Nirupana 115 – le Guru intérieur

Guru intérieur Nisargadatta

C’est impossible de conserver votre identité en permanence. Quelle est votre véritable situation ? Avant que tout ceci ne devienne visible, vous existiez et il en sera toujours ainsi, même si cette identité que vous avez prise, « Je suis comme ceci, comme cela », finira par s’en aller. Tout ce qui vous tient compagnie ne restera pas. Vous n’aviez pas auparavant l’expérience des deux états de veille et de sommeil. Maintenant vous faites l’expérience de vous-même et du monde pendant ces états. Quand ces deux états n’étaient pas présents, les cinq éléments (l’univers perceptible) n’étaient pas là. Vous n’aviez pas connaissance de votre existence. Alors qu’y avait-il ? Il y avait la perfection sans aucun besoin de votre existence.

L’état de veille lui-même est l’univers. Le sommeil apporte le repos. Cela veut dire qu’il y a réconfort et repos pour l’être. N’importe quel état d’être est passager et, en cela, imparfait. L’expérience dans sa totalité est imparfaite. Cependant vous vous y collez. L’expérience du rêve y prend place. L’expérience d’être se fait uniquement dans ces états. Celui qui a connaissance que tout ceci n’est pas vrai est immortel. Quand vous étiez sans ces deux états de veille et de sommeil, ressentiez-vous le besoin de votre existence ?

Le monde phénoménal a germé de l’illusion primordiale, « mul- maya ». Personne ne l’a créé. Il n’a pas de créateur, ni de destructeur. L’état de veille vous a recouvert. Notre conscience prend spontanément la forme de l’univers. Où se trouve la graine de l’univers ? La sensation « Je suis conscient », accompagnée de l’espoir de perdurer, est la graine. Ceci, en soi, est le rêve. Chacun voit ce monde de rêve, mais combien reconnaissent celui qui voit ?

Vous êtes constamment avec des soucis ou des peurs. L’existence vous a recouvert sans que vous l’ayez demandé. Quand elle disparaît, où va le monde ? Pendant la veille, son expression est infinie ; pendant le sommeil elle se pose en celui qui perçoit. Elle ne va nulle part. Les deux états n’étaient pas là auparavant, comment peuvent-ils mourir ?

Avec une grande chance, il est donné de rencontrer un « être parfait » et il clarifie votre vision. Avec sa bénédiction, il est possible d’accéder à l’immortalité. Ceux qui développent une dévotion (une dévotion non duelle) pour le Guru, deviennent immortels. Présentement, votre être n’est pas en paix. Le sommeil profond est la seule expérience de paix. L’état de veille et l’état de sommeil sont un puzzle au travers duquel vous réalisez votre Soi. Mais vous n’avez aucun rapport avec ce puzzle. Vous allez avec un nom et une forme corporelle, et dites que vous êtes vivant. Vous gagnez et accumulez, uniquement pour mourir à la fin. Il y a l’illusion de la peine, de la misère et de la peur. Mais vous avez pris tout cela pour vrai ! Les écritures disent que vous avez une infinité de naissances et de morts. Ce ne sont que des concepts. Avez-vous l’expé- rience d’au moins une naissance ? Quand vous rendrez-vous compte de cette erreur ? Seulement quand vous vivrez dans la conviction « Je suis la conscience qui s’éclaire elle-même », comme l’est le Guru sans aucune équivoque.

Par la parole du Guru, vous verrez que vous êtes immortel. Alors vous accéderez à la compréhension que vous êtes l’observateur distant de la veille et du sommeil. Vous avez pris pour vrai la fausse apparence, ainsi vous devez naître et naître encore. Ceci est ce que disent les écritures. C’est la cause de la souffrance. Méditez sur le Guru intérieur. Alors, Il vous montrera ce qui mortel et ce qui est immortel. Quoi que ce soit qui apparaît et qui est perçu est irréel. On dit, juste pour parler, qu’untel est réalisé et que l’autre ne l’est pas. Il faut voir cela. Ne réduisez pas vos activités quotidiennes comme signe de détachement. S’il y a un Soi parfait dans ce monde, alors cherchez-le par vous-même et recon- naissez que c’est Vous – votre propre Soi.

