et finit par se fondre dans la Source. C’est ainsi qu’il y a dépendance. Tout ce que vous voyez ou ce qui vous apparaît dépend de vous. Vous en avez le contrôle. Ce qui est antérieur à tout, c’est ce qui contrôle tout. En réalité, vous êtes avant tout. Toutes les expériences arrivent à Purushottam et la façon dont cela se produit est une chose étonnante. Il n’y a personne qui fait l’expérience d’être un, mais Purushottam est toujours un. Chacun devrait réaliser sa méprise, il ne serait alors plus question de rédemption. C’est une bonne chose que chacun considère son excellence, mais sa justification ne doit pas importuner les autres. Votre amour pour les sages est la véritable dévotion. Se souvenir d’eux et chanter le Mantra peut vous aider à réaliser tous vos désirs. Quand nous devenons vraiment purs, la réalisation de Dieu est facile.
Toute confusion provient du jeu de Maya. De grands efforts, sans relâche, sont produits pour gagner et accumuler des richesses incommensurables, pourtant en un instant la personne riche peut disparaître et la richesse est transférée à une autre personne. C’est ainsi que Maya œuvre. Vous ne pourrez pas la trouver, même après toutes vos tentatives. Elle est insignifiante mais ses effets se déploient dans un vaste espace. Le mot «nourriture» n’est composé que de dix lettres, mais elle occupe un vaste espace. Elle vient de la terre ou de la poussière et elle est poussière elle-même. Si nous ne le voyons pas ainsi, cela prend forme devant nous. Si l’on voit la réalité, ça devient de la poussière. Même alors, tous mangent, boivent et dorment. C’est Maya. Nous apprenons d’abord à connaître notre existence, puis nous remarquons le monde extérieur. Nous agissons dans le monde en oubliant le Soi. C’est Maya. C’est pure ignorance que de s’inquiéter de la descendance familiale en l’absence d’enfants.
Un jnani porte un regard différent sur les choses. Il dit que si la mort survient, c’est une bonne chose, car la douleur et les problèmes du corps disparaissent. Par contre, celui qui s’accroche fermement à son identité corporelle a peur de la mort. Les chercheurs donnent toute leur confiance à celui qui a la conviction de n’être jamais né et qui n’est donc pas concerné par la mort.
Les sages affirment que nous ne sommes jamais nés. Purushottam est indépendant du corps et de la Conscience. Notre expérience de l’existence n’est qu’imagination. Il n’y a là rien de vrai ni de faux. Pour qu’un être jiva prenne forme, le Shiva doit l’animer. Il s’éclaire de sa propre lumière, Il est empli de lumière. C’est grâce à Paramatman que Shiva brille. Le reflet de la lune dans un étang n’est pas la lune. De même, dans l’étang appelé corps, se reflète une image de Paramatman. Cependant, ce n’est pas Paramatman, seulement une image. L’affirmation selon laquelle Paramatman est né dans un corps est fausse. Bien qu’il y ait l’expérience d’un corps et qu’Il soit en lui comme une image. Il reste inchangé au contact du corps. Mais en raison de l’identification avec l’image, il semble que la perception du corps soit réelle.
Le sage Nanak dit que votre image est dans le miroir, mais pas vous. Par la présence de la Conscience, le nom de Nanak a été donné. Celui qui tournera son regard vers l’intérieur atteindra la plénitude du Soi. Ainsi, Nanak nous dit : « Pourquoi cherchez-vous Hari dans la forêt? Il est dans votre Cœur. Vous sentez votre être dans le Cœur. Dieu essaie de dire que, bien que Je sois présent dans tous les êtres, Je ne suis vraiment nulle part. De quoi dépend la fierté de tout être vivant?» Kabîr dit que si une maison est vacante, toutes sont vacantes, mais si l’une est occupée, toutes les autres le sont aussi. Pour faire court, tout est illusoire, tout est méprise.
Nisargadatta Maharaj
25 septembre 1955
Extrait de « Premiers discours » aux éd. des 2 Océans

