Premiers discours 34 – Dieu est votre propre expérience

un seul être Nisargadatta

Shri Krishna dit: «Bien que je sois l’Éternel et antérieur à tout, Je me manifeste comme ce divin jardin du monde. La Conscience, lorsqu’elle est connue, est source de bonheur. Je suis la Vérité et J’apparais sous diverses manifestations comme dans une pièce de théâtre et J’accomplis l’œuvre destinée. Toute action Me procure de la joie, que ce soit en tant que roi ou même en tant que mendiant. Aucune faute ne peut altérer Ma joie. Mes chers fidèles Me reconnaissent et M’adorent.

Mon bonheur reste intact. Ma nature est éternelle et vraie, uniforme en tous lieux. Ceux qui oublient Ma présence en eux se reposent sur des choses fausses et meurent. »

La Conscience est identique à la lumière. Le plaisir ou la souffrance sont dus à la conscience individualisée. En réalité, l’objet de la félicité-Conscience est le plaisir. Toutes les constructions de maisons et autres manifestations sont dues à la félicité-Conscience. Tous les conforts de notre demeure sont pour la même félicité. Votre Conscience a le soutien de la semence du Dieu de tous les dieux.

En raison de notre nature qui s’éclaire elle-même, quand nous sommes arrivés à maturité, nous faisons l’expérience de Dieu. La dévotion et le culte opérés par un jnani ne sont pas les mêmes que ceux de l’ignorant. Beaucoup n’ont pas réussi à voir Dieu, même après de grandes pénitences. Tant que vous ne vous connaissez pas vous-même, Dieu non plus ne vous connaît pas.

Sat Chit Ananda apparaît d’Elle-même et S’autosuffit. À votre insu, vous vous êtes retrouvé impliqué dans des activités sources de souffrances et vous êtes devenu fautif. Sans avoir à Le désirer, Paramatma est présent en tous lieux, en tous êtres. Qu’est-ce qui est commun à tous? C’est notre sens d’être. Nos parents, le monde plein d’objets sont constitués d’une multitude de choses mais Sat Chit Ananda est seule et unique. Cependant notre expérience est tout autre en raison de notre sens d’être.

L’incarnation de Rama était réputée pour tenir ses promesses. Dans l’épopée du Ramayana, Ravana représente l’ego. Une fois qu’il fut tué, ce qui resta était le Soi. Sita représente la conscience d’être que Ravana a essayé de lui prendre, mais il n’a pas réussi à se l’approprier.

Vous devez développer la conviction de votre Soi.

Le Dieu omniprésent s’en tient à Ses paroles. Krishna dit: «La Conscience en chaque être est le signe de Ma présence. Si vous voulez Me saisir, vous n’avez qu’à saisir votre propre Conscience. Celui qui M’a saisi n’est plus affecté par des problèmes insurmontables, même si ceux-ci mènent à des calamités. De même qu’un taureau reste sous contrôle grâce à la bride de nez, Dieu reste au service de l’homme par la bride d’amour. Cela signifie que votre amour pour Dieu le contrôle. »

Il n’y a pas de différence entre la réalisation du Soi et le fait de voir Dieu en tout. Nous devons atteindre la liberté de ne voir aucune différence. C’est votre intellect qui imagine la diversité, qui est absente en Paramatman. Krishna était maître de quatorze divisions de la science et de soixante-quatre divers arts. Vous l’étiez aussi, mais vous avez perdu ces qualités par l’utilisation de votre intellect. Vous vous êtes déconnecté de votre nature complète et vous vous êtes identifié à l’âne incomplet qui a relevé la tête. En réalité, cet âne est Sat Chit Ananda. C’est le Dieu de tous, qui attend votre réalisation. Bhagavan s’exprime ainsi : « Je suis partout en chacun d’eux, mais Mon dévot ne Me reconnaît pas et Me traite comme un âne.» Alors quelle est la solution? Il dit: «Vous devez comprendre que Dieu est votre propre expérience. Il ne devrait pas y avoir d’autre Dieu pour vous.» Dieu est un et unique, aussi le même est vu en tous. Vous devez vous établir dans le Yoga en voyant l’unité en tout. Avec la conviction d’être Parabrahman, toute joie sera vôtre.

Bhagavan dit encore: «Ce qui illumine tout est ce même Parabrahman. Lui-même s’est incarné en tant que Shri Krishna et en tout. Ce dévot m’est cher, lui qui n’accepte aucun autre Dieu que Celui qui réside en lui. Sa conviction est sans faille. »

Nisargadatta Maharaj

16 octobre 1955

Extrait de “Premiers discours” aux éditions des 2 océans

Premiers discours 33 – les personnages d’une pièce de théâtre.

les personnages d’une pièce de théâtre

Bhagavan Shri Krishna décrit à Uddhava les signes de la libération. Le dévot doit adorer Ishwara afin de se débarrasser de l’esclavage dû à l’identité corporelle. Quand un dévot passe son temps en bonnes actions, sa rencontre avec un Sadguru est une certitude sans qu’il ait besoin de fournir une preuve visuelle. Quand vous rencontrez un Sadguru, votre vraie nature devient pure. Votre respectabilité est à la hauteur de votre travail. Par le pouvoir de l’argent, on devient riche. Tout comme l’adoration d’Ishwara vous rapproche de Sa Nature. Une fois le Sadguru rencontré, vous atteignez le Soi.

Bhagavan dit: «En Moi, le jeu de Brahman, sous la forme du jiva et du monde, se poursuit. Je suis responsable de tout cela. Celui qui enlève la poussière sur ce Soi, Me devient cher. »

Le Soi est présent dans tous les êtres vivants en tant que leur Conscience, par laquelle ils ont connaissance de leur existence. Celui qui a connaissance de cette Conscience est libéré dans cette vie même. L’ignorant, lui, reste en servitude. Cette servitude se poursuit indépendamment de l’érudition, de l’intelligence et de la célébrité. Le libéré devient libre de tous les devoirs de la vie. Tant qu’un être se considère comme le corps, il en subit la peine. Dieu ne se satisfait pas de l’impureté. La clarté doit régner. La Conscience a un degré de pureté très élevé. Il faut développer la conviction que le corps n’est pas notre forme et que nous n’avons rien à voir avec toutes les expériences du corps. Le destin peut affecter le corps matériel, mais pas le Soi. Du point de vue divin, c’est faire preuve de cruauté que de croire aux mauvais effets du destin et de s’y attendre.

La douleur que l’on ressent à cause du corps, de la parole et de l’esprit dépend de ses conditionnements.

Le sage est libre de tout attachement, aussi n’éprouve-t-il ni joie ni tristesse. Il n’est affecté par aucune louange ni adoration. Le libéré est celui qui a une connaissance claire de sa Conscience. Par conséquent, Il n’a pas peur de tout ce qui est connu de la Conscience.

Lorsque les douleurs dans le corps sont lentement endurées, elles disparaissent spontanément. Votre expérience du monde, de son ascension et de son déploiement est en accord avec la résonance de votre cœur et de votre mental. À la façon dont l’image des enseignements du Guru brille dans votre cœur, vous vivrez les choses différemment. Jour après jour, les sages éprouvent les joies de la plénitude. La véritable initiation est quand vous vous sentez en unité avec la Conscience et que vous êtes la lumière, qui illumine tous les nadi(-s)du corps. Cette initiation simplifiera l’affaire et vous serez très à l’aise avec le corps et la Conscience. Bhagavan Krishna dit que votre vraie nature est différente du corps et de la conscience qu’il contient.

