Nirupana 120 – Dualité

dualité Nisargadatta Maharaj

Notre comportement au travers de la conscience identifiée au corps est comme celui d’un patient à l’hôpital. Pendant la maladie, chacun ressent le besoin qu’il a de lui-même. Tant que la maladie est là, chacun prend soin de lui avec beaucoup d’attention (la maladie est ici comparée à notre existence). Vous pourriez ne pas saisir tout ceci, mais c’est important de comprendre cet attachement.

L’identification au corps est comme une maladie. Aussi faut-il s’en préoccuper tout au long de la journée. Pourquoi ? Parce que nous ne voulons pas nous perdre. La conscience met en place tout ceci pour se préserver. Même comme cela, l’éventualité du départ se présentera. Vous prenez soin de vous de telle manière que la maladie ne cessera pas. L’expérience elle-même est la maladie, elle viendra à sa fin. L’Absolu est le véritable état et il ne peut être connu. Le connu ne peut affecter le non connu.

Pourquoi pratiquons-nous la méditation et les japas ? N’est-ce pas pour préserver la conscience ? Quoi qu’il en soit, il s’agit d’une qualité d’origine physique (elle est créée à partir de l’essence de nourriture, de l’essence du corps). En raison de la conscience identifiée au corps, il y a des attentes, des désirs et des passions.

Les parents sont morts. De quelle utilité sont-ils maintenant ? Qu’en est-il même du fait de savoir qu’ils sont partis ? De la même manière, le jnani ne tire aucun profit de sa réalisation du Soi.

Par une telle discrimination, il est possible d’aller au-delà de la conscience. Chaque être tente de protéger ce qui ne peut être protégé en dépit de tous les efforts. Tout ce que l’on souhaite protéger ne durera pas. Quel est Celui en compagnie de qui rien ne perdure ? Il ne peut être décrit d’aucune manière. Combien de pains de connaissance spirituelle peut-on cuire ? Le Soi peut-il être identifié par des caractéristiques ? Vous aspirez à un bien-être physique, spirituel, au moyen de la conscience identifiée au corps. Mais le corps n’est pas votre vraie nature. Celui qui anime le corps n’a jamais été vu en train de mourir, par qui que ce soit. La conscience identifiée s’accapare toute la responsabilité et l’honneur.

La conséquence en est que cela devient une source de misère.
Celui qui est pour toujours éveillé est le Sadguru. Il vous donne la pleine conscience. Prenez cette pleine conscience et éveillez-vous. Alors vous atteindrez la nature véritable du Sadguru. Celui qui suit la parole du Guru n’a plus à faire d’efforts. Atman signifie « Je suis – J’existe ». Quand le prana quitte le corps, l’Atman disparaît. Quand il y a conscience, il y a aussi temps.
Il n’y a pas d’autre. Quoi que ce soit, c’est Vous uniquement. Cependant vous créez une dualité et espérez un bien-être qui reposerait sur cette dualité.

Nisargadatta Maharaj

jeudi 19 juillet 1979

Extrait de “Méditations avec Sri Nisargadatta Maharaj” éd. Aluna

Nirupana 119 – Jaï Guru

Jaï Guru

Vous pouvez facilement vous empêtrer dans des rituels. C’est un enfermement. Quel est votre principal intérêt ? N’est-ce pas votre corps ? Tant que vous ferez des efforts spirituels à partir de la conscience identifiée au corps, vous ne serez pas en paix. Vous ne pouvez rien faire pour la Vérité.

Il n’y a pas d’autre Dieu que Cela par quoi vous avez connaissance d’être. Mais même ça ne vous donnera pas une paix éternelle. Quand vous contacterez sa Source, vous deviendrez un océan de paix. Vous n’avez ni taille, ni forme. Quand vous êtes pleinement convaincu de ceci, vous devenez sans forme. Quand les pensées disparaissent, reste la pure conscience.

Une pensée juste s’élève dans la pure conscience. Au travers d’une discrimination correcte, les concepts sont détruits. Méditez sur la conscience sans faire subir de pénitence au corps ou au mental. Par la méditation, des pensées discriminantes surgissent.