Nisargadatta Maharaj

jeudi 28 juin 1979

Extrait de “méditations avec Sri Nisargadatta Maharaj” éd. Aluna

Nirupana 114 – Reconnaissez la Vérité

vérité Nisargadatta Maharaj

Il est rare que l’on se penche sur le fait que la conscience soit apparue en nous. Un être sur un million s’y consacre. La conscience signifie notre sens « Je suis ». Rare est celui qui s’en tient à la conscience comme enseigné par le Guru. Lors de la pratique de méditation, de nombreuses expériences surviennent. Les chercheurs restent prisonniers quand ils acquièrent des pouvoirs spirituels et que les gens les honorent. Seul celui qui est dans une constante discrimination est à même de progresser.

Comme une étincelle est émise par un court-circuit électrique, la conscience a aussi été émise par un court-circuit. Nous avons entendu des mots tels que jiva, Parabrahman, etc., mais qu’y avait-il avant que ces mots soient entendus ? Comment l’écoute est-elle apparue, et à partir de quoi ? Avons-nous une quelconque identité en dehors de la conscience ? La période pendant laquelle la conscience est présente est appelée la durée de vie. Celui qui devient un avec sa véritable nature est un jnani. Il observe comment la conscience a recouvert sa vraie nature. Il est Un sans second. Il n’est pas sa connaissance « Je suis ». Il est celui qui connaît la source de la conscience. Il pourra sembler que le jnani vaque à des occupations quotidiennes comme tout autre. Mais il en est totalement libre intérieurement. Il sait qu’aucune qualité des cinq éléments ne peut être utilisée pour décrire sa véritable nature.

Tout est créé à partir de rien. Il n’y a pas de créateur. Tout arrive spontanément. Il n’y a rien à quoi identifier un jnani. Au travers de la méditation, la conscience se fond dans la conscience. La parole du Guru est votre véritable identité. Vous êtes pure conscience. Chacun connaît cette vérité. Cependant, il s’identifie au corps. Quand l’essence de nourriture s’évapore, la conscience disparaît. Rendez-vous directement au subtil. À moins de réaliser le subtil, vous ne réaliserez pas le grossier.

Quand le prana quitte le corps, la conscience disparaît. Elle ne meurt pas. Quand la conscience (guna) s’oublie elle-même, on appelle cela nirguna. Ce que vous avez entendu, cru et pris pour la vérité, doit être enduré ou apprécié. Aussi, prenez toute chose pour fausse. Celui qui connaît, malgré le fait d’avoir une conscience, un corps et une vision du monde, est toujours nirguna – sans qualité. La raison en est qu’il est celui qui connaît tout ceci. Le monde dans son entier a été créé dans la vacuité de la conscience subtile. Alors, la sensation d’être dans le monde est apparue et la misère a commencé. Mais, quand ce sentiment d’être s’en va, nous sommes libres. Tout cela prend place dans l’espace cérébral. C’est dans cet espace que se fait la perception d’être conscient, et que le vaste monde est créé. Quand un changement survient dans cet espace, le monde change aussi. Pour cela, abandonnez la conscience indivi- duelle, votre ego. L’attachement au corps est l’empêchement.

La racine des cinq éléments est la conscience atomique. Le monde entier tient en elle. Comment le jnani pourrait-il prendre le monde pour vrai ? L’ignorant le prend pour vrai, ainsi il expérimente le tourment. Celui qui s’identifie au corps est celui qui souffre et apprécie, pas le jnani. Reconnaissez la Vérité. Laissez de côté tous les concepts. Reconnaissez la création de votre conscience. Celui qui la reconnaît se trouve derrière la naissance et la mort. Il ne va ni ne vient.

Cela prend du temps pour accomplir un bon travail. Le travail bâclé peut être accompli rapidement. Le bon travail apporte la satisfaction.

