Nirupana 135 – Mort de la peur

mort de la peur Nisargadatta

Je ne parle pas sur la base des Ecritures. Je ne parle que de Celui qui écoute. Je ne parle pas de comment mener sa vie au quotidien. Regardez uniquement qui vous êtes. Si vous saisissez ceci, les souffrances et les plaisirs du quotidien ne vous affecteront pas.

Tout travail que vous pouvez entreprendre sera imparfait, parce que votre existence elle-même est imparfaite. Celui qui S’est réalisé sait que les joies et les peines de la vie sont le produit du mental. Elles apparaissent spontanément.

La naissance est un dérangement. Quand il n’y a pas de naissance, il n’y a aucun problème. La naissance signifie la manifestation de la Conscience – Sattva. C’est cela la nuisance. Même si le temps d’apparition de la Conscience était allongée, Elle devrait toujours être écartée un jour ou l’autre. Même Krishna a dû se séparer de la Conscience. Jnaneshwar a laissé de côté cette nuisance à l’âge de vingt-et-un ans (il a écrit un commentaire en versets de la Gîta. Il a aussi écrit L’expérience de l’immortalité. Il s’enferma dans une cave et demanda à son frère aîné et Guru de poser une dalle sur l’accès à la cave).

La Conscience est perçue et même chérie, mais elle ne peut être supportée. Pour pouvoir la supporter, des activités multiples et variées sont mises en place. Elle se manifeste en fonction de ce à quoi vous la comparez, ou de ce en tant que quoi vous la vénérez. Cependant Elle n’est pas infinie. Krishna disait : « En fait, tout ceci, Je le Suis. » Plus d’un sage se prosternait devant Lui. Cela n’a pas empêché le fait qu’il doive se séparer de la Conscience. La perception de soi qui est apparue sans en avoir connaissance, est-elle une joie ou une nuisance ? Un être humain vit dans l’anxiété toute sa vie, anxiété pour ses enfants, ses petits-enfants, ou anxiété pour que chacun se porte bien.

Le veau est la raison pour laquelle la vache produit du lait de son pis. De la même manière, le sage est inspiré de parler de la réalisation du Soi quand il rencontre le dévot. Vous pouvez être capable de reconnaître la qualité d’une pierre précieuse, mais vous n’êtes pas capable de reconnaître la Maya-racine. Cela ne se fait que par la précieuse présence d’un Guru.

Est-ce que la Conscience est sans souffrance, ne serait-ce que pour un jour ? Est-ce que la nuisance arrive de l’extérieur, ou est-ce la Conscience Elle-même qui est la nuisance ? Il y avait moins d’anxiété quand les individus étaient dans l’ignorance. L’anxiété est plus grande quand la connaissance s’accroît. La raison à cela est qu’ils n’ont pas saisi la racine de la souffrance. Vous ne pouvez avoir aucune connaissance de cela, jusqu’au moment où vous êtes amené à connaître le corps.

On vous a dit que la peur existait, que la mort existait, que le temps existait et que Dieu existait. Ils sont présents si vous croyez en eux. Et si vous n’y croyez pas ? Si vous reniez tout cela, il n’y a rien. L’Absolu possède-t-il la moindre forme ? Même les plus grands êtres sont restés ébahis devant Cela. Certains sont partis en disant : « Je reviendrai après tant d’années. » S’agit-il de réalisation de Soi ? Aussi longtemps que Maya est là sous la forme de la subtile Conscience , il ne peut il y avoir de réalisation du Soi. Du point de vue du soleil, l’obscurité n’existe pas. Tout comme du point de vue du Jnani, personne ne naît. Quoi qui apparaisse est une pièce dramatique orchestrée.

Trouvez la cause de la naissance. Est-ce que quelqu’un se penche sur la nature de la Conscience ? De quoi est-Elle faite ? Les gens font pénitence depuis des siècles. Contentez-vous de comprendre votre vraie nature. Vous ne possédez pas d’identité du genre « Je suis comme ceci », etc., Reconnaissez simplement ce fait. Cette discussion n’est pas faite pour tout le monde. La façon dont la conscience fait se comporter chacun est correcte. Il n’y a pas à se séparer de la Conscience, mais il faut en avoir une juste compréhension. Votre véritable nature est antérieure à la Conscience.

La Conscience va s’en aller. Le Jnani en a la compréhension. Aussi le Jnani n’a pas de peur. La sensation « Je suis » est appelée Brahman. Après avoir réalisé Brahman, on se trouve au-delà de la destinée. Le nom Brahman est donné pour des raisons pratiques. À partir de la pure connaissance, la Conscience, le mental, l’intellect, sont apparus. Quand la Conscience n’est pas là, le besoin de joie n’est pas ressenti. Pourquoi est-il ressenti quand la Conscience est là ? La raison est que la Conscience Elle-même est le problème. Si vous la nommez joie, elle est joie; si vous la nommez misère, elle est misère. Elle est telle que vous la nommez. Observez ce que vous êtes à cet instant précis. Vous êtes différent de tout ce qui est connu de vous. La Conscience est changeante par nature. Ses mouvements provoquent la peur. Dans l’intention d’apaiser cette Conscience, la foi dans le Guru est nécessaire.

Si votre dévotion envers le Guru est fermement établie, vous savourerez la libération de votre vivant. Ce qui est connu provoque la peur. Ce qui transcende la peur est éternel. Vous n’êtes pas attentif à votre perfection. C’est pour cette raison que vous êtes effrayé. Ayez une foi totale dans le Guru, et alors la peur sera complètement déracinée.