Ceux qui n’ont pas la connaissance du Soi conseillent aux autres d’occuper leur vie à différents types d’activités.

Comment l’Atman se manifeste-t-il dans le corps? Ce qui se manifeste pour un temps limité est l’Atman, et ce qui existe toujours est Paramatman. En l’absence de l’existence passagère, le monde ne serait pas expérimenté. En l’absence de Paramatman, qui serait là pour être le témoin d’une existence passagère ?

Paramartha signifie trouver le sens le plus élevé de l’existence. Maintenant, nous devons faire tout notre possible pour le trouver. Nous devons garder la Conscience ou la saveur «Je suis» libre des pensées. Le Soi ne s’intéresse pas à ceux qui sont emplis de pensées.

Le libéré est libre de la conscience individuelle. Je ne suis pas ce que l’intellect peut connaître. Je suis le Connaisseur de l’intellect. Purusha est sans corps (forme), tandis que Prakriti est avec un corps (prend forme). Chacun des invités de Prakriti va disparaître. L’intellect fait partie de Prakriti. Nous utilisons l’intellect pour trouver les différentes relations. Un jnani met de côté l’intellect pour se voir lui-même. L’ignorant s’appuie sur l’intellect pour croire au passé et au futur. L’intellect n’est d’aucune utilité pour obtenir la libération. Celui qui est pleinement convaincu que le Soi est au-delà de l’intellect atteint la plénitude. Dieu favorise cha- cun à la mesure de sa pureté d’être et de sa foi.

Bhagavan Shri Krishna dit: «Je suis présent dans tout ce qui peut être vu en ce monde et Je suis empli de joie. Cependant Ma véritable existence est antérieure à tout cela. La joie d’être est due à la Conscience. Je sais que Mon Soi et Ma nature sont emplis de béatitude. Ce monde est un jardin de joie. Je suis la béatitude, qui apparaît sous diverses formes. Même sous ses formes, Je suis la Vérité. Je suis à l’origine de toutes les activités et Ma béatitude reste intacte. Je prends plaisir à gouverner un pays, quand le temps l’exige ou parfois Je mendie avec la même joie. Bien que Je fasse différents types de travail sous diverses formes, Je reste immaculé de toutes fautes. Qui connaît vraiment toutes Mes actions et leurs qualités? Seuls ceux qui savent, Mes très chers dévots. Seuls ceux qui Me connaissent Me sont dévoués. »

Le Paramatman imprègne toute l’existence. Tous ceux qui y apparaissent sont comme les personnages d’une pièce de théâtre. C’est uniquement le Soi qui apparaît dans ces costumes. S’y jouent plusieurs rôles ; certains très chanceux sont vénérés, d’autres ont la possibilité d’en jouir pleinement et d’autres encore sont victimes d’une jouissance excessive. Bhagavan dit : « J’apprécie chacun de ces rôles sans devenir la victime d’aucun. C’est ma véritable nature éternelle qui occupe uniformément tout l’espace. Ceux qui ne me reconnaissent pas sont troublés par l’absence de confiance et mènent une vie misérable. »

La Conscience est emplie de lumière. Toutes vos bonnes et mauvaises souffrances sont dues à votre Conscience et à votre men- tal individuel. La Conscience-félicité est là pour vous permettre de vivre une vie heureuse. Votre Conscience est la semence du Divin. Avant quoi que ce soit, Dieu réside sous la forme de la Conscience-félicité. Grâce à son amour et pour un plus grand plaisir agrémenté de tous les conforts, les gens ont pris la peine de construire des maisons et d’élever une famille.

Par la faculté de nous éclairer nous-mêmes quand nous devenons aptes à connaître notre être véritable, nous pourrons aussi faire l’expérience de Dieu. Le bhajan chanté par les ignorants n’est pas le même que celui chanté par un jnani. Parce que, même après de grandes purifications, les jiva n’ont pas encore atteint le Soi. Quand vous ne connaissez pas votre propre Soi, Dieu ne vous connaît pas non plus.

Celui qui est Existence-Conscience-Béatitude est apparu de Lui-même. Mais, sans Le connaître, vous l’accusez de diverses actions douloureuses et vous Le déclarez fautif. Paramatman est totalement disponible et omniprésent. Dans l’existence de la plupart, qu’est-ce qui est le plus commun? Le plus commun est la conscience de nous-même et sa connaissance. Nos parents, ce monde, etc., font partie du multiple et nous sommes l’Unique-Existence-Conscience-Béatitude. En raison de l’existence de l’Un, il y a l’expérience du multiple.

Shri Rama était connu pour être fidèle à ses paroles et à son devoir, sans aucun compromis. Il avait la connaissance du Soi et une totale plénitude. Ravana signifie «orgueil d’être», celui-ci ne pouvait en aucun cas déranger Rama. Quand Ravana fut tué, ce qui est resté est le pur Soi. Ce Soi est aussi le vôtre; ce qui est nécessaire, c’est votre conviction à Son sujet. Ravana a essayé de s’approprier les qualités ou les possessions de Rama, mais il n’a pas réussi à les faire siennes. Seul Brahman existe, et Rama était sa manifestation.

L’Atman est tout à la fois un et présent dans chaque être vivant. Bhagavan Shri Krishna dit: «La Conscience en chaque être vivant est Ma manifestation. Pour M’attraper, Chacun doit s’accrocher à son expérience d’être. Celui qui Me tient fermement ne sera pas affecté par les difficultés ou même les calamités. Tout comme un fermier fait travailler le taureau en maniant sa bride de nez, tu peux Me contrôler par ton amour et Je serai à ton service. »

Il n’y a pas de différence entre la réalisation d’être l’Atman et voir Ishwara dans tous les êtres. Cela doit devenir notre propre expérience. Toutes les différences sont dues à votre intellect, mais Paramatman ne voit aucune différence. Bhagavan Shri Krishna avait la pleine connaissance des quatorze divisions de la science et des soixante-quatre arts1. Mis à part l’omission due à votre intellect, vous êtes presque l’égal de Krishna à tous égards. Vous avez omis votre plénitude et vous avez saisi l’incomplétude. À vous écouter, votre Sat Chid Ananda est un âne. Vous mettez Dieu, présent en tous, au niveau le plus bas. Vous devez réaliser votre véritable Nature.

Bhagavan dit: «Bien que Je sois un seul et même, présent en tous, y compris Mes fidèles, ils ne Me reconnaissent pas. »

Le seul remède est de développer la conviction qu’il n’y a pas d’autre Dieu que sa Conscience, qui est l’expérimentateur de tout. Cette Conscience est une et présente en tout, car Elle est omniprésente. En réalité, Elle est le Soi. Nous devons prêter serment et être convaincus de notre vraie nature. Voilà en quoi consiste le Yoga. Tout le monde est éligible pour réaliser le Soi. Nous devons avoir la conviction «Je suis Parabrahman» et cette existence est mienne. Qui peut exister sans ma connaissance et mon expérience ?

Avec notre conviction d’être Parabrahman, toutes sortes d’ex- périences agréables surviennent spontanément.

C’est Parabrahman qui rayonne, comme le souligne Bhagavan. C’est ainsi que Shri Krishna s’incarna. Lui seul a occupé tout l’espace, le mobile et l’immobile. Celui qui a l’intime conviction d’être Cela et d’être le seul Dieu possible, Celui-là est le dévot le plus cher de Shri Krishna.