Nirupana 113 – Sat-chit-ananda

Sat-chit-ananda

Sat-chit-ananda est expérimenté quand la conscience est présente. La félicité est expérimentée par la conscience. Elle est qualitative,( pourvue de qualités) et en cela n’est pas la Vérité éternelle. On évoque Parabrahman, mais l’Absolu ne se connaît pas Lui-même. Pour Parabrahman, vous devez faire le sacrifice de Brahman, le manifesté. Est-ce que le temps est connu au travers de la conscience ou est-ce que la conscience est connue au travers du temps ? Tant que la conscience est présente, il y a le temps. Il n’y a rien en dehors du Brahma-randha au sommet de votre tête. Quoi que ce soit qui est vu et perçu, l’est dans cette ouverture. Par lui-même, le nom (le mantra) donné par le Guru est la preuve de la parole du Guru. Par lui-même, le nom donné par les parents est la preuve de la mort. Comment atteindre la réalisation du Soi ? Devons-nous faire un effort pour nous réveiller ? Celui qui suit la parole du Guru n’a pas à faire un effort spécial. Celui qui a accepté la parole du Guru n’est plus contrôlé par le temps. Jiva signifie la conscience. Tandis que l’Atman se manifeste dans la qualité sattvique, mais n’est pas affecté par elle. Par sattva, toutes les expériences nous arrivent. On dit que le prana quitte le corps, mais Atman ne va ni ne vient. Il n’est pas limité par le prana. La connaissance du Soi doit se faire par le Soi.

Il n’y a pas de plus grande dévotion que la dévotion pour le Guru (une dévotion non duelle). Elle transcende les vedas. La conviction que la parole du Guru est « Je » doit être présente. Quand vous allez en tant que corps, c’est comme agiter le reflet de quelqu’un à la surface de l’eau. Servez-vous du corps, mais ne permettez pas à la conscience identifiée au corps de s’accrocher à vous.

Nisargadatta Maharaj

jeudi 7 juin 1979

Extrait de “méditations avec Sri Nisargadatta Maharaj”  éd. Aluna

Nirupana 112 – Vous êtes la racine de tous

Nisargadatta méditations conscience

Des millions de dieux sont venus et partis. Vous êtes la racine de tous. Vous voulez aller au-delà, mais vous en êtes la racine. Soyez un avec. Vous connaissez la parole, mais pas les autres moyens. Pourquoi voulez-vous être libre de la parole ? (Vous êtes déjà au-delà des mots).

Quand la sensation « Je suis » n’est pas là, y a-t-il Dieu ? Il est la forme lumineuse de ma conscience. Vous ne vous comporterez qu’en fonction de vos attirances et vos rejets. Une fois que vous aurez quitté ce lieu, si vous passez un moment avec ce que vous avez entendu ici, vos attirances et vos rejets disparaîtront. Tant que je bois le jus du corps, la respiration se poursuit. Vous êtes préoccupé par vous-même, mais avant que vos parents ne vous voient, qui vous procurait air, eau et nourriture ? Qui fait croître le corps ? Le corps est nourriture pour la conscience. Les rituels spirituels sont donnés comme des punitions laborieuses. Il n’y a aucune intention dans le mental d’un jnani. Nous disons que vous devez atteindre la connaissance. Alors que vous arrivera-t-il ? Reconnaissez juste que les animaux, les oiseaux, les insectes, émanent tous de vous. Si vous saisissez ceci, y a-t-il encore besoin d’aimer le monde dans son entier ? (Maharaj dit que nous sommes le monde).

Celui qui n’était pas connu est venu à être connu. La racine de la dualité est que vous ressentez votre propre être. Êtes-vous libre de votre désir de vivre ? C’est cela le véritable emprisonnement. L’expérience d’être n’est pas vraie.

Vous prononcez les mots, vous les écoutez et vous leur donnez un sens. La parole et sa signification pourraient être appelées le jiva. Celui qui en a la connaissance pourrait être appelé Shiva. Jiva et Shiva sont les noms d’une seule et même entité. En tant que Shiva, elle est pure connaissance. Prana est l’énergie. Quand cette force quitte le corps, Shiva ne se lamente pas.