Nisargadatta Maharaj

Dimanche 7 octobre 1979

Extrait de “Méditations avec Sri Nisargadatta Maharaj” aux éd. Aluna

Nirupana 134 – Jnani

Jnani Nisargadatta Maharaj

Quand on devient libre de la conscience identifiée au corps, l’affectation générée par les relations s’étiole. Une fois que vous réalisez votre propre identité, vous pouvez aimer chacun.  Le monde entier est votre manifes- tation, votre forme. Tant que vous ne lâchez pas la conscience identifiée au corps, il ne pourra pas y avoir de progression. Il convient de méditer de la sorte : « Cela qui est invisible et peut être séparé du corps est ma véritable nature. Le corps n’est pas mon identité. »

Après avoir transcendé la conscience identifiée au corps, il convient de ne pas négliger de prendre soin du corps. Toutefois, il n’y a plus de passions et de désirs. Une sensation de détachement en même temps que de plénitude apparaît. Tout au long de la journée, un être humain va se distraire dans différents concepts. Les autres êtres (tels que les animaux) utilisent leurs capacités pour leur survie. Quand l’attention se détourne des autres objets, elle se reporte sur le Soi. Quand le mental se détache des objets, il se pose dans le Soi.
Existe-t-il réellement une dualité ? Vous y croyez, alors il y en a une. Est-ce que le soleil considère ses rayons comme séparés de lui ? Devenir un Jnani, c’est devenir pure présence. Alors Maya, Brahman, Dieu, montreront leur irréalité. Seul un Jnani peut reconnaître un Jnani. Où il y a conscience, il y a souffrance. Est-ce qu’il y a de la souffrance dans le corps ? La souffrance est là, tant que la conscience est présente. Il convient de réaliser que la conscience et la souffrance qui l’accompagne ne sont pas ma véritable nature. La naissance entraîne l’état de veille et de sommeil. Il s’agit de deux états. Le Jnani en a connaissance. La conscience ne peut être comprise objectivement. En état de Samadhi, la veille et le sommeil ne sont pas séparés. L’état de Samadhi n’existe pas au niveau du Soi. L’intellect est le jeu du concept « Je suis ». C’est la ficelle qui fait tournoyer le cerf-volant. Le Jnani observe comment la conscience s’éteint. Il n’en est pas affecté. Il a vu Dieu, dont tout ceci est l’expression. Il a aussi vu que Dieu était passager et disparaissait. Les autres êtres vénèrent Dieu dans le but que leur bien-être soit préservé. C’est la différence. Seul un Jnani peut observer que lorsque l’incarnation de Dieu se termine, ce n’est pas sa propre fin. Les autres entretiennent les concepts de paradis et d’enfer.

Ce que le Guru demande que l’on dépose à ses pieds, c’est le soi ; certains y mettent leur corps, mais pas le soi. Si vous voulez devenir un Jnani, vous devez offrir votre soi au Guru. Un Jnani n’est pas la conscience. Il n’est jamais né. Quoi que ce soit qui soit, est la conscience. Le Jnani, en tant qu’Absolu, n’est même pas le témoin. Vous viendrez à connaître, le moment voulu, comment la manifestation prend place. Pour l’instant, contentez-vous de présenter la conscience à la conscience. Il n’est pas nécessaire d’amener Paramatman dans le décor. Une fois que ce mariage sera consumé, vous pourrez faire ce qu’il vous plaît. Une fois que vous aurez transcendé la conscience, vous n’aurez plus aucune anxiété.

Portez votre intérêt uniquement sur comment, pourquoi et quand vous avez été amené à connaître que « vous êtes ». Laissez de côté tout le reste. Ce qui est agité s’apaisera. En tant qu’Absolu, vous êtes déjà tranquille.

 

Nisargadatta Maharaj

samedi 6 octobre 1979

Extrait de “Méditations avec Sri Nisargadatta Maharaj” aux éd. Aluna

Nirupana 133 – Silence

Silence Nisargadatta

Est-ce que quelque chose peut être connu sans le mental ? Où il y a la conscience, le mental doit aussi être là. Il est le langage de la conscience. Cependant, la compréhension que « Je ne suis pas le corps » est inhérente à la Conscience. Elle est antérieure au mental. La sensation « Je suis » est appelée la Conscience. Fixez-vous à cela. Le mental ne s’en ira pas. Conten- tez-vous d’observer ce que vous êtes. Ne vous référez pas au mental. Le mental continue, laissez-le. Vous avez à vous convaincre que vous n’êtes pas le mental. Vous dites que vous êtes emmené par le courant du mental, mais avez-vous déjà vu la Conscience être emportée par quoi que ce soit ?

Lors d’une épreuve, si la récitation du mantra du Guru est répétée, la difficulté s’en ira. Pour cela, la conviction que le Soi est mon meilleur ami, mon Guru, doit être présente. Engagez votre mental dans la dévotion au Soi. Invitez-le à entrer en amitié avec le Soi. Le mental court d’un endroit à l’autre. Pour le diriger vers le Soi, la récitation du mantra est conseillée. C’est seulement quand le mental et le Soi ne font plus qu’un, que l’état de Samâdhi se déploie.

Le mental est le langage des affaires du monde. Le mental est action. Plus nous sommes en recherche du Soi, plus le mental se purifie. Il convient d’oublier la conscience identifiée au corps et d’occuper le mental avec la récitation du mantra. Portez toute l’attention sur votre véritable nature. Tant que le mental vous considère comme le corps, il ne sera pas contrôlé.

Votre sensation « Je suis » est votre propre Soi. Qui dit au mental ce qu’il doit faire ? Est-ce le Soi ? Progressivement vous réaliserez que vous n’avez ni forme, ni aspect. Alors seulement là, le mental sera sous contrôle. Pendant la méditation, une lumière blanche étincelante comme un diamant peut être vue. Dans les écritures, elle est appelée le corps subtil. Seuls les plus fortunés peuvent la voir. C’est un signe de réalisation du Soi. C’est par la puissance de cette lumière que le corps fonctionne. La plus grande fortune est de rester sans conscience identifiée au corps. Si vous ne dormez pas, tant que vous n’avez pas de pensées, vous bénéficierez du même repos que si vous dormiez. La contemplation du Soi exclut toute autre activité. Vous ne pouvez pas être absorbé dans la contemplation du Soi alors que vous menez vos affaires. Quand vous travaillez, soyez attentif à votre travail. Dès que vous avez un moment disponible, embrassez le Soi. Quand vous êtes paisible, ne portez pas l’attention sur les pensées, uniquement sur le Soi. La conscience doit se focaliser sur la conscience. Alors que vous méditez, si vous venez à avoir des informations sur le passé, le présent ou le futur d’une personne, n’en parlez pas. Quand la connaissance du Soi est établie, la manière de Se conduire dans le monde est connue de Lui.