Nisargadatta Maharaj

9 octobre 1955

Extrait de “Premiers discours ” aux éditions des deux océans

 

Premiers discours 32 – Confiance

confiance

Il est extrêmement difficile de décrire le Sadguru (en tant que manifestation du pur Soi), car Il est indescriptible. Toute tentative de le faire par les quatre types de discours – paravani, pashyanti, madhyama et vaikhari ( les quatres étapes de la parole et de l’évocation mentale)– est un échec. Même la tentative de le décrire par le discours le plus subtil, appelé paravani, conduit à Le perdre. Celui qui essaie de Le décrire perd la conscience du Soi. Jusqu’à présent, personne n’a été en mesure de décrire le Sadguru. ( la description demande une mise à distance, donc une séparation.)

L’intellect prend appui sur le subtil. Quand le support devient très subtil, l’intellect se dissout. C’est comme de faire fondre un morceau de beurre clarifié froid. Quand vous méditez sur le Sadguru et que vous êtes totalement absorbé en Lui, l’intellect se perd et n’est plus qu’une ombre du Soi. Vous devez réaliser le Soi en l’absence d’intellect. Vous reconnaîtrez le changement de votre propre expérience. Pour savoir quoi que ce soit, l’intellect prend spontanément des photos instantanées du toucher, de la forme, du goût, de l’odeur et du son. Mais il est incapable de photographier le Sadguru.

La Conscience dispose de cinq types de compétences (sens) et de trois pouvoirs (Guna). C’est ainsi qu’elle fonctionne. Notre intellect est le résultat de la transformation des aliments, mais cela ne s’applique pas au Soi.

Qui peut vraiment se prosterner devant le Sadguru ? Seul celui qui est sans nom et sans forme et avec une existence réduite à sa plus simple expression peut le faire. Une telle personne accepte l’incapacité de l’intellect à voir le Sadguru. L’intellect n’a pas la patience d’attendre indéfiniment de voir le Sadguru. Celui qui abandonne la fierté d’être un intellectuel, ainsi que l’identification au corps, peut vraiment saluer le Sadguru. Les autres font seulement semblant de le faire.

Voir l’essence du Sadguru, c’est vraiment voir notre propre Soi. Alors, nous connaissons notre véritable être sans moi ni toi. En laissant de côté le connu, nous nous abandonnons à Lui.

Comment sommes-nous emprisonnés? Vous êtes fier de votre intellect, mais s’il disparaît, où est votre orgueil ? Celui qui s’aban- donne au Sadguru est respecté en tous lieux. Les jugements portés au moyen de l’intellect sont faux puisqu’ils font confiance à Maya. Notre corps n’est que notre imagination. En regardant la forme corporelle, vous dites que vous êtes un être humain. En utilisant votre intellect, vous vous trompez vous-même et vous vous séparez des autres. Celui qui a les mains sales devrait les nettoyer en faisant preuve de bienveillance envers les autres.

Ne vous immiscez pas dans les affaires des autres. En nous purifiant, nous pourrions être pacifiques et heureux. Notre existence repose dans le Soi, pour accéder au bonheur véritable, notre confiance ne devrait pas être mise en Maya. Pour la réalisation du Soi, nous ne devrions nous fier qu’à Lui (Atman). Celui qui a la conviction de l’inutilité de l’intellect se fondera dans le pur Soi (Sadguru).

«Ô mon Dieu, maintenant j’ai l’intime conviction de comment et qui je suis. Je n’ai pas de forme et je ne suis rien qui vaille la peine d’être cru. On dit que je suis un jnani, un grand érudit, un expert ou un poète, mais je suis sûr de n’être personne. Je n’ai nulle demeure où m’abriter. Ô Sadguru ! Je suis devenu si pauvre que je n’ai plus rien à moi que je puisse vous offrir.» Celui qui est convaincu qu’il n’y a pas d’autre sauveur que Dieu reçoit toute aide de Lui. Alors, Maya a honte d’entretenir son illusion. Avec la perte du nom et de la forme, que puis-je encore prétendre être ?

Quelle est l’importance de la dévotion du manifesté? Rien ne peut toucher Paramatman, même au moyen de para. Malgré cela, le dévot ne peut s’empêcher d’imaginer une forme devant lui et de l’adorer. Ce processus l’aide à développer plus d’amour et de dévotion, et à se libérer de la fausseté de l’orgueil. La dévotion a un

pouvoir d’éveil intérieur certain. Le dévot devrait avoir pleine confiance dans la réalisation de Dieu par la connaissance de Sa vraie nature. Cette dévotion l’affine et le purifie de plus en plus.

Le terme Atman est utilisé pour une expérience du Soi d’une courte durée et Paramatman signifie « réaliser l’existence éternelle ». Toutes ces paroles sont le résultat de Sa grâce. Le sage Tukaram nous dit : « Tout ce que je prononce l’est grâce à Vitthala. Lui seul existe, pas moi.» Il avait réalisé le Seigneur Panduranga et ses paroles étaient les bénédictions de Dieu.

Par la grâce du Guru, notre nature malhonnête devient fiable. Celui qui se souvient encore et encore du Guru s’élève au-dessus des castes et des croyances, et Il occupe l’univers entier. Maya ne peut pas toucher celui qui a abandonné toute malhonnêteté. Il est pleinement conscient de sa vraie nature, qui est toute-puissante et n’a pas besoin d’aide. En reconnaissance de la grâce du Guru, il s’exclame: «Jaya-Guru, gloire au Maître.» La connaissance intellectuelle du Soi ne se limite qu’au domaine de Maya et n’a rien à voir avec la réalisation du Soi. Par contre, rester en contact avec le Sadguru sans faire appel à son intellect, c’est recevoir l’assurance de sa protection. Alors, il n’y a même plus de place pour l’illusion de la naissance et de la mort. être hors de toute illusion se fait par une vraie reddition au Sadguru. Faites tout ce que vous pouvez à l’or – comme le marteler ou le brûler –, vous ne pourrez pas le convertir en fer. De même, celui qui atteint l’état de Sadguru ne peut être limité à un corps et devient l’existence entière. Comment Maya peut-elle l’affecter? Toutes vos connaissances et capacités dépendent de la force de votre intellect.

Le bon usage de l’intellect est de savoir qu’il n’y a pas de vérité en lui.

Le véritable enfant d’un Maître (le disciple qui réalise le Soi) est indescriptible et la terre devient sainte sous ses pieds. La poussière sous ses pieds acquiert le pouvoir de guérir les maladies. Sa renommée ne peut être décrite et les gens viennent le voir de loin. Sa vision enlève toutes les mauvaises pensées. Gurulingajangam, Bhausaheb Maharaj, et Siddharameshwar Maharaj étaient de si grands sages qu’ils étaient visités par des gens venus de loin. Celui qui a eu la vision du Sadguru bénéficie de la Conscience universelle et on peut dire que sa dévotion au Guru est réelle.

Aujourd’hui est le jour du Mahasamadhi de notre Guru Shri Siddharameshwar Maharaj. Aujourd’hui, personne ne peut décrire ce Guru, qui est sans forme. Même les Veda ont échoué dans leur tentative de description. Un mot comme Ishwara ne donne qu’une indication. Même Ishwara ne pourrait pas évoquer ce qu’est un sadhu ou un sage. Même les paroles des sages et des experts ne sauraient décrire un Sadguru. Les concepts utilisés pour les tentatives de description changent les formes selon le sens des mots utilisés, mais ne parviennent pas à Le décrire. En termes simples, comment les concepts peuvent-ils décrire ce qui les dépasse ?