Il ne s’y trouve pas de pensée dépourvue d’ego. En laissant venir une pensée qui permet de comprendre une autre pensée, vous purifiez votre intellect egocentré. Où il y a ego, il y a emprisonnement. La conscience est pur amour. Continuez de réciter : « Jaï Guru, Jaï Guru, Jaï Guru », même si cela se fait silencieusement. En faisant cela, nous nous éveillons. Guru signifie conscience. Se remémorer le Guru est un signe de grande fortune. Votre conscience est le Guru qui imprègne tout.

Guna (la conscience) fait tant de choses, mais après la réalisation du Soi, il perd toute qualité. La conscience devient pure et sainte par la récitation de « Jaï Guru ». Alors elle devient sans qualité.

Krishna fit énormément d’actions dans le monde, mais jamais aucune qualité ne Le toucha. Alors qu’il négocie les affaires du monde, qui peut proclamer être sans qualité ? (Seul un jnani le peut). Tout le chaos est dû au concept « Je suis le corps ». Les affaires du monde sont menées par la force des concepts. Ne renoncez à rien. Vous avez juste à comprendre.

Rajo guna ne fonctionne pas sans l’attente de la récolte du fruit de l’action. Qu’est-ce qui fait souffrir ? N’est-ce pas votre désir de faire perdurer votre existence ? Rajo guna est impliqué dans l’identification aux mémoires.

La conscience, la connaissance « Je suis », est la vision de Narayana – Dieu. En Narayana se trouvent à la fois le principe masculin et le principe féminin. La conscience pure est appelée Narayana. Les êtres n’en ont pas connaissance, c’est pourquoi ils souffrent la misère. Ceux qui ont reconnu que la conscience est dépourvue de qualité se lassent d’être en ce monde. Ils vont en des lieux isolés comme les Himalaya. La conscience universelle est vaste, mais son essence est non manifestée.

Vous devez être si intime avec le Guru, que vous devez ressentir que votre conscience et la manifestation du Guru en tant que « Je suis » sont la même chose. Est-ce qu’une action est possible sans prana ? Est- ce que Celui qui connaît le prana est affecté par lui ? Rappelez-vous simplement que votre forme est comme l’espace.

Nisargadatta Maharaj

le jeudi 12 juillet 1979

Nirupana 118 – Guru Purnima

Guru Purnima

Guru Purnima est considéré être le jour où l’on atteint la perfection de notre propre nature. Après la réalisation du Soi, les pratiques dévotionnelles se poursuivent indirectement. Le Sadguru ne peut pas être connu au travers de la conscience. Le Sadguru ne peut être connu. Par une Foi sincère, la parole du Guru est suivie fidèlement et la conscience se libère. La conscience ne peut décrire le Sadguru. Le Sadguru est éternel, parfait et libre de tout désir. Chacun devrait Le tenir en contemplation. En quoi avez-vous foi quand vous interagissez dans le monde ? N’est- ce pas en votre conscience ? Cependant, ce n’est pas infini. Qu’est-ce que l’on sous-entend quand on dit que le mental n’est pas fiable ? Le Sadguru ne peut pas être appréhendé, cependant il vous gratifiera de sa véritable et éternelle nature, telle qu’elle est. Au-delà de toute description, de toutes qualités, se trouve le Sadguru. Le reste, qui n’est que parole, ne concerne pas le Sadguru. Reconnaissez ce qui n’est pas vrai. Dans ce qui n’est pas vrai, vous ne trouverez pas votre véritable nature. Poursuivez la méditation. Pour avoir connaissance de cette conscience qui médite, et de comment elle est devenue lumineuse, vous devez vous tenir à la parole du Guru. L’idée de la mort ne peut être détruite qu’au travers de Nirvikalpa samâdhi (état sans aucune construction mentale). Cela ne peut se faire au travers de concepts. Soyez loyal envers la foi en vous-même. Il ne doit rester aucune place pour de l’anxiété telle que « Qu’est-ce qui va m’arriver ? ». Le monde dans son entier est apparu spontanément. Allez à la Source d’où il est apparu. Pour comprendre cela, une dévotion non duelle envers le Guru est nécessaire.