Shiva et jiva sont des noms. Shiva et jiva sont dus à Shiva seul. La véritable nature est antérieure aux noms. Shiva n’a pas d’autre identité que votre conscience pure. Il n’a aucun sens de « Je suis ». Entretenir des relations est la preuve de se trouver dans l’état de jiva. Shiva est antérieur à la compréhension. Avant la connaissance, on dit : « Je suis le corps. » Après, vous direz que les millions de corps qui existent sont tous les vôtres. Celui qui écoute est sans limite. Reconnaissez-le. Il n’est pas nécessaire d’essayer de l’être et de le libérer.

Nisargadatta Maharaj

Dimanche 3 juin 1979

Extrait de ” Méditations avec Sri Nisargadatta Maharaj” aux éditions Aluna

Nirupana 111 – Ne vous prenez pas pour quelqu’un de spécial

Krishna dit : « Je réside dans le cœur de tous les êtres. Mais je me manifeste plus spécialement dans le cœur de l’être humain. J’y suis directement présent. Bhagavan signifie le Lumineux, et la conscience, qui est lumineuse aussi, est Ma manifestation. L’amour, qui est venu sans être demandé, est aussi Ma manifestation. Celui qui le réalise devient identique à Moi. Je suis l’existence présente en tout être vivant. Ma manifestation signifie Ma véritable nature. Une particule d’or ou un monceau d’or sont tous deux de l’or. Ma manifestation particulière est la conscience dans l‘être humain. Celui qui le réalise devient identique à Moi. Alors il réalisera, au travers de sa propre conscience, ce qu’est le monde changeant et le monde immuable. Je suis antérieur à l’intellect, c’est pourquoi qui me cherchent intellectuellement ne peuvent me trouver. »

Ce qui est antérieur à la mémoire ne peut être remémoré. Nirguna est antérieur à la conscience. Ce qui agit est le mental. Quand les sages parlent, il s’agit de la connaissance de leur mental. La conscience ne peut être montrée, mais elle agit à travers le mental. Le corps est la nourriture de l’être en tant que conscience.

Tout comme la chaleur se trouve dans l’eau chaude, l’Atman demeure dans le corps. Quand l’eau se refroidit, cela signifie-t-il que la chaleur est morte ? Est-ce qu’elle s’est éteinte ? Quand le prana se retire, ses caractéristiques disparaissent. C’est lui qui se trouve derrière la perception de soi. C’est par l’évocation de vos relations que vous avez oublié votre véritable nature.

L’Un sans second devient conscient de Son existence et cela donne naissance à un très grand nombre de corps. Lequel de ces corps devrait- Il accepter plus particulièrement comme le sien ? Est-ce qu’un seul corps peut être à Son image. Les gens accordent une grande importance à la réalisation du Soi, mais Paramatman est au-delà. Celui qui tire une fierté de sa réalisation n’est pas encore mature. Rien ne peut être fait, observez juste. Les actions apportent des tourments parce que la res- ponsabilité en est endossée. Dieu nous nourrit tous, mais pas au moyen de l’intellect. Regardez seulement. Ses cinq organes : la terre, l’eau, l’air, le feu, et l’espace n’ont nullement besoin d’intellect. Le sixième est la conscience. Il n’a pas non plus besoin d’intellect. Le jnani peut sembler être l’acteur, mais cela n’affecte pas sa félicité.

Ne faites rien. Comprenez ce que vous avez entendu et lâchez-le aussi. Ne vous prenez pas pour quelqu’un de spécial. Si vous réalisez votre conscience, vous ne serez plus affecté par les pensées. Alors le corps pourra se comporter comme il lui plaît.