Un concept signifie Maya. Qu’est-ce que l’ignorance? Nous n’avons pas nos propres connaissances, c’est-à-dire l’ignorance. C’est aussi de l’ignorance que d’essayer de dire positivement et exactement ce que nous sommes. Maya est une pure ignorance, parce que c’est à travers elle que toutes les activités se produisent. Vous êtes conscient de votre existence, mais il n’est pas possible de la décrire.

Si nous devenons complètement libérés de toute la fierté de celui ou celle qui a la connaissance, cela signifie que nous avons une véritable vision du Sadguru.

Nous avons commencé à dire «Je suis» quelques années seulement après notre prétendue naissance. Tout être humain affirme son existence par « Je suis ». En l’absence de ces mots dans le corps, il n’y a rien. Quand ces paroles s’arrêtent, les gens appellent cela la mort, mais le défunt n’en est pas conscient. Quand les mots s’arrêtent, il n’y a aucune connaissance de l’être ou du non-être. Le sens de «Veda» pourrait être des mots qui disent que toute exis- tence prend place dans l’ignorance. Dans ce monde, c’est ce qu’on appelle un grand savoir. Ceux qui vénèrent le Sadguru voient tout, comme l’ignorance. Cette ignorance est l’expérience directe de tous les sages.

Il n’est pas possible de décrire Dieu par l’intellect, mais ce n’est pas une déception. Il y a un signe, qui est une preuve de l’existence de la Vérité. À quoi ressemble-t-il? Qui les sages et les rishi vénèrent-ils? Ce signe est votre Conscience. Où que vous alliez, Elle sera toujours avec vous.

Le discours sur la Vérité est amer à écouter et la contrevérité peut sembler plus encourageante. Cependant, il y a une fin pour la contrevérité, tandis que la Vérité est immortelle. Ce qui semble être le plus difficile est en réalité très facile.

N’ayez pas peur parce que vous ne savez pas où La trouver. Vous disposez de votre Conscience, le son de l’existence, Elle contient le monde entier. Ceux qui sont des jnani sont libres de toute action. Mais les fraudeurs, qui courent après l’argent, sont très actifs. La pure Conscience est le signe de l’existence du Sadguru. Souvenez-vous de Lui, adorez-Le, ainsi vous n’aurez pas peur de la mort.

Un enfant a reçu des bonbons avec amour, il les a mangés et les bonbons sont allés dans son ventre. L’amour du donneur reste alors dans le ventre. De même, votre Conscience est dans le ventre du Sadguru. Plus précisément, votre Conscience est en vous et vous êtes dans le ventre du Sadguru. Maintenant, qui a cette connaissance ? Celui qui a cette connaissance n’a pas peur de la mort. Il est incorrect de croire que Yama, le Dieu de la mort, enlève la vie. Votre Sadguru est votre fondation et Son existence accompagne toujours la vôtre. Les deux ne font qu’un.

Quand vous chantez le bhajan dédié au Sadguru, une relation très intime se forme avec Lui. Il n’y a pas d’ami ou de parent plus proche que le Sadguru. Par conséquent, Il est au-delà de toute description.

Faites connaître à votre Conscience son importance et ayez pleinement confiance en Elle. La confiance ne peut être instaurée par aucune science ou méthode. Votre Conscience est aussi nécessaire que votre respiration. Une meilleure conscience de la Conscience améliore le contrôle de l’existence. Qu’est-ce que le temps? Nous en avons conscience tant que nous sommes conscients. En l’absence de Conscience, il n’y a pas de temps. Ce qui ne peut être décrit, c’est notre Soi. L’existence d’un organisme est limitée dans le temps. Le mot marathi pour « le temps » est kal, qui a deux significations. La première est « le temps » et la seconde est «la mort». C’est pourquoi le mot kal suscite la peur. Le mot mort signifie fin, mais notre vraie nature est immortelle. Si quelqu’un est déclaré mort, nous devrions pour le vérifier devenir comme lui. Sa mort est notre expérience, pas la sienne. Ce kal, ou la mort, se retrouve dans l’estomac d’un Sadguru, tout comme Parabrahman est intemporel et sans mort. Qui dois-je vénérer ? Je vénère Paramatman Lui-même, qui est notre vraie nature ultime. Pour un sage, la mort est une expérience inoubliable, comme manger un bonbon savoureux est rare. Ceci ne s’applique pas à une âme individuelle, qui devrait auparavant développer la conviction de ne pas être le corps. La confiance dans le Sadguru augmente la force – cette force qui est la force de l’Atman. Le disciple sincère se souvient toujours des paroles du Sadguru, tandis que la répétition du Mantra se fait intérieurement. Le disciple est vraiment affecté par les mots du Sadguru comme un projectile qui va au plus profond de lui-même, il est transformé en sa propre et véritable nature. Les Veda et autres écritures n’ont pas ce pouvoir de transformation. Donner des conférences spirituelles n’est pas une preuve que l’on est un sadhu. Ce qui convient, c’est la confiance dans le Sadguru. Sans elle, il est insensé de suivre un Guru. En l’absence de cette confiance, la visite des lieux de pèlerinage ne donnera aucune satisfaction.

Le Sadguru indique clairement au disciple qu’une compréhension claire des faits est son travail. Le disciple est le bienvenu chez le Guru quand la rencontre doit se faire. Tout comme une mère fait preuve d’affection attentive pour son enfant, il en va de même pour la relation entre Guru et disciple. Si vous avez une confiance totale dans le Guru, il suffit de regarder la conscience comme un jouet à votre disposition. Méditez sur votre Conscience ou sur le «J’aime» sans lequel il n’y a aucune chance de satisfaction, même la plus petite.

N’allez voir votre Guru que si vous ne pouvez pas faire autrement. Sinon, restez où vous êtes, en toute confiance dans le Guru et ses paroles.

Nisargadatta Maharaj

Premiers discours 31 – Illusion du monde

Nisargadatta maharaj

Bhagavan Shri Krishna soutient Uddhava dans la réalisation de sa vraie nature. La vie mondaine est illusoire et ce qui apparaît comme tel n’est pas la réalité. Notre nature provisoire est responsable de toute cette confusion. Quand vous voyez le faux comme faux, le vrai peut être connu. Le Soi est immuable, il reste le même. Avec l’accès à la vraie connaissance, il est possible de faire l’expérience de Dieu dans cette existence admirable. Ce monde repose sur une apparence mais n’a aucune existence réelle. Seul l’ignorant peut croire en sa réalité. Certaines « choses » ne peuvent jamais être oubliées, par contre, tout ce dont vous devez vous souvenir sera oublié.

Quand vous voyez un objet, son nom vous vient aussi à l’esprit. Mais quand l’objet disparaît, que deviennent son nom et sa forme? C’est pourquoi Dieu dit que ce monde est illusoire. Tout ce qui apparaît n’a pas d’existence réelle (immuable). Tant que nous ne saurons pas ce que nous sommes, le spectacle de Maya continuera. La maîtrise d’un art est limitée à cet art et y reste liée. Cette connaissance est possible pour tout ou partie des organes des sens. Quand un être est en état de stupeur – par exemple, en mangeant des graines de pomme épineuse (hallucinogènes) –, il ou elle voit diverses scènes qui n’ont pas d’existence. Ce qui est vu comme le produit de votre Conscience n’est pas très différent de ce genre de vision.