On doit prendre soin de la réalisation du Soi comme on peut le faire de sa femme, de ses enfants, de ses occupations. Le chercheur du Soi ne connaît pas de règles ou de lois. Les règles sont faites pour ceux qui ont pour préoccupation les plaisirs mondains. Le mental est difficile à contrôler. Pour cela, ne portez pas votre attention sur le mental. Portez l’attention sur votre véritable nature.

Laissez de côté le nom que vous ont donné vos parents. Et maintenant, dites-moi votre nom ! Pouvez-vous dire quelque chose main- tenant au sujet de votre propre Soi ? Il n’y a pas de réponse à cette question. Il n’y a que Silence. Cet état est antérieur à la conscience. Pendant la méditation, ne projetez aucune forme ou aucune idole. Ne prenez aucune image pour support.

Si vous observez votre corps, vous verrez qu’il s’agit d’une machine à produire des déchets. Cependant les sages disent : « Le corps humain est le meilleur de tous. Sans un corps humain, personne n’a atteint l’état de Parabrahman, mais il peut aussi ne pas l’être. » Par l’oubli du Dieu qui s’éclaire de sa propre lumière, vous dites « Je suis tel le corps ». Ainsi vous êtes marqué du sceau de la mort. Menez à bien vos différentes activités, mais n’oubliez pas votre véritable nature. La conscience identifiée au corps ne libère aucun temps pour la récitation du mantra ou la méditation. Alors que vous oubliez le bien-aimé Paramatman, vous êtes totalement occupé à vous divertir. Mais quoi que vous fassiez cela s’en va. Lâchez l’identification au corps. Alors, assurément, vous verrez que vous êtes Paramatman. Parmi des millions d’êtres, combien ont l’ardeur de trouver la Vérité ?

Être présent au Soi sans les mots, s’est unir le soi au Soi. Seule suffit la conviction que vous n’êtes pas le corps. La conscience identifiée au corps (l’ego) s’en ira. Le Soi, qui opère au travers de la force vitale des cinq éléments, peut-il être détruit ? La puissance de la réalisation du Soi est telle que des millions d’êtres se prosternent aux pieds d’un Jnani.

Autant que possible, n’envisagez pas le suicide. La pleine Conscience dans le corps humain est difficile à obtenir ; en fait, extrêmement rare. Il n’y a plus de connaissance dans l’état du Soi non manifesté. Celui qui atteint cela, est pour toujours présent au fait que « Je ne suis pas le corps, J’ai l’apparence de la lumière ». Si cela est reconnu, votre conscience identifiée au corps se transforme en celle de Brahman. Votre conviction doit être celle d’atteindre votre véritable nature. Il n’y a que le Soi. Parce qu’Il est, nous sommes lumière rayonnante. Une fois le Soi réalisé, il ne restera même pas la moindre idée de la mort. Soyez conscient de ceci avant que le corps ne s’en aille.

Nisargadatta Maharaj

dimanche 30 septembre 1979

Extrait de ” Méditation avec Sri Nisargadatta Maharaj” éd. Aluna

Nirupana 132 – Nirvana

Nirvana Nisargadatta

Quand la qualité d’expression de Sattva (en tant que force vitale) commence à faiblir et que l’intellect s’amenuise, la mémoire s’estompe. C’est ainsi que l’on ne se rappelle plus les choses en vieillissant. Aussi longtemps que nous ne réalisons pas qui nous sommes, toutes les surimpositions devront être acceptées. Mais par contre, que se passera- t-il quand nous réaliserons que nous ne sommes ni Sattva, ni sa qualité de connaissance ? Le corps est un stock d’essence de nourriture. L’énergie vitale présente dans ce jus de fruit dit : « Je suis le corps. Je suis un homme ou je suis une femme. » Tout comme il y a un parfum qui émane d’une fleur, du corps émane la conscience. On la nomme Sattva. L’origine de cette qualité est la nourriture. Il n’y a pas de Prana sans nourriture.

Pouvez-vous saisir le prana ou la conscience ?
Le Nirvana se trouve là où, au final, il ne reste plus rien. Certaines de vos actions semblent laisser une trace dans l’espace, mais pas celle de celui qui est Nirguna (sans qualité). Le sens « Je suis » n’est plus présent. Le Guna est né ou apparu, s’est installé, puis est parti ou s’est dissous. Celui qui a connaissance de ceci reste sans parole.

Dans l’état de Nirvikalpa Samâdhi – sans construction mentale – la conscience disparaît. C’est le Samâdhi quand il n’y a pas de souffrance physique ou mentale. Les Guna sont en suspens.
Si le support du corps n’est pas là, qui peut avoir connaissance ? Alors, on Lui donne des noms comme Brahma, Vishnu, etc. Il s’agit de la Conscience.

Le corps n’est pas notre véritable nature. Au niveau de notre véritable nature, il n’y pas trace de la moindre caractéristique. Il n’y a pas de concepts. Celui qui réalise sa véritable nature devient identique à Dieu. Le Jnani est celui qui connaît le Soi. Il s’agit du Guru. Ceux qui s’installent dans des rituels n’ont pas connaissance de la nature du Soi. Réaliser sa véritable nature et vivre en tant que Soi est la religion du Soi. Notre Conscience est spontanément présente. Ce qui est connu, l’est au travers du mental. La Conscience est antérieure au mental. Celui qui vit directement à partir de la nature du Soi, n’endure pas les douleurs de la naissance et de la mort. Il n’a pas d’intérêt, parce qu’il est sans forme. Tant que la conscience identifiée au corps est présente, les désirs s’élèvent spontanément. Quoi que ce soit qui doit être entretenu, n’est pas de la nature du Jnani.