 

Nisargadatta Maharaj

dimanche 9 juillet 1979

Extrait de “méditations avec Sri Nisargadatta Maharaj” éd. Aluna

Nirupana 117 – réalisation du Soi

réalisation du Soi

Vous voulez beaucoup de choses, mais quelle est l’identité que vous appelez « vous » ? Votre identité présente est de la nature de la nourriture. Le corps est nourriture pour votre conscience. C’est en raison de votre conscience que vous expérimentez le vaste monde. Combien de temps sera-t-elle présente ? Pourquoi vous est-elle présente maintenant, et pourquoi ne l’était-elle pas auparavant ? Vous réalisez beaucoup de choses avec le corps. Quoi qu’il en soit, le corps ne durera pas.

C’est un fait que vous allez mourir. Alors de quelle utilité vous est le monde, la vie mondaine passagère, Dieu et la religion ? Les gens font toutes sortes de choses pour rendre la conscience supportable. Quoi qu’il en soit, ce qui doit arriver, arrivera. Les gens ont l’impression que les difficultés pourront être évitées s’ils font pénitence et récitent le nom de Dieu. Le seul bénéfice est que la peur diminue. Pourquoi êtes-vous anxieux ? C’est le fait d’endurer la conscience. Si nous nous occupons, nous pouvons nous supporter. Quand nous sommes fatigués, nous nous endormons. Le fait d’avoir connaissance que vous êtes, est votre conscience. En raison d’elle, vous avez la capacité de connaître. Vous pourriez appeler la conscience Guru ou Dieu. Méditez sur elle et laissez le reste de côté. Ne mettez jamais sur le même plan la conscience et le corps.

Vous ne pouvez pas obtenir cette intimité parce que vous êtes occupé toute la journée. Mais qui dort la nuit ? N’est-ce pas votre conscience ? Alors, au moins à ce moment-là, méditez sur elle. Jusqu’au moment du coucher, vos pensées continuent d’être actives. C’est comme quand une graine est mise en terre, elle germe et devient un arbre. Rendez-vous à votre conscience. Entretenez le vœu de vous abandonner à la parole du Guru.

Sur ma voie spirituelle, l’effort n’est d’aucune utilité. La conscience est apparue spontanément. Elle s’éclaire elle-même. Si vous essayez d’in- tervenir, ça ne pourra qu’empirer. Quel que soit l’effort qui sera fait, il le sera au travers de votre identification au corps. Que faites-vous avec Cela qui connaît le corps ?

Est-ce que la Foi dans « Je suis » vient avant ou après que vous croyiez qu’il en est ainsi ? La conscience est antérieure à toute manifes- tation. Vénérez ce fait. Est-ce que la conscience a été exportée d’autre part ? Elle s’éclaire elle-même. Vous êtes dépendant de votre intellect. Ne vous laissez pas attraper dans la cage de votre intellect.

Le remède le plus simple est de répéter continuellement : « Jaï Guru, Jaï Guru, Jaï Guru », (Gloire au Guru), sans prononcer de mot jusqu’à ce que vous vous endormiez. De cette manière cela se poursuivra dans le sommeil. Si vous devenez un véritable dévot, vous passerez de l’état de dévot à Dieu. Saint Tukaram dit : « Je ne désire pas l’Atman. Il est préférable que je sois le dévot et que vous soyez Dieu. » Il disait cela après la réalisation du Soi.

Rare est celui qui se considère en tant que conscience. La plupart la vénèrent en tant que Dieu ou Brahman. Tant que les mémoires font des ravages, comment peut-on parler de réalisation du Soi ? Un jour, vous réalisez votre Soi. Alors vous saisissez que le monde est un jeu de la conscience. Le Soi est votre véritable nature, sans forme et emplie de félicité. Elle n’est ni masculine, ni féminine. La conscience identifiée au corps est un déni du Soi. La conscience n’est-elle pas antérieure aux mots ?

Oubliez le mental, restez fixé sur le Soi. Quand il y a une signification donnée à la parole, le mental est présent. Mais si la parole n’a plus de signification, où est le mental ?

Si le mantra « Jaï Guru » est constamment présent, le dévot est plus heureux que quand il dort. Alors, la réussite se montrera en toute chose. Si quelqu’un atteint la réalisation du Soi, où qu’il se rende, l’endroit sera un lieu saint.

Même pour les dieux, un corps humain est rarement disponible. Qui a créé ce magnifique monde ? N’est-ce pas la conscience au travers du corps humain. Adonnez-vous à autant d’activités que vous aimez le faire, mais ne trahissez pas la foi dans votre Soi.