Il n‘y a rien d’autre que Dieu. Aussi, qui peut-il obliger ? N’expérimente-t-il pas que Lui-même ? Quand vous atteignez le point avant la conscience, vous devenez tout. Souvenez-vous de ce simple fait. La conscience est le voleur. Dieu est pareil. Il est aussi bien le mendiant que celui qui donne. Il est venu sans être demandé. Quand Dieu vous inonde de sa grâce, est-ce pour Lui ou pour vous ? Si vous n’êtes pas, est-ce que Dieu est ? Les explications et les méthodes ne permettront jamais d’atteindre Parabrahman.

Nisargadatta Maharaj

Jeudi 31 mai 1979

Extrait de “Méditations avec sri Nisargadatta Maharaj” aux éditions Aluna

Nirupana 110 – Je me suis rôti sans feu, et me suis avalé

braman conscience je suis

Ce n’est pas par l’apparence physique que peut être reconnu un jnani. L’image créée par votre mental n’est absolument d’aucune utilité. La raison en est que le Soi est antérieur à l’intellect. Alors comment l’intellect pourrait-il y avoir accès ? Si vous ne vous connaissez pas vous-même, comment pouvez-vous prétendre connaître les autres ? Les mots n’ont pas d’impact sur le jnani. C’est le mental qui a les expériences. Pour cette raison les différents états d’être ne transcendent pas le mental.

Est-ce que quelqu’un d’autre peut faire le même rêve que le mien ? L’expérience de chacun est différente. Est-ce que le meilleur des êtres humains savoure sa connaissance ? Chaque être est estimé en fonction de son aspect physique et de son comportement. Les rêves de chacun peuvent-ils être identiques ? Pareillement, la connaissance de chacun est différente. L’expérience d’être est la même, mais le comportement du mental peut-il être le même en chacun ? Je préférerais un athée à un chercheur spirituel qui n’est pas tranquille. Vous pourriez remettre en cause Dieu en proclamant que vous n’avez pas de connaissance directe de Lui. Mais n’avez-vous pas la conscience d’être ? Qu’en est-il ?

Le Soi est la nature du Soi. Il ne peut être défini. Il n’est pas de la nature du corps. Vous endossez la responsabilité de toutes les actions à cause de la conscience identifiée au corps. En tout premier, enquêtez sur comment vous avez été amené à avoir connaissance que vous êtes.

Rien ne peut être lâché qui n’ait été compris. Si cela avait été abandonné totalement, personne n’aurait pris une apparence humaine. Quand un concept apparaît, comment ne pas le saisir ? Restez-en libre en disant : « Je ne suis pas ce concept. » Quand la nourriture n’est pas goûteuse, faut-il dire à quelqu’un de ne pas la manger ?

Celui qui connaît le Soi n’a qu’une position : la connaissance du Soi. Tout le reste n’est que concepts traditionnels. Quand et comment la pensée « Je suis » est-elle arrivée ? Pistez cette pensée avec assiduité. Dans l’objectif d’éradiquer le concept « Je suis le corps », servez-vous du concept « Je suis Brahman » . De la même manière qu’un diamant permet de tailler un autre diamant.

La conscience doit être réalisée. Chacun doit comprendre qui il est, ce qu’est le monde, et où se situe leur origine commune. Qu’est-ce que cela signifie quand nous avons la connaissance d’être ? Cela veut dire que nous nous aimons, et que nous sommes amenés à aimer les autres. Si vous n’avez pas d’intérêt pour vous, il n’y aura pas d’intérêt pour les autres. Le sens véritable de « Je suis Cela » est « Je suis tout » . Ne vous reposez pas sur la mémoire des autres. C’est la meilleure source d’emprisonnement. Vous êtes soucieux à l’évocation de vos enfants et des autres, mais quand ils n’étaient pas là, les évoquiez-vous ? Alors que les relations s’accroissent, les tourments font de même. C’est pourquoi vous êtes misérables par l’évocation des liens que vous entretenez avec les autres. Vous êtes un jiva par tous vos attachements.