La véritable écoute ne se fait pas par les oreilles. Elle se fait à travers la Conscience. Quand il n’y a pas de corps, la Conscience ne peut pas être évoquée. Dire : « Je suis en train de mourir, maintenant je m’en vais », est un concept illusoire. Même le concept « il y aura réalisation du Soi » est illusoire. Si vous allez rencontrer le Soi, c’est qu’il est séparé de vous. Il fera votre connaissance, indépendamment de vos tentatives pour Le rencontrer.

La meilleure façon d’être au service du Guru, est d’être fidèle à la parole du Guru. Pour cela, vous devez porter une attention constante à votre véritable nature.

Nisargadatta Maharaj

jeudi 27 septembre 1979

Extrait de “méditations avec Sri Nisargadatta Maharaj” éd. Aluna

Nirupana 131 – le miroir est limpide

Vous êtes présent et le fait d’en être témoin surgit en vous. Les cinq éléments sont contenus dans la Conscience. Ne vous êtes-vous pas pris pour quelque chose ou quelqu’un ? Qu’est-ce que vous avez à vous prendre exclusivement pour votre corps ? La joie et le tourment, Brahman et Maya ne sont rien d’autre que votre Conscience. Vos problèmes prendront fin quand la conscience identifiée au corps ne sera plus là. Au final, rien ne persistera, y compris le « Je ». Quand vous comprendrez ceci, je m’inclinerai devant vous. Mais cette compréhension se doit d’être inébranlable. Vos interactions quotidiennes reposent sur les mots. Là où le mot n’apporte plus de sens, qu’est-ce que vous allez comprendre ? Quelle est alors votre identité ? Vous vous croyez très instruit par les connaissances verbales, c’est pourquoi vous utilisez les mots. Quand vous ne possédez pas de représentation verbale de votre propre image, vous devenez identique à Dieu.

Antérieurement à chaque problème, une réponse est déjà présente. S’il n’y a pas de réponse, le problème n’apparaîtra pas. Il n’y a pas d’attention portée au véritable état. Êtes-vous venu au monde en connaissance de cause ? Alors comment allez-vous assister à votre départ ? C’est une illusion. Il n’y a eu aucune mesure de prise pour venir. Alors quelles mesures seraient les vôtres au moment de partir ? (La conscience est survenue spontanément, et s’en ira de la même manière). Par la suite, cela deviendra clair pour vous que ce que vous écoutez aujourd’hui ne vous sera d’aucune utilité. Est-ce que la conscience que vous expérimentez est véritablement fiable ? Comme un bâton est une aide pour un aveugle, Dieu sous ses multiples noms a été donné comme une aide. Si vous avez réalisé le Soi, tous les noms sont ceux de votre Soi.

Aussi longtemps que vous pensez que vous allez mourir et que vous croyez que vous subirez des tourments après la mort, on parlera de moralité. Est-ce que le soleil voit l’obscurité ? Un jnani ne voit aucune différence entre un chercheur et un pécheur. Les religions du monde sont les jeux des ignorants. Vous avez une perception de votre propre identité qui vous rend anxieux. Vous créez de la souffrance en cherchant le plaisir. Ne rajoutez aucun sens.

Vous devez réaliser que votre présence et le monde sont une seule et même « chose ». Alors vous comprendrez que le monde ne vous est d’aucune utilité, tout comme vous n’êtes d’aucune utilité pour le monde.

De quel ordre est la dualité entre celui qui a connaissance et la connaissance ? C’est du même ordre que la dualité qu’il peut y avoir entre le soleil et ses rayons. La manifestation de la conscience est dualité. S’il n’y a pas de connaissance, il n’y a pas de dualité. L’état de conscience est la dualité et inversement. Si le soleil se mettait à explorer sa propre lumière, en verrait-il la fin un jour ? De la même manière, si vous voulez cerner le monde avec votre propre conscience, le pourrez- vous ? Votre connaissance n’est pas quelque chose d’insignifiant. C’est l’univers dans son entier. Mais vous n’êtes pas cela. Vous êtes Ce qui a connaissance de cela.

La dévotion, la conscience, Brahman sont un et unique. Certains pratiquent une dévotion directe, d’autres, indirecte. Krishna dit : « Je vois ma propre forme, cette forme est le monde. Ainsi, tout ce qui constitue le monde est mon propre Soi. Celui qui voit et ressent n’est pas séparé de ce qui est vu et ressenti. Les véritables chercheurs sont ceux qui ont connaissance de ceci et qui me vénèrent. »

Vous en avez suffisamment entendu, mais qu’allez-vous emporter avec vous (au moment de la mort) ? Le corps vous a recouvert, mais ce que vous êtes est la conscience. Cette connaissance est infinie. Ceci veut dire que l’on ne peut pas la définir.

Qui a la compréhension que le corps est féminin ou masculin ? C’est la Conscience. De grands aspirants tels que Krishna, Rama, etc., vénéraient la Conscience en la considérant pour « Je suis Cela ». Les autres, utilisant la même connaissance, fabriquent leurs dieux, les vénèrent et s’abandonnent à eux en méditant. Vous pouvez poursuivre vos activités mondaines, mais soyez fidèle à la parole de votre Guru, comme à un vœu. C’est la même chose que de dire : « Je suis Brahman. »

La Conscience est le divertissement. Elle n’a pas besoin d’autre utilité que de se divertir elle-même. Avant de mourir, chacun devrait réaliser qu’il n’y a aucun allée et venue. Si le miroir est limpide, il reflète toutes choses. De la même manière, quand la Conscience se purifie, il est clairement vu que le monde se joue en elle. Celui qui pratique la dévotion ne risque jamais de s’écarter de cette pure vision.