Après la réalisation du Soi, il devient évident qu’il n’y a pas de naissance. Les étoiles ont un effet sur le corps humain. Aussitôt que l’entité qui est née de parents se sépare, une carte instantanée du ciel est mémorisée dans cette entité. Celui qui a pris naissance n’a pas encore d’intellect, cependant un enregistrement des parents est déjà mémorisé. Tout ce qui est enregistré dans cette première image est la destinée. Après cela, ça pourra être un garçon ou une fille. Il y a tant de découvertes dans le monde, mais personne ne sait comment les images ont pris forme dans la conscience. Ainsi, le continuel enregistrement de la parole, du toucher, des formes, du goût et des odeurs se poursuit. Ce fait n’est pas aisément remarqué, mais ceux qui en connaissent le secret transcendent la naissance. Tout ceux qui sont vénérés en tant qu’incarnation de Dieu ont eu un Guru. Personne n’est devenu un sage sans un Guru. Il est convaincu d’être identique à ce qu’évoque la parole du Guru. Cela ne pourra se produire que si la conscience en a l’inspiration et le désir, n’est-ce pas ? C’est pourquoi je ne force rien chez personne. Quand, après l’avoir entendu, cela s’élève de l’intérieur, la qualité du Sans-naissance se révèle. Diriez-vous en toute confiance que vous n’êtes jamais né ? La vue de celui qui voit n’est pas une vision physique. La création entière est contenue dans sa vision, mais il est au-delà de la création. Par l’illusion, il croit qu’il est dans le monde. Le rêve prend naissance en vous, cependant vous rapportez ce que vous faites dans le rêve. L’influence de maya est telle, qu’un être souhaite atteindre un parfait bien-être, tout en croyant qu’il est né.
La conscience est créée à partir de Sattva et est de la nature de Sattva (dans son aspect de force vitale). Mais le jnani réalise qu’il n’est pas Sattva. Sur des millions d’êtres, rare est celui qui n’est pas affecté par tout ce qui se produit dans le monde. S’il vous plaît, ayez du respect pour ces mots que vous entendez. C’est une grande chance pour vous. Alors votre présent sera bienheureux. Il vous servira et vous conduira jusqu’au Suprême.

Nisargadatta Maharaj

jeudi 5 juillet 1979

Extrait de “Méditations avec Sri Nisargadatta Maharaj” éd. Aluna

Nirupana 116 – votre éternelle nature

réalisation du Soi

Pourquoi mentionne-t-on toujours l’Atman ? C’est le prana qui supporte toutes les actions. Même le samâdhi est de la nature du prana. Atman est simplement le témoin. Atman ou connaissance du Soi signifie la conscience. C’est sans limite. La seule limite est que notre mental nous identifie au corps. Quand le prana se sépare du corps, la conscience disparaît, mais elle ne meurt pas. Du point de vue de l’ignorant, il s’agit de la mort. Pour le jnani, ce n’est rien.

Le monde est dans notre mental. « Nous ne sommes pas le corps » signifie que nous ne sommes pas la nourriture ; la nourriture pour le prana. La conscience est générée par l’essence de la nourriture, et l’uni- vers est créé par la conscience. Ce phénomène suit son cours. Il est vu comme factice en tant que maya, il est vu comme véritable en tant que Brahman. Dans les deux cas, il s’agit d’une surimposition sur la conscience. Toutes nos actions sont menées par la force de la parole. Le premier mot fut appris par la mère. Toute expérience du monde est limitée dans le temps. Quand la vie prend fin, y a-t-il encore trace de la conscience ? Tenez-vous en silence sans prononcer un seul mot. Cela pourrait sembler impossible, mais rendez-le possible.

Bien qu’au commencement, un aspirant puisse avoir besoin de le faire, ne croyez en aucune déité ou dieu, excepté votre conscience. Le sens des mots est présent tant que les mots sont là. Une fois que les mots s’en vont, leur signification fait de même. Quand vous aurez réalisé le samâdhi, vous connaîtrez le secret de maya. La peur de la mort persiste parce que nous croyons être dans le monde. C’est le contraire : le monde est projeté à travers nous. La conscience d’un être est plus vaste que le monde. Maya est une tragédie comique. Tout ceci n’est qu’une somme de concepts au sein de la conscience. La connaissance « Je suis » est la preuve de l’Absolu. Celui qui le réalise se fait un avec le monde dans son entier. La parfaite perfection n’est pas possible au niveau de la conscience. Tout ceci est imparfait. Vous avez à connaître ce qui est imparfait pour bénéficier de la parfaite félicité. Il est impossible d’en témoigner. Quand viendra le temps de votre fin, n’oubliez pas d’observer comment maya prend fin. Alors, votre véritable et éternelle nature sera révélée.