Qui en vient à connaître son existence ? Vous croyez avoir une identité, mais est-ce vrai? En réalité, vous n’avez ni caste, ni croyance, ni ami, ni ennemi. Vous n’êtes ni un père ni une mère. La connaissance des objets sera là, aussi longtemps que nous vivrons. Mais la source de toute connaissance est au-delà du vrai ou du faux. Elle est appelée Parabrahman ou Paramatman. Toutes nos caractéristiques naissent de notre Conscience et toutes les expériences s’ensuivent. C’est semblable à ce qui se passe dans l’exemple ci-dessus de la pomme épineuse. Rien n’a d’existence réelle. En raison de Maya, il n’y a que des apparences et divers pro- cessus donnent une impression de réalité. En raison de cette nature illusoire de la manifestation, il n’est pas question d’en tirer un profit ou une perte. Votre existence est juste un divertissement. Dans la Présence-Conscience-félicité (Sat Chit Ananda), la sensation d’existence est sans vous ni moi.

Avec la connaissance du Soi, c’est la fin du bien et du mal, et le bien-être de tous. Un regard égal est porté sur chacun et tout le monde mérite d’être aidé. Quand il y a attachement et confusion, il y a aussi peur. Celui qui a une grande renommée est critiqué par beaucoup. Mais un vrai disciple le suivra pour sa conviction intérieure d’être Paramatman. L’apparition de la Conscience engendre l’illusion, qui disparaît lorsque la Conscience disparaît. Nous utilisons tout notre pouvoir et nos organes des sens pour la préservation de la Conscience. La connaissance avec objets peut être appréhendée, contrairement à celle sans objet. La conscience individuelle essaie d’ignorer le Soi et tente d’affirmer sa propre existence et ses propres actions. Ce mensonge devient de moins en moins opérant avec la conviction d’être le Soi. Celui ou celle qui se connaît en tant que Paramatman devient libre de toute accusation mensongère. Il est incorrect d’accepter d’être un individu et de limiter ainsi Para- matman à un espace et un temps définis. Une forme limitée est une injustice à l’encontre de Paramatman. Votre individualité, qui essaie de Lui plaire, en réalité Le désespère. Essayez assidûment d’atteindre la flamme de l’Atman, elle est d’une valeur spirituelle inestimable.

Soyez tel que vous êtes, mais n’oubliez pas votre Sadguru. Il est votre propre Soi et la lumière de la connaissance. Ce n’est pas un signe de sagesse que de l’oublier et d’espérer par ailleurs la vision de divers dieux. Ne vous faites pas de mal, n’entretenez pas toutes sortes de concepts.

Nisargadatta maharaj

Premiers discours 30 – Maya , ou comment s’oublier

purusha

Ce qui est connu comme Purusha ou esprit cosmique est véritablement Purushottam, le Soi. C’est ainsi qu’apparaît la vie animée et inanimée. Quand ce phénomène se produit, c’est le début de toute existence. Quand toutes les couleurs et toutes les formes sont ôtées, ce qui reste, c’est le Soi pur. Alors il n’y a aucune considération de haut ou de bas. Le Soi est libéré de tous les défauts présents chez les êtres vivants. Ce qui fait cette expérience s’appelle Purushottam.

Tout ce qui est vu ou apparaît est Maya, aussi bien sous l’aspect d’un pois chiche que sous celui d’un village. L’observateur est la Conscience. C’est ainsi que le voyant, le vu et la vision se connectent. Qu’entend-on par dépendance ? Elle s’élève à partir de la Source, grandit et finit par se fondre dans la Source. C’est ainsi qu’il y a dépendance. Tout ce que vous voyez ou ce qui vous apparaît dépend de vous. Vous en avez le contrôle. Ce qui est antérieur à tout, c’est ce qui contrôle tout. En réalité, vous êtes avant tout. Toutes les expériences arrivent à Purushottam et la façon dont cela se produit est une chose étonnante. Il n’y a personne qui fait l’expérience d’être un, mais Purushottam est toujours un. Chacun devrait réaliser sa méprise, il ne serait alors plus question de rédemption. C’est une bonne chose que chacun considère son excellence, mais sa justification ne doit pas importuner les autres. Votre amour pour les sages est la véritable dévotion. Se souvenir d’eux et chanter le Mantra peut vous aider à réaliser tous vos désirs. Quand nous devenons vraiment purs, la réalisation de Dieu est facile.

Toute confusion provient du jeu de Maya. De grands efforts, sans relâche, sont produits pour gagner et accumuler des richesses incommensurables, pourtant en un instant la personne riche peut disparaître et la richesse est transférée à une autre personne. C’est ainsi que Maya œuvre. Vous ne pourrez pas la trouver, même après toutes vos tentatives. Elle est insignifiante mais ses effets se déploient dans un vaste espace. Le mot «nourriture» n’est composé que de dix lettres, mais elle occupe un vaste espace. Elle vient de la terre ou de la poussière et elle est poussière elle-même. Si nous ne le voyons pas ainsi, cela prend forme devant nous. Si l’on voit la réalité, ça devient de la poussière. Même alors, tous mangent, boivent et dorment. C’est Maya. Nous apprenons d’abord à connaître notre existence, puis nous remarquons le monde extérieur. Nous agissons dans le monde en oubliant le Soi. C’est Maya. C’est pure ignorance que de s’inquiéter de la descendance familiale en l’absence d’enfants.

Un jnani porte un regard différent sur les choses. Il dit que si la mort survient, c’est une bonne chose, car la douleur et les problèmes du corps disparaissent. Par contre, celui qui s’accroche fermement à son identité corporelle a peur de la mort. Les chercheurs donnent toute leur confiance à celui qui a la conviction de n’être jamais né et qui n’est donc pas concerné par la mort.

Les sages affirment que nous ne sommes jamais nés. Purushottam est indépendant du corps et de la Conscience. Notre expérience de l’existence n’est qu’imagination. Il n’y a là rien de vrai ni de faux. Pour qu’un être jiva prenne forme, le Shiva doit l’animer. Il s’éclaire de sa propre lumière, Il est empli de lumière. C’est grâce à Paramatman que Shiva brille. Le reflet de la lune dans un étang n’est pas la lune. De même, dans l’étang appelé corps, se reflète une image de Paramatman. Cependant, ce n’est pas Paramatman, seulement une image. L’affirmation selon laquelle Paramatman est né dans un corps est fausse. Bien qu’il y ait l’expérience d’un corps et qu’Il soit en lui comme une image. Il reste inchangé  au contact du corps. Mais en raison de l’identification avec l’image, il semble que la perception du corps soit réelle.

Le sage Nanak dit que votre image est dans le miroir, mais pas vous. Par la présence de la Conscience, le nom de Nanak a été donné. Celui qui tournera son regard vers l’intérieur atteindra la plénitude du Soi. Ainsi, Nanak nous dit : « Pourquoi cherchez-vous Hari dans la forêt? Il est dans votre Cœur. Vous sentez votre être dans le Cœur. Dieu essaie de dire que, bien que Je sois présent dans tous les êtres, Je ne suis vraiment nulle part. De quoi dépend la fierté de tout être vivant?» Kabîr dit que si une maison est vacante, toutes sont vacantes, mais si l’une est occupée, toutes les autres le sont aussi. Pour faire court, tout est illusoire, tout est méprise.

Nisargadatta Maharaj

25 septembre 1955

Extrait de “Premiers discours” aux éd. des 2 Océans

Premiers discours 29 – le jeu de maya

jeu de maya

Toute confusion est le jeu de Maya !