Nisargadatta Maharaj

jeudi 20 septembre 1979

Extrait de “Méditations avec Sri Nisargadatta Maharaj” éd. des deux océans

Nirupana 130 – Apprenez à pardonner et à oublier

pardonner et oublier

Apprenez à pardonner et à oublier. Ceci n’est pas possible sans dévotion pour le Guru (une dévotion non duelle). La conscience est amour ; l’expérience d’être est la même que l’amour pour notre existence. Ce n’est pas séparé. Le son primordial « Om » est l’expression continue de cette romance. Ce n’est rien d’autre que l’amour. Ne mélangez pas attachement et amour.

Le fait que vous ayez connaissance d’être est l’évidence de Brahman. Paramatman est à la racine de votre conscience. Vous devez vous rappeler ceci jusqu’à ce que vous mouriez. Vous n’êtes pas le corps. Vous êtes ce qui est dans le corps. Vous vous rabaissez parce que vous vous prenez pour le corps. En réalité, vous êtes d’une condition bien plus élevée. La Conscience est l’indication de la présence de Brahman. Cependant, en la prenant pour le corps, les comportements maladifs vont croissant. Les désirs pour les plaisirs objectifs grandissent. Vous ne bénéficierez pas de la félicité du Soi, si vous êtes occupé pleinement à satisfaire vos désirs et vos passions. Plus vous serez tolérant vis-à-vis d’eux, plus vous alimenterez leur feu. Quand le mental et l’intellect seront dissous dans la conscience, tous les désirs seront assouvis. Votre conscience est devenue affamée de plaisirs liés aux cinq éléments. Elle s’est dévalorisée. Quand votre mental se pose tranquillement dans la connaissance de votre existence, tous les désirs sont satisfaits. Vous pouvez méditer sur la conscience uniquement par la grâce du Guru.

La connaissance n’a aucune forme. Les bonnes et mauvaises expériences qui accompagnent la forme cesseront, quand vous réaliserez que vous êtes sans forme. Tant que vous entretenez des projets et des rêves, vous ne disposez pas de temps pour méditer sur votre vraie nature. La dualité se poursuit. Chacun doit endurer ce qui émerge de tels plans. Aussi, ne faites pas de projections. Vous bataillez dur avec l’aide de toute votre intelligence, et cela n’empêche pas vos besoins d’être insatisfaits. Ils seront pris en compte lorsque vous réaliserez le Soi. Vous viendrez à être convaincu que votre corps n’est pas votre vraie nature. Vous viendrez à connaître comment les cinq éléments furent créés et comment le corps fut formé. Les choses arrivent d’elles-mêmes, mais elles sont acceptées par l’intellect. Tandis que vous êtes en train d’écouter ceci, soyez attentif à Cela qui écoute. De cette façon, tous vos désirs seront comblés. La peur vient de l’intérieur, mais se manifeste à l’extérieur. Rare est celui qui vit avec la conviction qu’il est Paramatman. Tous les autres s’identifient au corps.

Quand le visible devient invisible, cela ne veut pas dire qu’il meurt. Quand il devient visible à nouveau, ils appellent cela une renaissance. C’est la nature de la Conscience. La renaissance n’est pas le résultat d’un effort personnel. Ce lever et ce coucher du visible n’affectent pas la Conscience. Installez en vous cette foi simple : « Je suis immortel, indestructible, je ne suis ni visible, ni invisible. C’est par moi que ce phénomène est rendu visible. » Offrez cette compréhension à votre Conscience, au moyen de la Conscience. Ne vous aventurez pas dans les rituels. Nous faisons des plans en vue d’acquérir le bonheur. Ce qui paraîtra plaisant finira pas être source de souffrance.

La vraie joie est la félicité spontanée. C’est différent du plaisir. L’enfance et la jeunesse ne viennent pas de l’extérieur. Elles arrivent avec le corps. De la même manière la joie de la Conscience émerge de celle-ci. Notre Conscience est la joie de notre existence. Le détachement implique de ne pas avoir d’attentes. Cela ne veut pas dire de rester assis avec une triste mine.

Nisargadatta Maharaj

jeudi 13 septembre 1979

Extrait de “Méditations avec Sri Nisargadatta Maharaj” éd. Aluna

Nirupana 129 – vous êtes antérieur à l’espace

Shiva est la conscience

L’expérience du monde est venue à vous sans être invitée. Nos échanges apparaissent dans la conscience. Celui qui en a connaissance est au-delà de ce phénomène. Il est au-delà de la conscience individuelle. Le monde prend place dans l’espace, mais vous êtes antérieur à l’espace. Sans que vous le sachiez, la source de votre existence est l’essence de nourriture (en tant que pure conscience, vous êtes l’expression de l’énergie vitale du corps, qui est entretenue par la nourriture). Vous apprécierez d’entendre ce genre de propos, seulement si vous avez développé les qualités requises pour cela antérieurement. Autrement, cela vous rendra fou. Cela peut procurer une grande peur parce que cela tuera votre individualité. C’est un signe de grande fortune d’apprécier l’écoute de telles paroles.

Un arbre est aussi Brahman. Il ne parle pas. Il est conscient mais ne possède pas de sens d’individualité (la conscience identifiée au corps).

Brahman agit au travers des cinq éléments. Vous êtes conscient de cela par la sensation « Je suis ». Aussi, méditez uniquement sur votre Conscience. Elle est universelle. Qui en est le témoin ? Conscience signifie amour. L’amour signifie attente. Celui qui a connaissance observe au moyen de la conscience. Le fait d’être témoin par la conscience génère l’attente. C’est la nature intime de la Conscience. (Sans la Conscience, celui qui a connaissance ne peut être mentionné. Une fois que la Conscience apparaît, elle veut perdurer. C’est dans sa nature).

Je ne serai jamais fâché de ce que vous me dites, parce que j’ai connaissance (et vous pas) qu’il s’agit d’une cassette enregistrée qui se déroule. Est-ce que cela possède une intelligence ? Cette cassette est la maya- racine. Je ne prends pas part à son fonctionnement. Il y a un sens d’individualité dans votre conscience. Ma Conscience imprègne tout. Les trois mondes sont contenus en elle.