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Nirupana 115 – le Guru intérieur

Guru intérieur Nisargadatta

C’est impossible de conserver votre identité en permanence. Quelle est votre véritable situation ? Avant que tout ceci ne devienne visible, vous existiez et il en sera toujours ainsi, même si cette identité que vous avez prise, « Je suis comme ceci, comme cela », finira par s’en aller. Tout ce qui vous tient compagnie ne restera pas. Vous n’aviez pas auparavant l’expérience des deux états de veille et de sommeil. Maintenant vous faites l’expérience de vous-même et du monde pendant ces états. Quand ces deux états n’étaient pas présents, les cinq éléments (l’univers perceptible) n’étaient pas là. Vous n’aviez pas connaissance de votre existence. Alors qu’y avait-il ? Il y avait la perfection sans aucun besoin de votre existence.

L’état de veille lui-même est l’univers. Le sommeil apporte le repos. Cela veut dire qu’il y a réconfort et repos pour l’être. N’importe quel état d’être est passager et, en cela, imparfait. L’expérience dans sa totalité est imparfaite. Cependant vous vous y collez. L’expérience du rêve y prend place. L’expérience d’être se fait uniquement dans ces états. Celui qui a connaissance que tout ceci n’est pas vrai est immortel. Quand vous étiez sans ces deux états de veille et de sommeil, ressentiez-vous le besoin de votre existence ?

Le monde phénoménal a germé de l’illusion primordiale, « mul- maya ». Personne ne l’a créé. Il n’a pas de créateur, ni de destructeur. L’état de veille vous a recouvert. Notre conscience prend spontanément la forme de l’univers. Où se trouve la graine de l’univers ? La sensation « Je suis conscient », accompagnée de l’espoir de perdurer, est la graine. Ceci, en soi, est le rêve. Chacun voit ce monde de rêve, mais combien reconnaissent celui qui voit ?

Vous êtes constamment avec des soucis ou des peurs. L’existence vous a recouvert sans que vous l’ayez demandé. Quand elle disparaît, où va le monde ? Pendant la veille, son expression est infinie ; pendant le sommeil elle se pose en celui qui perçoit. Elle ne va nulle part. Les deux états n’étaient pas là auparavant, comment peuvent-ils mourir ?

Avec une grande chance, il est donné de rencontrer un « être parfait » et il clarifie votre vision. Avec sa bénédiction, il est possible d’accéder à l’immortalité. Ceux qui développent une dévotion (une dévotion non duelle) pour le Guru, deviennent immortels. Présentement, votre être n’est pas en paix. Le sommeil profond est la seule expérience de paix. L’état de veille et l’état de sommeil sont un puzzle au travers duquel vous réalisez votre Soi. Mais vous n’avez aucun rapport avec ce puzzle. Vous allez avec un nom et une forme corporelle, et dites que vous êtes vivant. Vous gagnez et accumulez, uniquement pour mourir à la fin. Il y a l’illusion de la peine, de la misère et de la peur. Mais vous avez pris tout cela pour vrai ! Les écritures disent que vous avez une infinité de naissances et de morts. Ce ne sont que des concepts. Avez-vous l’expérience d’au moins une naissance ? Quand vous rendrez-vous compte de cette erreur ? Seulement quand vous vivrez dans la conviction « Je suis la conscience qui s’éclaire elle-même », comme l’est le Guru sans aucune équivoque.