Ceux qui se sont réalisés ont acquis une véritable richesse et cela revient à exécuter un Mahayajna ( rituel, cérémonie traditionnelle de purification par le feu). D’un côté, les ignorants dépensent des millions de roupies pour faire un Yajna, sans pouvoir éviter les cycles de la naissance et de la mort. De l’autre, les sages font le meilleur usage du seul capital qu’ils ont, qui est leur Conscience, et, par le Yajna de la méditation, ils deviennent un avec Paramatman. Alors, l’expérience de la naissance et de la mort disparaît. Le comportement d’une personne est toujours conforme à sa compréhension. C’est pourquoi certains font le Yajna. Pour le Yajna traditionnel, un récipient métallique à bouche carrée est nécessaire pour recevoir le feu consacré. Les sages, eux, créent cet espace dans le Cœur en se débarrassant de tous les doutes et hésitations. C’est le substitut du récipient servant au rituel de Yajna. L’une de nos plus grandes obstructions est notre identité corporelle, qui doit être enlevée en mettant en pratique les paroles du Guru. Dans notre Cœur, il n’y a rien, pas même notre sens d’être. Pour la matérialisation de la Vérité, nous devons nous débarrasser de tous les doutes et indécisions.

Ceux qui ont accès à la véritable connaissance vous disent en toute sincérité qu’il n’y a pas de gain réel dans quoi que ce soit en dehors de la connaissance du Soi. Pour l’obtenir, il faut développer une véritable conviction de la Vérité.

Il est nécessaire de jurer sous serment de se conformer aux paroles du Guru. Vous devez surpasser tous les conseils et suggestions contraires.

La répétition du Mantra est un réel soutien. Le bon endroit pour nous purifier, c’est de nous tenir là où nous sommes libres de doutes et d’indécisions. Nous devons abandonner ce que nous ne sommes pas. Si vous êtes destiné à être un grand sadhu, vous serez le témoin de la matérialisation en vous des sugges- tions du sage. Les grands hommes comme Shankaracharya et Jnanadeva ont eu la connexion avec la Réalité, et cette réalisation s’est produite à un âge précoce. En procédant à l’auto-investigation, nous atteignons notre vraie nature en temps voulu. La cause originelle est celle qui est responsable de la création et de la dissolution du monde. Il convient de s’interroger sur la façon dont cela se produit. Il faut avoir une foi totale dans les paroles des sages. Avec cette foi, il n’y a pas de limite à ce qui peut être accompli. Le souvenir constant des paroles des sages enlève toute dualité entre eux et vous. Avant cela, tous les péchés humains seront brûlés. La connaissance de votre être véritable vous a été donnée par les sages, c’est elle qui prend place dans votre Cœur. Cela doit devenir de la plus haute importance pour vous.

J’entends le son incréé Om. Un jour, je ne serai peut-être plus là pour l’entendre, mais ce son est impérissable et va se poursuivre. La friction entre le périssable et l’impérissable crée le son. Avez- vous déjà perçu de la fumée en vous ? Il n’y a que la lumière, pas de fumée. La lumière est dans le Cœur et elle s’exprime en tant que Conscience.

À l’origine, il n’y a que la qualité Sattva, mais elle se manifeste sous forme de trois Guna : Sattva, Rajas et Tamas. La Conscience, qui est une qualité de sattva, donne naissance aux cinq éléments. Les paroles du Guru sont comme de l’argent comptant disponible pour un usage immédiat. Nous devrions faire bon usage de ses paroles pour ne pas L’oublier.

Nisargadatta Maharaj

Extrait de “Premiers discours” aux éd. des 2 Océans

Premiers discours 28 – Toutes les manifestations sont celles de Paramatman

nisargadatta maharaj

Atman est omniprésent, c’est Lui qui nous confère notre sens d’être. C’est Paramatman qui s’incarne dans diverses formes de vie. Une fois que nous existons, nous pouvons découvrir les autres et les dénombrer. C’est le début d’une grande énumération, due au Seigneur Ganapati. Son nom indique le début du grand recensement. Ganapati est présent en chaque être vivant, mais seuls les êtres humains ont la capacité de Le connaître. La Conscience est la manifestation de Ganapati, Il est capable d’éliminer toute illusion. Il est la source ou le parent de toute existence. Une fois que cela est révélé, il n’y a plus de retour en arrière possible.

Abandonnez l’identification au corps et n’ayez plus peur de la vacuité intérieure. Alors Ganapati sera ressenti dans votre Cœur. C’est la fin de sentiments comme la timidité, la culpabilité, et la fin de l’emprise de l’illusion. Nous devons le faire nôtre, ce qui est très facile. Cela doit se produire sans aide extérieure. Ce qui est à connaître et à accepter est déjà là. La grâce de Ganapati enlève toute illusion prétendant que vous êtes séparé de Dieu.

C’est un grand secret, qui ne peut être connu que sur les recommandations du Guru. J’accepte l’aide du Guru pour réaliser que Celui qui est vénéré est l’Atman, ensuite viendra la conviction qu’il n’est autre que Paramatman. Le plus important est de connaître son être, et celui qui a stabilisé cette reconnaissance est le Sadguru, manifestation du Soi. La Conscience est l’expression de Paramatman, qui donne naissance à toutes les activités.

Ce qui est nécessaire, c’est une conviction ferme, rien de plus. Celui qui s’établit en tant que Soi est sauvé, il peut aussi sauver les autres. Développez cette conviction, et vous ferez l’expérience de ce que les autres ne peuvent expérimenter.

Nisargadatta Maharaj

20 septembre 1955

Extrait de “Premiers discours” aux éd. des deux Océans

Premiers discours 27 – Ganapati

Ganapati

 

Chaque fois qu’il y a un décompte, celui qui compte doit être présent en premier.

Pour compter les personnalités, aussi célèbres soient-elles, il faut d’abord compter la présence d’Atman.

Si nous sommes absents, qui comptera? Le Soi doit être présent pour commencer à compter. Qui prononce le son Aum ou Om ? Celui qui est là avant le décompte et qui va compter.

Au tout début de la manifestation à partir du non-manifesté, il y a l’apparition de Ganapati. On l’appelle aussi Heramba, c’est un amoureux des vaches! Le premier son est un son profond caractéristique, qui rappelle le meuglement de la vache : le Om. Ce son est spontané, insaisissable, produit sans aucun instrument. Le premier à être adoré est Ganapati, qui représente le Om.

Il s’agit d’un son spontané, qui n’est pas produit par un instrument ou par la voix humaine. Sans son évocation, il ne peut y avoir de commencement. Dans ce corps, votre existence est due à Atman, Dieu ou Ganapati. Avec sa vision et après avoir développé une intimité avec Lui, un bien-être total s’installe. Il donne vie à toute existence et est présent en tout en tant que l’Atman.

Atman est avant tout. Toute l’existence et la nature prennent place par la suite. Notre existence initiale était sans attributs. Celui qui a connaissance de ces faits reçoit des pouvoirs surnaturels de Ganapati. Gananayaka est vraiment le soutien du monde entier. C’est aussi votre vraie nature, prenez-en soin afin que cette unité ne soit pas rompue. Quand vous réalisez le Soi, tout votre travail et vos devoirs sont terminés.

L’Atman est omniprésent. Notre Conscience dans le corps est vraiment une incarnation, et Celui qui en est conscient est Paramatman. Toute forme vivante est spontanément consciente de son existence. D’après notre propre expérience, la question la plus mys- térieuse est de savoir comment nous sommes amenés à connaître notre existence. Notre Conscience est l’incarnation de Gananayaka. Bien que la même Conscience soit présente également dans tous les êtres vivants, son secret et son origine ne peuvent être connus que sous la forme humaine. Bienheureux sont les parents dont la progéniture réalise le Soi. Une fois le Soi connu, il n’y a plus d’ignorance. La transmission de la connaissance du Soi est due à Ganapati. Gananayaka va enlever toute illusion.