La Conscience est l’essence des cinq éléments. En premier la nourriture est absorbée, ensuite la Conscience apparaît. C’est de l’ordre de l’amour. C’est à la fois le besoin d’être et tout ce qui est nécessaire pour satisfaire ce besoin d’être. C’est comme le goût du sucré. Qu’arrive-t-il à la Conscience au final ? Ira-t-elle au paradis ou quelque chose du même genre ? Les ignorants renaissent conformément à leurs concepts. Le jnani a connaissance que lorsque le prana quitte le corps, la Conscience disparaît. Personne n’est venu, personne n’est parti. Il a connaissance de cela. Celui qui est fondamentalement non connu retourne au non connu.

Celui qui a connaissance qu’il est n’a ni nom ni forme. La Conscience et la sensation « Je suis » ne sont pas différentes. Pour quoi vous prenez-vous ? Vous êtes la conscience, uniquement. Parce qu’elle est dans le corps, vous vous prenez pour celui-ci. Autrement elle est universelle. Vous remplissez un récipient avec de l’eau de l’océan et dites que c’est la vôtre !

Ce qui est connu n’est pas vrai, et ce qui n’est pas connu est la Vérité. De quelle sorte d’explication avez-vous besoin ? C’est uniquement quand vous avez connaissance de ce que vous êtes que le travail est accompli. Un pauvre serviteur trouve la mallette d’un homme riche. Cela représente pour lui une grande chance ; il en aura assez pour toute sa vie. Pour l’homme riche, il s’agit juste de l’argent qu’il dépense sur la semaine. De la même manière, un simple instant de la maya-racine correspond à des cycles infinis de manifestations cosmiques. Une fois que la maya est réalisée, allez-vous rester accroché à elle ? Ne faites rien. Ayez-en juste la compréhension. Maya est le nom que vous avez donné à la manifestation. Quand un enfant naît, vous pouvez lui donner le nom que vous aimez. En réalité, il n’a pas de nom. Toutes les expériences sont passagères. Personne ne peut expérimenter la Vérité. Pouvez- vous devenir la Vérité ? Quelqu’un peut-il poser un acte de Vérité ?

Nous n’avions pas conscience auparavant. Elle s’est éclairée en nous. Tout comme pour Sri Krishna. Il nous dit comment et pourquoi nous faisons l’expérience de nous-mêmes. Écoutez seulement. N’interférez pas mentalement. Ne faites rien d’autre. Ne perdez pas de vue les pieds du Guru (« Les pieds du Guru » signifie votre Conscience.). Ce sont des pieds sans forme. C’est la conscience manifestée, qui est mouvement en elle-même. Quand vous êtes arrivé à l’état de conscience identifiée au corps, y êtes-vous parvenu en marchant ? Quand il n’y a pas de déplacement, comment indiquer un chemin ? Pour cela, il n’y aucune voie que je puisse vous indiquer.

Maya signifie un flot d’expériences dans un état d’expérimentation. Celui qui a connaissance est l’Absolu. Ce n’est pas un individu. Maya est la Conscience, le fait de se connaître. Elle est présente en chaque être. Votre véritable nature et votre conscience ne sont pas pareilles. Vous agissez pendant l’état de veille, comme vous agissez dans l’état de rêve. Cette expérience est appelée maya. Maya traite l’ignorant jiva comme un esclave. La Conscience n’est jamais au repos. Elle est paisible uniquement quand elle s’oublie. Malgré leur apparence grossière, les expériences du monde sont subtiles. Le mental peut paraître subtil, mais en fait il est grossier. Quelqu’un peut comprendre qu’il a connaissance. Mais peut-il démontrer cette connaissance ? C’est très subtil. Chaque être goûte au comportement des cinq éléments. Le plus grand des cou- rages est d’admettre que vous n’êtes pas le corps. Saisissez les pieds de votre conscience, et ensuite agissez.

Nisargadatta Maharaj

dimanche 9 septembre 1979

Extrait de “Méditations avec sri Nisargadatta Maharaj” éd. Aluna

Nirupana 128 – le Jnani

Eric Baret Nisargadatta Maharaj

Le jnani fonctionne avec la Conscience. Celle-ci n’est pas individuelle, elle est universelle. Vous pouvez donner un nom a Cela qui imprègne tout, mais en réalité, c’est sans nom. Le principe non manifesté devient manifesté en tant que votre Conscience. Que vous ayez une pratique spirituelle ou non, cela ne fait pas de différence au niveau de l’Absolu. Vous avez créé un sens de la dualité en vous séparant de la totalité.

Ce qui est vu, senti ou connu a été créé à travers la Conscience. Cela a été créé à partir de celui qui connaît. Une fois que la Conscience universelle a été réalisée, il n’y a pas besoin de libération. Du point de vue d’un jnani, personne n’est ignorant. Il n’est pas séparé de la totalité. Quel que soit le nom que vous prendrez, vous serez cela. La Conscience universelle ne peut être attrapée. Les noms de toutes les déités sont les noms du Tout manifesté – la Conscience universelle. Qu’est-ce qui montre que quelqu’un est devenu un jnani ? Chacun reconnaît le jnani à la qualité de son mental, de son intellect et de ce qu’il perçoit. Les scientifiques découvrent ce qui est créé à partir de ce qui existe déjà, mais ils sont incapables d’inventer Cela qui existe déjà sans avoir été créé. S’ils réalisent la conscience, à ce moment précis, ils perdront leurs espoirs, leur désirs et passions, et ne feront plus rien. Ils n’auront plus d’attentes pour eux-mêmes. Toute cette connaissance est très ancienne. Vous la découvrez seulement maintenant, et vous avez l’impression qu’elle est nouvelle.

Un jour vous allez mourir, n’est-ce pas ? Alors pourquoi ne pas le faire immédiatement ? C’est alors, seulement, que vous connaîtrez la Vérité (ici, Maharaj ne nous demande pas de mourir physiquement. Il nous demande de nous débarrasser de l’attachement au monde et de nous établir dans un état libre de la pensée).