Shiva se manifeste et imprègne toute chose. Il prend même les in- sectes pour demeure. Vous êtes harcelés par cette évocation de « moi et mien ». Si le prana vous quittait juste à l‘instant, quelle connexion pourriez-vous encore établir avec ces mémoires ? Pourquoi ne pourrions- nous pas être tout de suite, tels que nous serons quand le prana nous aura quittés ? Il existe une quantité infinie de mémoires. Auxquelles d’entre elles devrais-je m’accrocher et expérimenter le tourment ? Après la mort, toutes les relations prennent fin. Alors pourquoi ne pas expéri- menter la même chose directement, maintenant ?

Vous croyez que vous avez des parents, mais ils ne sont en rien séparés de vous. Ce qui est appelé chit-ananda – la félicité de la conscience – est juste un divertissement pour le plaisir du Soi.

Je n’ai aucun souvenir.

Je me suis rôti sans feu, et me suis avalé.

Nisargadatta Maharaj

Mercredi 30 mai 1979

Extrait de ” Méditations avec sri Nisargadatta Maharaj” aux éditions Aluna

Nirupana 109 – Qui était donc là en tant que Témoin antérieurement à la conscience ?

témoin conscience Nisargadatta

Quelqu’un dit qu’il n’existait pas avant de naître. Maintenant, la conscience dit qu’elle n’était pas là. Le puzzle se constitue. C’est celui qui a connaissance qu’il n’était pas là qui dit ceci. Qui était donc là en tant que Témoin antérieurement à la conscience ?

Quand l’expérience du corps n’est pas présente, règne alors une Vérité éternelle. C’EST. Celui qui expérimente est passager. Avez-vous saisi votre présente identité ? Vous vous souciez de vous, vous prenez soin de vous, vous êtes inquiet à votre sujet. Mais savez- vous pour autant qui est ce vous ? Nous faisons toute chose pour ce « Je » que nous essayons de préserver ? Quoi et Qui est ce « Je » ? Vous êtes préoccupé, mais pour qui êtes-vous préoccupé ? Cette expérience est survenue de façon inattendue. Le comprenez-vous ? La conscience est une illumination due à l’expérience du Soi. S’il vous plaît ! Comprenez que celui qui parle est celui qui connaît la conscience.

Vous vous considérez comme le corps, ainsi vous croyez avoir des parents. Mais vous êtes la lumière qui s’éclaire elle-même, vous n’avez pas de parents. Votre perception « Je suis », qui a l’intention de me rencontrer, est le Guru. Ne le traitez pas de corps.

Quelle que soit la connaissance que vous entendiez, il s’agit juste d’un mouvement du mental. C’est un outil, un dispositif. Il s’agit simplement d’une aide. Les temples, la dévotion, etc., sont des dispositifs, des façons de concevoir (des aides à la réalisation). Pour vivre avec bonheur, il convient de faire usage de ces outils avec discernement. C’est le pour quoi de la science spirituelle. En utilisant de tels dispositifs, il vous faut démêler la bobine de maya. La cause de tout ceci est la conscience (en tant que gunas.) Le corps est une poupée de votre conscience. La veille et le sommeil profond sont deux états. Le jnani a connaissance que l’un se transforme en l’autre. Il est le témoin de ces deux états.

Nisargadatta Maharaj

Dimanche 20 mai 1979

Extrait de “Méditations avec Sri Nisargadatta Maharaj”