Éliminez l’ignorance que le corps est votre identité et faites de la place pour que Ganapati occupe votre Cœur. Le Soi est libre de timidité, de honte et d’illusion. Ce qui n’est pas est difficile à atteindre. Il faut L’être lui-même, par soi-même. Il peut être atteint, si vous développez la conviction qu’Il n’est rien d’autre que vous. C’est notre propre grâce qui y travaille. Il s’agit d’une illusion que de nous considérer comme séparés et hors de la présence de Dieu. Sa grâce enlève les voiles de l’illusion.

Je suis en train de vous évoquer quelque chose de très profond.

Il est difficile de réaliser le Soi, voici des paroles du Guru qui nous sont utiles: «Je prends cette aide (celle de Ganapati) pour vénérer mon propre Atman et avec cette conviction renforcée, Celui-ci sera réalisé comme étant Paramatman. » Nous découvrons notre présence et c’est Paramatman Sadguru qui vient à l’apprendre. La Conscience opère en tout, Elle est une expression du Soi.

Ce qu’il faut, c’est de la conviction et rien de plus. La conviction en sauvera un et celui-là même en sauvera d’autres. Développez une ferme conviction sur ce que vous avez entendu maintenant. Cela deviendra votre expérience directe et votre félicité n’aura pas à être connue des autres.

Nisargadatta Maharaj

Extrait de “Premiers discours” aux éd. des 2 Océans

Premiers discours 26 – fermer les yeux n’est pas méditer

méditer avec nisargadatta

Celui qui n’a pas de mémoire du passé n’aura aucune pensée à ce sujet ou même à propos de l’avenir. Qu’est-ce qu’un jnani ? C’est celui qui a connaissance de la Conscience. En raison de la Conscience, nous voulons vivre toujours plus d’expériences de plaisir. Mais pour un jnani,( celui qui a réalisé sa nature intemporelle et non -identifiée), l’expérience d’être se suffit à elle- même.

Quelle perception la Conscience a-t-elle d’Elle-même? En contemplant la forme du corps, Elle se prend pour un être humain. Puis, comme cela n’est pas suffisant, vient l’invention du paradis et tout ce qui s’ensuit. Celui qui a réalisé la connaissance du Soi n’appelle pas le faux «vérité».( le faux est le terme utilisé pour désigner ce qui est perçu, ce qui est transitoire).

Il a la véritable connaissance de sa Conscience. Par conséquent, il différencie aussi ce qui est inerte et ce qui est en mouvement. Notre ignorance de l’Atman nous rend faible avec un corps faible. L’ignorant croit en son arrivée avec un corps, et par son ignorance, il est sûr de mourir. Tout cela est communément admis dans ce monde en raison de l’acceptation générale du faux. Par conséquent, la fausse vérité est prise pour la Vérité.

L’Atman reste dans le corps en raison de l’approvisionnement alimentaire régulier. Le corps lui-même est la nourriture. Le jiva (celui qui en tant que cobnscience s’identifie  à ce qui est transitoire ( faux), le corps, les sensations, les pensées, les émotions) au ignorant ne le sait pas et il essaie de se priver ou de choisir sa nourriture pour acquérir quelque mérite religieux et éviter tout péché possible. Son jeûne n’a pas de sens puisque le corps est lentement consommé vingt-quatre heures sur vingt-quatre. Le processus se poursuit même dans le sommeil profond. La nourriture consommée est comme une offrande au feu. Tout cela se transforme en sang et en chair. Le feu qui brûle à l’intérieur fait s’élever la lumière de l’Atman. C’est la lumière du monde. Indépendamment de la taille et de la forme d’un corps vivant, le sens de l’être y est clairement ressenti.

À partir des cinq éléments surgissent beaucoup d’autres éléments. De tout cela, notre sens d’être est apparu.( sens d’exister, qui induit la séparation,moi, l’autre, moi le monde).

Le sage Tukaram dit que nous devrions mener une vie empreinte de spiritualité jour et nuit. Notre mental s’intéresse au mondain et c’est une obstruction à notre progrès spirituel. Il rend l’Ultime hors de vue.

Un jnani sait que l’Atman est libre de tout lien. Mais un jiva vit dans le doute, il vit les hauts et les bas de l’existence. La déception du jiva est proportionnelle à ses concepts. En l’absence d’une véritable connaissance du contenu de l’utérus, il ne peut y avoir de véritable adoration. Les sages n’ont aucune intention néfaste et sont là pour le bien de tous. Quand la Conscience n’est plus, toute la connaissance de l’existence disparaît. C’est la nature de la Conscience d’apparaître et de disparaître. Shankaracharya explique comment le Soi se réalise.

Parabrahman n’a pas de sens d’être. Par conséquent, Sa félicité n’a pas de limites. Sans la réalisation du Soi, le corps ne porte pas de fruits. Le corps est vénéré s’il est celui d’un jnani. Un jnani est témoin du corps et de la Conscience. Par la connaissance du Soi, toute l’existence est vue comme manifestation de Brahman. Après la connaissance du Soi, votre vie de famille deviendra également pleine de joie. Tout comme le soleil ne peut voir que la lumière, un jnani ne voit que la Conscience en tout un chacun.

Quand la Conscience est allumée, il y a le souvenir, et quand Elle n’est pas allumée, il y a l’oubli. Le Connaisseur de ces deux aspects est Paramatman. Si Atman est présent partout, qui est res- ponsable de ce qui se passe? Nous faisons l’expérience de notre existence sans aucun effort et cette expérience est très petite. Sans le savoir, votre alimentation se produit vingt-quatre heures sur vingt-quatre. Il est dit qu’il y a en tout seize mille cent huit nadi ou organes tubulaires dans le corps. On dit qu’ils sont les bien-aimés de Bhagavan Shri Krishna. Krishna est Celui qui en a connaissance et tout ceci est connu par Paramatman. Le Connaisseur de votre existence est Shri Vitthal.

Tukaram nous dit: «Ne vous limitez pas au corps mais soyez universel, c’est ce qui correspond à l’état naturel de votre Conscience. »

C’est très enthousiasmant d’accéder à la connaissance du Soi. Il n’y a pas de haine pour qui que ce soit ni de peur de la naissance et de la mort. Mais il n’y a que quelques rares êtres qui l’atteignent. Ici, la libération est obtenue simplement par l’écoute, sans sacrifier la vie de famille. Les jiva ignorent le Soi. Un jnani est au-delà de l’individualité du corps et son être est universel. Il ne se remémore jamais sa richesse passée ou sa pauvreté après sa réalisation. Il n’a ni chagrin ni découragement. À travers la Conscience, Il expérimente l’univers entier. Toutes les apparences sont vouées à disparaître. Méditer ne signifie pas seulement fermer les yeux. Cela se produit naturellement après avoir écouté un sage. Il dit : vous accusez à tort votre Soi d’être le corps et vous êtes plein d’ego. Débarrassez-vous de tout ça. Votre Soi est empli de béatitude. L’existence mondaine peut se poursuivre, mais seulement après avoir coupé ses racines. Cela signifie que vous devez avoir la conviction de la non-existence de ce monde. Quitter sa femme et ses enfants est une illusion.

Après la réalisation, votre travail n’aura plus de sens. Personne ne bénéficie de votre bénédiction. Même quand les sages donnent leur bénédiction, cela fait partie de l’illusion. ( le sage, la bénédiction et celui qui la reçoit, sont UN).