Par la parole du Guru, vous verrez que vous êtes immortel. Alors vous accéderez à la compréhension que vous êtes l’observateur distant de la veille et du sommeil. Vous avez pris pour vrai la fausse apparence, ainsi vous devez naître et naître encore. Ceci est ce que disent les écritures. C’est la cause de la souffrance. Méditez sur le Guru intérieur. Alors, Il vous montrera ce qui mortel et ce qui est immortel. Quoi que ce soit qui apparaît et qui est perçu est irréel. On dit, juste pour parler, qu’untel est réalisé et que l’autre ne l’est pas. Il faut voir cela. Ne réduisez pas vos activités quotidiennes comme signe de détachement. S’il y a un Soi parfait dans ce monde, alors cherchez-le par vous-même et reconnaissez que c’est Vous – votre propre Soi.

 

Nisargadatta Maharaj

jeudi 28 juin 1979

Extrait de “méditations avec Sri Nisargadatta Maharaj” éd. Aluna

Nirupana 114 – Reconnaissez la Vérité

vérité Nisargadatta Maharaj

Il est rare que l’on se penche sur le fait que la conscience soit apparue en nous. Un être sur un million s’y consacre. La conscience signifie notre sens « Je suis ». Rare est celui qui s’en tient à la conscience comme enseigné par le Guru. Lors de la pratique de méditation, de nombreuses expériences surviennent. Les chercheurs restent prisonniers quand ils acquièrent des pouvoirs spirituels et que les gens les honorent. Seul celui qui est dans une constante discrimination est à même de progresser.

Comme une étincelle est émise par un court-circuit électrique, la conscience a aussi été émise par un court-circuit. Nous avons entendu des mots tels que jiva, Parabrahman, etc., mais qu’y avait-il avant que ces mots soient entendus ? Comment l’écoute est-elle apparue, et à partir de quoi ? Avons-nous une quelconque identité en dehors de la conscience ? La période pendant laquelle la conscience est présente est appelée la durée de vie. Celui qui devient un avec sa véritable nature est un jnani. Il observe comment la conscience a recouvert sa vraie nature. Il est Un sans second. Il n’est pas sa connaissance « Je suis ». Il est celui qui connaît la source de la conscience. Il pourra sembler que le jnani vaque à des occupations quotidiennes comme tout autre. Mais il en est totalement libre intérieurement. Il sait qu’aucune qualité des cinq éléments ne peut être utilisée pour décrire sa véritable nature.

Tout est créé à partir de rien. Il n’y a pas de créateur. Tout arrive spontanément. Il n’y a rien à quoi identifier un jnani. Au travers de la méditation, la conscience se fond dans la conscience. La parole du Guru est votre véritable identité. Vous êtes pure conscience. Chacun connaît cette vérité. Cependant, il s’identifie au corps. Quand l’essence de nourriture s’évapore, la conscience disparaît. Rendez-vous directement au subtil. À moins de réaliser le subtil, vous ne réaliserez pas le grossier.

Quand le prana quitte le corps, la conscience disparaît. Elle ne meurt pas. Quand la conscience (guna) s’oublie elle-même, on appelle cela nirguna. Ce que vous avez entendu, cru et pris pour la vérité, doit être enduré ou apprécié. Aussi, prenez toute chose pour fausse. Celui qui connaît, malgré le fait d’avoir une conscience, un corps et une vision du monde, est toujours nirguna – sans qualité. La raison en est qu’il est celui qui connaît tout ceci. Le monde dans son entier a été créé dans la vacuité de la conscience subtile. Alors, la sensation d’être dans le monde est apparue et la misère a commencé. Mais, quand ce sentiment d’être s’en va, nous sommes libres. Tout cela prend place dans l’espace cérébral. C’est dans cet espace que se fait la perception d’être conscient, et que le vaste monde est créé. Quand un changement survient dans cet espace, le monde change aussi. Pour cela, abandonnez la conscience indivi- duelle, votre ego. L’attachement au corps est l’empêchement.

La racine des cinq éléments est la conscience atomique. Le monde entier tient en elle. Comment le jnani pourrait-il prendre le monde pour vrai ? L’ignorant le prend pour vrai, ainsi il expérimente le tourment. Celui qui s’identifie au corps est celui qui souffre et apprécie, pas le jnani. Reconnaissez la Vérité. Laissez de côté tous les concepts. Reconnaissez la création de votre conscience. Celui qui la reconnaît se trouve derrière la naissance et la mort. Il ne va ni ne vient.

Cela prend du temps pour accomplir un bon travail. Le travail bâclé peut être accompli rapidement. Le bon travail apporte la satisfaction.