On comprend l’amour et la bienveillance plus particulièrement quand on a des enfants. Alors de telles sensations arrivent spontané- ment. C’est la même chose pour ce qui est de la réalisation du Soi. Elle vous rendra libre quand vous réaliserez que vous ne comprenez rien. Par contre, si vous avez l’impression d’avoir compris, il s’agit d’une simple démangeaison du cerveau !

Celui qui a réalisé le Soi n’a plus d’utilité de lui-même. Les mots ne peuvent décrire l’état non manifesté. Les scientifiques peuvent créer des êtres, mais ils ne peuvent conceptualiser l’Atman.

Quand le concept « Je suis le corps» s’en va, l’ego aussi s’en va. Alors ce qui reste est la conscience pure. Votre connaissance vous ac- compagne ; vous ne pouvez pas l’arrêter ou vous en débarrasser. Celui qui est empreint de dévotion pour le Guru obtiendra une libération rapi- dement. Chacun a un fort désir de vivre. Quand on découvre sa vraie nature, le désir s’en va. Vous ne pouvez pas passer un seul moment sans penser. C’est la nature du mental. Alors, pensez à votre existence sans le corps. Aussi longtemps que la forme est là, l’ego est là.

Continuez les chants quotidiens de bhajan, leur signification se manifestera en vous. Les bhajan dissolvent les impuretés, transformant l’impureté en Brahman. Ceux qui sont réalisés s’installent dans cette qualité d’être, la dévotion qui s’ensuit stimule les êtres. Quand vous chantez les bhajan, prononcez chaque mot. Chaque mot a son importance. C’est la signification du bhajan dans sa totalité qui se manifeste dans votre vraie nature.

Chaque être vivant à une destinée. D’où vient-elle ? À partir de là, vous vous êtes enlisé dans des relations aves les autres. Ceci repose sur le prana. Voyez comment ce prana est fiable. Sans vous appuyer sur quoi que ce soit, approfondissez votre détermination à réaliser le Soi.

Nisargadatta Maharaj

jeudi 30 août 1979

Extrait de “Méditations avec Sri Nisargadatta Maharaj” éd. Aluna

 

 

Nirupana 127 – L’univers entier est Dieu

univers dieu Nisargadatta

La naissance implique les états de veille et de sommeil. Ils sont des états d’être ; suis-je ces états ? L’Atman est-Il né ? Celui qui saisit cela est sans naissance. L’univers dans son ensemble est plein de vie, mais rien ne dure. Quand quelqu’un décède, le corps se décompose en de plus petits organismes. Combien de vies sont formées à partir d’une vie ? Cela montre la continuité de la vie. Depuis combien de temps l’Atman (en tant que Conscience) est-Il présent ? Aussi longtemps que la force vitale est présente, l’Atman est présent. Le nom donné par le verbe au verbe, se dissout avec le verbe. Vous vous attardez sur ce que les autres disent. Pensez-vous au Soi ? Vous ne pouvez pas penser à votre véritable nature. Comment se mettre en quête de la conscience ? N’est-elle pas le support sur lequel la recherche est menée ? La conscience ne peut pas se rechercher parce qu’elle est toujours présente.

Les poètes et les écrivains écrivent de manière intellectuelle sur la joie de la Conscience. La Conscience universelle germe dans votre Cœur. Celui qui a connaissance de Cela est Parabrahman, mais Il n’a aucune connaissance. Tout ceci est le jeu de la Conscience qui s’éclaire de sa propre lumière. C’est arrivé sans être demandé. Ce n’est ni masculin, ni féminin. Ce sont des concepts. Le monde vit dans un nid de mots. N’y a-t-il pas d’attachement, d’avidité, d’amour ? Oui, il y en a, mais tous sont faux – juste une apparence. Ils sont vrais juste sur le moment. Ce sont des pensées suspendues dans le ciel. Elles agissent à travers l’énergie vitale des êtres, eux-mêmes créés de la terre. Ce ne sont pas vos pensées. Où la science prend fin, la signification la plus profonde de Ce qui EST commence. Les mots qui émanent de la Conscience semblent se contre- dire les uns les autres. Cependant, sentez-vous libre de poser encore des questions, sinon il n’y a plus de dialogue. Comment reconnaîtrez-vous une personne illuminée ? Elle n’a pas de forme. Même la parole d’un bébé dans le berceau atteint son but, alors pourquoi pas celle d’un sage ? Mais qu’est-ce qui est présent ultimement ? Le vide ? Même pas cela.

Où il n’y a ni illusion d’être ou de ne pas être, se trouve Parabrahman – l’Absolu. Ce n’est pas un vide. C’est au-delà de toute qualité. Brahmananda – la félicité de la manifestation de Brahman – est aussi temporaire. Nous donnons tant d’importance au monde ! C’est pour notre propre existence. Des choses que vous appréciez dans l’état d’ignorance, ne le seront plus après la réalisation du Soi.

La Vérité doit être clairement saisie. Quoi que ce soit qui est accompli par le mental n’est pas vrai. Celui qui a connaissance du mental est appelé ici discrimination. Le concept que le mental prend soin de nos affaires est faux. L’existence est antérieure au mental. Le mental s’est séparé de sa vraie nature. La souffrance est-elle connue au moyen du mental, ou est-ce le mental lui-même qui est la souffrance ? Il n’y a pas de souffrance quand le mental est dissous. Tant que vous associez le mental à la forme du corps, c’est la misère.
Vous vous inquiétez, alors que vous pouvez fonctionner sans le mental. Jusqu’à ce que vous ayez l’âge de trois ans, est-ce que le mental vous avait donné le sentiment d’avoir un corps ? Aviez-vous une expérience du mental pendant les neuf mois de vie utérine ? Qui prenait soin de vous alors ? Celui qui a reconnu le mental n’est plus concerné par la façon d’interagir avec le monde sans le mental. Le mental a une grande importance parce que vous n’avez pas été plus loin que lui. Quand vous deviendrez celui qui connaît le mental par la discrimination, vous comprendrez cela. Quand le mental est présent, il y a beaucoup de tourments et occasionnellement un peu de plaisir. La souffrance ne demande pas une grande occasion. Une petite souffrance peut accompagner toute une vie ! Le mental doit être gardé sous contrôle par une juste discrimination. Quand vous reconnaîtrez que vous n’êtes même pas l’énergie vitale présente dans le corps, vous serez immortel. C’est possible seulement par la rencontre du Sadguru et en se tenant à Ses mots. Les noms de Brahman sont innombrables. Vous êtes Brahman ! Prenez simplement la parole du Guru. Où vous vous trouvez, Dieu Est. L’univers est sa forme visible. Où se trouve Dieu, le soi EST.