Nisargadatta Maharaj

18 septembre 1955

Extrait de “premiers discours” aux éd. des 2 Océans

Premiers discours 25 – la saveur de notre être

 

Nous en venons à savoir que nous sommes tout en goûtant la saveur de notre être. Sans rien avoir à demander à personne, nous sommes à même de connaître notre être véritable. Notre conscience d’être est le fondement de toute notre vie ou existence, il est nécessaire de l’étudier précisément. Nous devons en connaître le pourquoi et le comment. Notre Conscience est la manifestation de Dieu et c’est une grande erreur que de ne pas méditer sur Elle. Se prendre pour le corps, c’est inviter la culpabilité et la mort. Nous apprenons à connaître notre existence; par l’entremise de celle-ci, nous nous sommes rendus coupables de beaucoup de choses. Pour notre bien-être, nous devons entreprendre un certain nombre d’actions.

Quel est notre accomplissement ultime?

Le silence.

Pour cela, la méditation est nécessaire. La Conscience (son contenu) est alors silencieuse. Ce corps est d’une grande valeur, mais sans ( reconnaissan de de la nature de la Conscience), ce n’est qu’un enfer. C’est cette Conscience, qui nous fait l’égal de n’importe quel Dieu, qu’il faut apaiser maintenant ( dans son aspect d’identification).

De façon à mieux nous connaître nous-même, l’Atman est silencieux, pour permettre l’observation. Ce silence est le plus profond. Ce silence ne signifie pas qu’il faille arrêter tous les mouvements et les activités des cinq organes des sens.( c’est le Silence dans lequel tout apparaît est disparaît). C’est comme l’extinction de l’interrupteur principal, qui arrête tout. Notre existence physique n’étant pas la plus fiable, nous devrions toujours rester exempts du sens du «moi» et du «toi». Ce qui demeure en chacun est seulement Parameshwara ( le Principe Premier, Divin). Les révélations de Paramatman sont dans chaque cœur. L’auto-investigation nous permet de comprendre que Parameshwara est le fondement de chaque être.

Celui qui voit clairement l’irréalité des effets des sentiments et des émotions est libéré de toutes les affections et passions du monde. La Conscience, grâce à laquelle nous savons que nous sommes, est le fondement de tout. Il en est de même pour Brahma, Atmarama et Shankaracharya. Avec cette connaissance, tout sera réduit au silence. Le silence de la Conscience est aussi appelé méditation sur Brahman. Dans quelle mesure pouvez-vous vous taire? Cela se fait quand il n’y a plus d’étreinte de « Je suis ». C’est avec la grâce du Guru que l’on réussit à rester sans conscience personnelle. Tout cela n’est possible qu’en ayant une confiance totale dans le Guru et une pratique constante de ses paroles. Je vous ai dit l’importance de votre Conscience, vous ne devez jamais la perdre de vue. C’est une grande chance de pouvoir entendre cette description de notre vraie nature. Le véritable auditeur l’aime plus que tout au monde. Ainsi, il la réalisera vraiment.

Être silencieux, c’est être sans « Je suis »*. Ce retournement, c’est une méditation sur Dieu. Comment méditer? Cela se fait en gardant la Conscience vide de mental et de parole. La Conscience peut rester sans parole, car elle ne dépend pas du mental et des pensées. Il n’est pas du tout facile de faire taire les organes des sens et les organes d’action. Nous devons reprendre en main ce qui en avait pris le contrôle, c’est-à-dire la conscience identifiée. Elle devrait être sous notre contrôle. À cet égard, la compagnie d’un sage, ou même une unique rencontre de celui-ci est utile.

Beaucoup n’aiment pas entendre des déclarations justes mais inacceptables à leur sujet, cependant ils apprécient les fausses décla- rations qui leur sont agréables à entendre. Vous devez être prêt à agir dans votre véritable intérêt. Vous devez faire face à cette calamité, parce que vous n’avez pas de véritable connaissance de vous-même. En réalité, vous êtes la Vérité, que vous connaissez déjà, mais que vous préférez garder à l’écart. Par conséquent, vous êtes voué à mourir dans les problèmes. Toutes vos associations sont illusoires, et la Vérité est au-delà des apparences. Vous n’avez jamais pensé à ce qui est la cause de toutes vos connaissances et associations. Ce que vous croyez être la mort n’est rien d’autre que l’élimination de la poussière sur le Soi. Mais en réalité, rien ne peut arriver à Ce qui est sans changement, pas même le plus infime mouvement.

Certains disent des choses curieuses. Il est dit par exemple qu’il y a un océan de lait dans lequel le Seigneur Vishnu se prélasse. La vraie connaissance ne repose pas sur de tels propos, mais sur l’élimination effective de l’écran de dualité ; ce qui révèle l’unité. Vous devriez questionner les faits, ne pas les prendre tels qu’ils paraissent. Shankaracharya blâme les Veda sur de nombreux points. Seul celui qui s’est réalisé lui-même connaît réellement le précieux contenu du Cœur. Les sages n’ont révélé la vraie connaissance qu’aux êtres honnêtes et aux fidèles. Les disciples qui sont venus à Shankara- charya étaient prêts à donner leur vie pour la Vérité. C’est ainsi que leur fut offerte la Vérité ultime. Qui écoute ces connaissances ? Ne le considérez jamais comme un homme ou une femme. C’est la Conscience elle-même qui écoute. C’est Elle la grande puissance appelée Brahma shakti, Adi shakti, Jnanashakti, qui a le pouvoir d’apparaître en une infinité de corps. Soyez toujours conscient que c’est cette puissance qui est à l’écoute et non un individu. Vous n’avez reçu qu’une particule de cette Conscience infinie. Cette particule vous donne le goût du «Je suis». Brahman tout entier est avec vous en tant que Conscience. Il n’y a pas d’autre Dieu.

Les paroles d’un sage sont toujours vraies, car c’est Dieu qui parle à travers lui.

Le sage est le Dieu d’Amour. Nous en venons à prendre connaissance que nous sommes par Adinarayana ( le Principe premier, Divin). C’est par la méditation que nous réalisons Cela. Vous vous stabiliserez ainsi dans votre Soi. Vous devez vous éveiller à votre vraie nature. En méditant sur le Soi, vous resterez indifférent à tout événement mondain. En étant absorbé dans Adinarayana, Ses qualités se déve- lopperont en vous. Notre respiration Lui est due. Toutes les activités se déroulent grâce à la manifestation de la Conscience en tant que Prakriti. Même notre sensation d’être Lui est due. C’est la manière dont Elle s’exprime. Il n’y a ni profit ni perte dans cette existence physique et le reconnaître est source de joie. Jour après jour, encouragez les autres et, sans les déranger dans l’idée d’être important, soyez dans la conscience constante du Soi.

Nisargadatta Maharaj

11 septembre 1955

Extrait de “Premiers Discours” aux éditions des deux Océans

*Je Suis, considéré tantôt par Nisargadatta comme le principal allié et à d’autre moment comme la cause de toute illusion. Il n’est pas toujours aisée pour celui qui découvre ces enseignements de s’y retrouver. Tant qu’il s’adresse à une conscience assoupie dans l’identification aux multiples concepts et appropriations matériels, le conseil sera de revenir le plus souvent possible à une conscience de soi la plus dépouillée qui soit et non conditionnée par les multiples costumes qui la recouvrent. Quand cela est bien ancré et réalisé. Il invite alors à aller plus loin et  à voir l’attachement et la fascination qu’il y a pour la manifestation et dans le fait d’exister ( non -personnel). Tout en pointant en même tant le fait qu’il n’y a qu’un Seul ( Principe, Conscience,..) à l’origine et dans ce “Je suis”.