Nirupana 113 – Sat-chit-ananda

Sat-chit-ananda

Sat-chit-ananda est expérimenté quand la conscience est présente. La félicité est expérimentée par la conscience. Elle est qualitative,( pourvue de qualités) et en cela n’est pas la Vérité éternelle. On évoque Parabrahman, mais l’Absolu ne se connaît pas Lui-même. Pour Parabrahman, vous devez faire le sacrifice de Brahman, le manifesté. Est-ce que le temps est connu au travers de la conscience ou est-ce que la conscience est connue au travers du temps ? Tant que la conscience est présente, il y a le temps. Il n’y a rien en dehors du Brahma-randha au sommet de votre tête. Quoi que ce soit qui est vu et perçu, l’est dans cette ouverture. Par lui-même, le nom (le mantra) donné par le Guru est la preuve de la parole du Guru. Par lui-même, le nom donné par les parents est la preuve de la mort. Comment atteindre la réalisation du Soi ? Devons-nous faire un effort pour nous réveiller ? Celui qui suit la parole du Guru n’a pas à faire un effort spécial. Celui qui a accepté la parole du Guru n’est plus contrôlé par le temps. Jiva signifie la conscience. Tandis que l’Atman se manifeste dans la qualité sattvique, mais n’est pas affecté par elle. Par sattva, toutes les expériences nous arrivent. On dit que le prana quitte le corps, mais Atman ne va ni ne vient. Il n’est pas limité par le prana. La connaissance du Soi doit se faire par le Soi.

Il n’y a pas de plus grande dévotion que la dévotion pour le Guru (une dévotion non duelle). Elle transcende les vedas. La conviction que la parole du Guru est « Je » doit être présente. Quand vous allez en tant que corps, c’est comme agiter le reflet de quelqu’un à la surface de l’eau. Servez-vous du corps, mais ne permettez pas à la conscience identifiée au corps de s’accrocher à vous.

Nisargadatta Maharaj

 

jeudi 7 juin 1979

Extrait de “méditations avec Sri Nisargadatta Maharaj”  éd. Aluna

Nirupana 112 – Vous êtes la racine de tous

Nisargadatta méditations conscience

Des millions de dieux sont venus et partis. Vous êtes la racine de tous. Vous voulez aller au-delà, mais vous en êtes la racine. Soyez un avec. Vous connaissez la parole, mais pas les autres moyens. Pourquoi voulez-vous être libre de la parole ? (Vous êtes déjà au-delà des mots).

Quand la sensation « Je suis » n’est pas là, y a-t-il Dieu ? Il est la forme lumineuse de ma conscience. Vous ne vous comporterez qu’en fonction de vos attirances et vos rejets. Une fois que vous aurez quitté ce lieu, si vous passez un moment avec ce que vous avez entendu ici, vos attirances et vos rejets disparaîtront. Tant que je bois le jus du corps, la respiration se poursuit. Vous êtes préoccupé par vous-même, mais avant que vos parents ne vous voient, qui vous procurait air, eau et nourriture ? Qui fait croître le corps ? Le corps est nourriture pour la conscience. Les rituels spirituels sont donnés comme des punitions laborieuses. Il n’y a aucune intention dans le mental d’un jnani. Nous disons que vous devez atteindre la connaissance. Alors que vous arrivera-t-il ? Reconnaissez juste que les animaux, les oiseaux, les insectes, émanent tous de vous. Si vous saisissez ceci, y a-t-il encore besoin d’aimer le monde dans son entier ? (Maharaj dit que nous sommes le monde).

Celui qui n’était pas connu est venu à être connu. La racine de la dualité est que vous ressentez votre propre être. Êtes-vous libre de votre désir de vivre ? C’est cela le véritable emprisonnement. L’expérience d’être n’est pas vraie.

Vous prononcez les mots, vous les écoutez et vous leur donnez un sens. La parole et sa signification pourraient être appelées le jiva. Celui qui en a la connaissance pourrait être appelé Shiva. Jiva et Shiva sont les noms d’une seule et même entité. En tant que Shiva, elle est pure connaissance. Prana est l’énergie. Quand cette force quitte le corps, Shiva ne se lamente pas.