Nirupana 108 – Shiva est la conscience

Shiva est la conscience

Tout comme l’eau est ce qui est l’origine de l’humidité, Shiva est l’origine du jiva – l’être individuel. Shiva est la conscience. Par le jeu de l’illusion, votre conscience s’est identifiée au corps. C’est pourquoi vous finissez par mourir. Je ne suis pas en train de parler au corps, je parle à la conscience qui entend à travers les oreilles. La conscience qui s’exprime en tant que corps, avec un nom, est appelée un aspirant : celui qui est désireux de libération. Tous les dévots de par le monde sont au moins aspirants (mumukshus). Le dévot qui a abandonné l’identification au corps est appelé un chercheur (sadhaka). Les aspirants peuvent être de très bons élèves, mais ils ne sont pas pour autant des chercheurs. Une fois convaincu de sa vraie nature, au-delà de tout doute, le chercheur devient un siddha – celui qui est libéré. Un aspirant est homme ou femme par identification au corps. Le chercheur n’est ni masculin ni féminin. Celui qui écoute est sans forme. Ce qui agit et s’occupe des affaires du monde a une forme. Mais la forme a-t-elle encore quelque valeur, si l’énergie qui ne possède pas de corps n’est pas présente ? La conscience qui écoute est Dieu. Ce fait doit être établi profondément en vous. Si vous ne saisissez pas votre qualité réelle, vous aurez peur de la mort. Vous avez infligé une peine de vie très laborieuse à Celui qui est libre par nature. La nature du Soi est conscience, et non pas personnelle. Le jiva se réfère à un sens de la dualité, de la séparation. Simplement par les concepts, les images arrivent sans aucune substance. Qu’il y ait forme ou pas, la conscience est illimitée et infinie. Elle est à la fois manifestée et non-manifestée. C’est uniquement pour amener une compréhension que tout ceci est exprimé ainsi par les mots. Sans savoir comment, vous êtes venu à connaître que vous êtes. Cette compréhension est sans forme. Les choses sont vues uniquement quand le mental leur donne une consistance. Il n’y a aucune différence entre celui qui parle et celui qui écoute. L’aspect du flot des pensées est en concordance avec la qualité de la forme. Pour celui qui se voit sans forme, le flot sera de même (libre de la forme des pensées). Mener à bien des actions est la caractéristique de Rajo guna (la qualité qui fait bouger quelqu’un et le force à agir). Tamo guna (la qualité de l’appropriation) tire à elle le bénéfice de l’action et fait dire : « J’ai fait une bonne ou une mauvaise chose. » La conscience se satisfait de sa propre qualité (Sattva guna.) Toutes les activités apparaissent dans la manifestation. Tout cela est éphémère. Il n’y a rien de tout cela dans le non manifesté. Par la vibration du prana, la conscience originelle est devenue vaste. C’est un phénomène passager, c’est pourquoi on dit qu’il est illusoire. Quand c’est au-delà de la conscience, cela devient non manifesté, même en présence du corps. Alors comment pourrait-il y avoir mort ? C’est comme la chaleur qui est à la fois manifestée et non manifestée. La chaleur disparaît de l’eau chaude quand celle-ci refroidit. De la même façon, celui qui a connaissance du Soi finit par disparaître. Quand le prana s’en va, la chaleur du feu fait de même. Le jnani ni ne vient, ni ne va. Il est non manifesté par nature. Les pensées liées aux activités coulent dans le mental de celui qui est investi dans les affaires du monde. De la même manière, le chercheur n’a de pensées que pour la réalisation du Soi. Liez-vous d’amitié avec votre conscience en la considérant comme Dieu. La vénérer vous rendra heureux.

Nisargadatta Maharaj

dimanche 13 mai 1979

Extrait de “Méditations avec Sri Nisargadatta Maharaj” aux éditions Aluna

Nirupana 107 – Soyez le dévot de l’amour

Soyez le dévot de l’amour

Krishna dit : « Ce qui, antérieur à toute expérience, se trouve dans le coeur d’un être humain, est Ma propre nature. » Le monde est connu à travers elle. La connaissance est apparue sans savoir comment, notre conscience s’est surimposée à nous de manière inattendue. Soyez le témoin de la conscience. Elle s’éclaire par elle-même. C’est la graine du monde – identique à Hiranaya Garbha – la matrice d’or mentionnée dans les écritures. Tout se tient caché en elle. Krishna dit : « L’état de jiva implique la conscience. La conscience dans son entier est Ma véritable nature. » Focalisez votre attention sur Cela qui vous permet de connaître le fait d’être. Tout ce qui est, est conscience. Sa véritable identité a été oubliée. Alors, elle se prend pour le petit corps. Ne malmenez pas le corps, mais observez la conscience qui est présente dans le corps. Krishna en parle ainsi : « C’est Ma sainte manifestation, le Soi suprême. » Ceci est Sa propre expérience. Il y a de nombreux Gurus de par le monde. Rare est celui qui vous dira de porter attention sur la conscience présente dans le corps humain. Méditez sur votre conscience. Ne portez pas l’attention sur ce qui est connu au travers de la conscience. L’amour pour vous-même est la plus grande dévotion. Soyez le dévot de l’amour (« Je suis ») qui écoute actuellement. Il vous apportera toutes les satisfactions. Le corps est juste un événement, une condition. Vivre l’immortalité signifie qu’il ne peut plus y avoir d’expérience de mort.