Où il n’y a pas Atman, il n’y a pas Brahman, maya, jiva, ou Dieu. Il n’y a rien. Votre « existence » est sans nom et sans forme. Mais les impressions collectées par le mental la font prendre pour le corps.

Votre Conscience est l’expérience de l’existence de Dieu. En premier vous êtes, ensuite vient Dieu. Le mot Dieu n’a pas de forme individuelle. L’univers entier est Dieu. Vous pourriez vivre longtemps, mais à la fin de ce bail, rien ne subsistera. Si vous vivez jusqu’à cent vingt-cinq ans, vous subirez les mêmes tourments qu’un enfant d’un an. Sans le savoir, vous mouillerez et salirez le lit. Est-ce que vous ne deviendrez pas ridicule ? Le monde entier vous saluait, et maintenant ô combien terrible est votre état usagé ! Tous vous tiendront en haute estime, mais uniquement si votre durée de vie est limitée. Si c’est le cas, quand devrions-nous mourir ?

Maya signifie quelque chose qui n’est jamais vraiment arrivé. C’est l’illusion de l‘existence, mais pas une véritable existence. C’est l’histoire du mental. Où il n’y a pas de mental, il n’y a pas de besoin. Tant que vous vous prendrez pour celui qui fait, le mental ne vous épargnera pas.

La conscience n’est pas limitée à un individu. C’est la connaissance qui est la totalité de la manifestation. Est-ce que le « Je » dans le corps à une taille ? Quand avez-vous ressenti pour la première fois que « vous étiez » ? Allez-vous l’apprendre en lisant des livres ? Quelle est votre véritable nature ? Est-ce la sensation « Je suis » ou est-elle antérieure à « Je suis » ? Celui qui connaît est au-delà de la connaissance. Si vous écoutez ceci et vous en imprégnez, vous obtiendrez la perfection qui est déjà là.

Nisargadatta Maharaj

Extrait de “méditations avec Sri Nisargadatta Maharaj” éd. Aluna

Nirupana 126 – devenez un avec votre conscience.

Nisargadatta Maharaj

Par la contemplation de Parabrahman se fait l’immersion dans notre véritable nature emplie de félicité. Avant d’atteindre l’Absolu, il y a félicité. Quand ce point est atteint, tout ressenti est dissous. La réalisation de l’absolu est parfaite félicité. Elle ne peut même pas être décrite comme un état de félicité.

Q : « Maharaj, existe-t-il une voie pour atteindre Parabrahman ? »

R : « Oui. Dans un amour total, devenez un avec votre conscience. » Je ne m’exprime pas dans un langage traditionnel. Je vous demande simplement de vous observer. Être humain indique qu’il y a un corps. Il ne s’agit pas de la forme du Soi. Quand vous vous asseyez et obser- vez votre conscience, vous viendrez à connaître que cette conscience est le monde. C’est la sensation « Je suis ». Pour celui qui a connais- sance de cela, sa forme est l’univers. Cependant, vous vous identifiez uniquement à un être limité à son corps. L’univers a fleuri dans votre conscience. Vous avez connaissance de votre conscience, mais vous l’avez prise pour quelque chose de différent de vous. C’est pourquoi vous n‘avez pas réalisé le Soi.

Vous devez voir quelle est la relation entre vous et le monde. Tant que vous tiendrez le concept que vous êtes un individu, vous ne serez pas dans un état de parfaite félicité. Vous n’êtes créé par personne. Vous n’avez pas de parents. Vous êtes une lumière qui s’éclaire elle-même.

Le panorama dans son entier qu’est le cosmos, est votre propre apparence visible. Des concepts tels que « Je vais mourir », « Je pratique la dévotion », « Je vais aller au paradis », etc., sont tous de faux concepts. Comment celui dont la forme consiste en l’univers peut-il avoir des parents ?

Le véritable vivant en vous tient le cosmos en vie. Vous n’avez aucune responsabilité, ni en tant qu’individu, ni en tant que totalité. Vous méprenez votre ego pour le Soi. C’est la raison de l’arrogance. Vous créez une responsabilité avec votre propre concept. En réalité, vous n’avez aucune responsabilité. Votre conscience identifiée au corps crée le sens de la responsabilité. Celui qui s’est réalisé n’a pas besoin de venir ici. Les gens viendront à lui!

Un concept est comme un bijou. Celui qui porte le bijou, n’est pas le bijou. La sensation « Je suis » est la racine de la dualité. L’état correct est antérieur à cela. La conscience est une qualité. Est-ce que Celui qui a connaissance de la conscience possède une qualité ? Vous prononcez des mots comme Brahman, Dieu, etc. ; mais quelle signification leur donnez-vous ? Vos mots pourraient vous perdre. Une simple compréhension intellectuelle n’est pas suffisante.

Écoutez seulement. Si vous vous prenez pour un jnani ( un sage, un éveillé), assurément vous souffrirez. Ne vous appropriez aucune position.

Nisargadatta Maharaj

samedi 18 août 1979

Extrait de “Méditations avec Sri Nisargadatta Maharaj” éd. Aluna