Shiva et jiva sont des noms. Shiva et jiva sont dus à Shiva seul. La véritable nature est antérieure aux noms. Shiva n’a pas d’autre identité que votre conscience pure. Il n’a aucun sens de « Je suis ». Entretenir des relations est la preuve de se trouver dans l’état de jiva. Shiva est antérieur à la compréhension. Avant la connaissance, on dit : « Je suis le corps. » Après, vous direz que les millions de corps qui existent sont tous les vôtres. Celui qui écoute est sans limite. Reconnaissez-le. Il n’est pas nécessaire d’essayer de l’être et de le libérer.

 

Nisargadatta Maharaj

Dimanche 3 juin 1979

Extrait de ” Méditations avec Sri Nisargadatta Maharaj” aux éditions Aluna

Nirupana 111 – Ne vous prenez pas pour quelqu’un de spécial

Krishna dit : « Je réside dans le cœur de tous les êtres. Mais je me manifeste plus spécialement dans le cœur de l’être humain. J’y suis directement présent. Bhagavan signifie le Lumineux, et la conscience, qui est lumineuse aussi, est Ma manifestation. L’amour, qui est venu sans être demandé, est aussi Ma manifestation. Celui qui le réalise devient identique à Moi. Je suis l’existence présente en tout être vivant. Ma manifestation signifie Ma véritable nature. Une particule d’or ou un monceau d’or sont tous deux de l’or. Ma manifestation particulière est la conscience dans l‘être humain. Celui qui le réalise devient identique à Moi. Alors il réalisera, au travers de sa propre conscience, ce qu’est le monde changeant et le monde immuable. Je suis antérieur à l’intellect, c’est pourquoi qui me cherchent intellectuellement ne peuvent me trouver. »

Ce qui est antérieur à la mémoire ne peut être remémoré. Nirguna est antérieur à la conscience. Ce qui agit est le mental. Quand les sages parlent, il s’agit de la connaissance de leur mental. La conscience ne peut être montrée, mais elle agit à travers le mental. Le corps est la nourriture de l’être en tant que conscience.

Tout comme la chaleur se trouve dans l’eau chaude, l’Atman demeure dans le corps. Quand l’eau se refroidit, cela signifie-t-il que la chaleur est morte ? Est-ce qu’elle s’est éteinte ? Quand le prana se retire, ses caractéristiques disparaissent. C’est lui qui se trouve derrière la perception de soi. C’est par l’évocation de vos relations que vous avez oublié votre véritable nature.

L’Un sans second devient conscient de Son existence et cela donne naissance à un très grand nombre de corps. Lequel de ces corps devrait- Il accepter plus particulièrement comme le sien ? Est-ce qu’un seul corps peut être à Son image. Les gens accordent une grande importance à la réalisation du Soi, mais Paramatman est au-delà. Celui qui tire une fierté de sa réalisation n’est pas encore mature. Rien ne peut être fait, observez juste. Les actions apportent des tourments parce que la responsabilité en est endossée. Dieu nous nourrit tous, mais pas au moyen de l’intellect. Regardez seulement. Ses cinq organes : la terre, l’eau, l’air, le feu, et l’espace n’ont nullement besoin d’intellect. Le sixième est la conscience. Il n’a pas non plus besoin d’intellect. Le jnani peut sembler être l’acteur, mais cela n’affecte pas sa félicité.

Ne faites rien. Comprenez ce que vous avez entendu et lâchez-le aussi. Ne vous prenez pas pour quelqu’un de spécial. Si vous réalisez votre conscience, vous ne serez plus affecté par les pensées. Alors le corps pourra se comporter comme il lui plaît.

Il n‘y a rien d’autre que Dieu. Aussi, qui peut-il obliger ? N’expérimente-t-il pas que Lui-même ? Quand vous atteignez le point avant la conscience, vous devenez tout. Souvenez-vous de ce simple fait. La conscience est le voleur. Dieu est pareil. Il est aussi bien le mendiant que celui qui donne. Il est venu sans être demandé. Quand Dieu vous inonde de sa grâce, est-ce pour Lui ou pour vous ? Si vous n’êtes pas, est-ce que Dieu est ? Les explications et les méthodes ne permettront jamais d’atteindre Parabrahman.

 

Nisargadatta Maharaj

Jeudi 31 mai 1979

Extrait de “Méditations avec sri Nisargadatta Maharaj” aux éditions Aluna