Nisargadatta Maharaj

jeudi 3 mai 1979

Extrait de “Méditations avec Sri Nisargadatta Maharaj” aux éditions Aluna

Nirupana 106 -Quand la conscience reconnaît la conscience, il s’agit de la réalisation du Soi

Tous les noms appartiennent à la conscience

Date anniversaire de naissance de Maharaj (Hanuman Jayanti – célébration d’Hanuman – pour le calendrier hindou)

Quand la conscience reconnaît la conscience, il s’agit de la réalisation du Soi. La conscience est sans forme, alors comment la reconnaître ? Comment se reconnaît la conscience ? La conscience s’identifie au corps qui n’a cessé de se modifier depuis l’enfance. La conscience est présente à elle-même, mais elle ne s’est pas reconnue. La conscience doit laisser le corps de côté et se mettre pour un moment à sa propre recherche, alors sa propre connaissance disparaît. La conscience s’oublie elle-même et s’ensuit un état de samâdhi. La conscience est par nature universelle. Le corps peut être celui d’une fourmi, mais sa conscience contient l’univers. Ceci est compris quand la conscience se réalise. Tous les noms appartiennent à la conscience. Les capacités d’expression de la conscience varient suivant les caractéristiques des corps. Vous expérimentez le temps. Ça signifie que vous êtes le témoin du corps. Ça signifie aussi que vous n’êtes pas le temps. La lumineuse et toute-puissante conscience s’est prise pour le corps. Elle est devenue faible. Le corps n’est que de la nourriture pour la conscience. La conscience est non agissante. Elle est juste témoin. Elle a pris des noms tels que Brahma, Vishnu et Shiva. Elle n’a ni naissance, ni mort. S’il y avait naissance et mort, vous auriez affaire aux récits de milliers de naissances. Mais y a-t-il le souvenir d’une seule ?

Vous ne pouvez pas saisir la conscience par le fait qu’elle est sans attache et imprègne toute chose. Soyez authentique vis-à-vis de la conscience. Au début, vous pourrez éprouver de l’inquiétude, mais cela ne durera pas. Abandonnez-vous à elle, comme à Dieu. Notre véritable nature ne sait pas qu’elle est. De Ceci, la sensation « Je suis » est apparue, suivie du monde. Quand l’état de Vérité intemporelle est expérimenté, c’est au-delà de toute expérience. Dans cet état, rien n’est connu. Pas même soi. Dans l’état d’ignorance, il y a investissement dans les affaires du monde. Elles ne dureront pas. Vous ne possédez rien que vous puissiez préserver. Quel est l’aboutissement de la spiritualité ? Nous concernant, il s’agit de discerner le vrai du faux. Seul le faux peut être trouvé. C’est grâce à la qualité de Sattva (la faculté de connaissance), que nous expérimentons le fait d’être. Comme le sucré se manifeste dans le sucre, de la même manière la faculté de connaître, Sattva, se manifeste en tant que mental. Or vous n’êtes pas le mental. La conscience peut se déployer de toutes les manières, mais elle redeviendra non manifestée à nouveau. C’est sa véritable nature. Vous voulez exister. Mais comment allez-vous satisfaire ce besoin ? Cela, qui est antérieur à la connaissance, sait que la qualité de Sattva ne durera pas. Alors qui héritera du fruit de la connaissance ?

Nisargadatta Maharaj

jeudi 12 avril 1979

Extrait de  » Méditations avec Sri Nisargadatta Maharaj » aux éditions Aluna